Ceux qui ont aimé et qui aiment encore les propos alarmistes de Mère Agnès-Mariam de la Croix ou de Mgr Jean-Clément Jeanbart, commencent certainement à adorer ceux de Mgr Elias Sleiman, intronisé évêque maronite de Lattaquié, sur la côte syrienne, au début de l’année 2012. Pour lui, comme pour eux, les civils chrétiens sont de simples victimes d’un conflit auquel ils ne sont pas partie prenante, qui ne les concerne pas et dont ils se tiennent à l’écart. Ils sont l’objet de la haine des « terroristes ». Ils constituent l’objectif d’enlèvements crapuleux. Ils sont pris pour cible par des groupes armés caractérisés par une idéologie fondamentaliste. Ils sont donc en grand danger. Et leur survie comme leur existence sont menacées dans le pays qui a vu naître leur religion.
On retrouve dans ces propos la rhétorique de la victimisation chère au régime de Bachar Al Assad. Totalement innocent et exempt de reproche, n’ayant jamais joué la provocation et n’étant jamais intervenu dans les affaires de ses voisins, le chef de l’Etat syrien n’avait pas attendu le début du soulèvement contre lui d’une partie de sa population pour se dire « victime » d’un complot universel. Y participaient tous les ennemis de son pays et de la famille Al Assad, dans la région et au-delà. L’hostilité que les uns et les autres lui vouaient était motivée – c’est du moins le refrain qu’il a une fois encore entonné le 6 janvier 2013, lors de sa prestation en solo à l’Opéra de Damas – par l’engagement de son pays dans la défense des grandes causes nationales arabes. Les Israéliens ont apporté le même jour un démenti à cette prétention. Ils ont annoncé qu’ils allaient installer sur leur frontière les protections dont ils s’étaient dispensés durant plus de 35 ans, soit aussi longtemps que l’armée des Al Assad père et fils, désormais retirée pour être redéployée ailleurs, en avait exercé à leur profit la surveillance…
Pour les médias occidentaux sensibles à la posture de victime utilisée par le régime syrien pour justifier son recours à une violence extrême depuis 22 mois, il est également de bon ton de présenter les communautés chrétiennes de Syrie comme les principales « victimes de la révolution ». Ils affirment volontiers que, globalement « restés à l’écart de la révolte populaire », les chrétiens ont été contraints par les révolutionnaires à « prendre position en faveur du régime ». Il a échappé à la plupart de ces médias une déclaration du nouveau patriarche de l’Eglise grecque orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, qui montre que tous les responsables religieux chrétiens ne partagent pas cette manière de voir. Lors de sa première conférence de presse après sa nomination, samedi 22 décembre 2012, Mgr Youhanna Yaziji a en effet affirmé, en parlant des chrétiens, que « ce qui nous arrive arrive également aux autres. Nous sommes dans la même situation que n’importe qui, musulmans et chrétiens, les uns aux côtés des autres, à affronter les difficultés ».
Il n’est pas faux que, à leur corps défendant, les chrétiens se sont trouvés impliqués dans le conflit de multiples manières et qu’ils ont été pris en tenaille entre les pro-régimes et les anti-régimes. Mais ils sont loin d’être seuls dans ce cas. Cette présentation simpliste et dramatisée, dans laquelle l’Agenzia Fides, organe de presse officiel du Vatican, joue un rôle des plus néfastes à la limite de la désinformation, ne fait pas droit à la complexité de la situation. Focalisée sur les chrétiens, dont les vicissitudes réelles ou imaginaires sont montées en épingle, elle ignore que des Syriens sunnites, en nombre infiniment plus grand que les Syriens chrétiens, sont victimes de l’engrenage de la violence. Cet engrenage a été mis en branle en toute connaissance de cause par Bachar Al Assad, dont la permanence au pouvoir exige le maintien de l’ensemble des minorités dans leur statut de dhimmis politiques [les dhimmis politiques sont les individus ou les populations dont le régime prétend être le seul à pouvoir garantir la « protection ». Après les avoir enfermés dans une situation de mineurs irresponsables assistés, il les a spoliés de leurs droits, monopolisés par lui-même, sa famille, son clan et les clients de toutes ethnies, communautés et confessions, ayant pris son parti contre leurs concitoyens]. Cette présentation exonère enfin à bon compte les chrétiens de Syrie de la part de responsabilité qu’ils portent dans la dégradation de la situation actuelle, puisqu’un grand nombre d’entre eux n’ont opposé au régime ni refus, ni résistance.
Les chrétiens, seules victimes ?
Des chrétiens ont participé et continuent de participer de diverses manières à la révolution. Présents dès les premiers jours dans les manifestations, ils ont contribué à l’organisation de la protestation. Ils ont coopéré à la diffusion des images et des informations. Ils ont collaboré aux efforts d’entraide et de soutien aux familles de victimes. Mais ils ont été peu nombreux, lorsqu’il est devenu urgent de protéger les manifestants et les populations, à gagner les rangs de l’Armée Syrienne Libre. Le contraire eut été étonnant : comme les druzes et les ismaéliens, comme les kurdes aussi, volontairement ménagés par un pouvoir ayant choisi de recourir à la force contre la seule communauté sunnite majoritaire, les déserteurs chrétiens n’ont pas jugé utile de prendre les armes. Par principe pour les uns. Mais aussi parce que les quartiers et les villages dont ils étaient originaires, n’étant attaqués ni par les révolutionnaires, ni par les forces de sécurité, ils n’avaient pas besoin d’être protégés.
Dès cette époque, des voix se sont malgré tout fait entendre pour déclarer que les chrétiens étaient pris pour cible. Ils étaient en butte aux agissements des mêmes « terroristes islamistes » que le régime voyait partout, sans être capable, avant plusieurs mois, d’en présenter une seule preuve convaincante. L’aveu tardif, par Bachar Al Assad en personne, que la révolution était restée pacifique durant ses six premiers mois d’existence, n’a pas conduit ceux qui tenaient ces propos à modifier leur langage. Or, qu’elles émanent de la bouche de religieux, de nonnes ou de prélats, de telles déclarations étaient excessives, quand elles n’étaient pas tout simplement mensongères.
– Des chrétiens ont été poursuivis, arrêtés et parfois exécutés par des révolutionnaires. C’est exact. Mais ils ne l’ont pas été « parce qu’ils étaient chrétiens ». Ils l’ont été parce que, comme d’autres appartenant à toutes les communautés, ils collaboraient avec le régime et espionnaient les activistes au profit des moukhabarat. Certains d’entre eux avaient contribué, avant d’être supprimés, à l’emprisonnement et à la mort sous la torture de dizaines de militants, qui étaient souvent aussi leurs voisins. La plupart avaient été avertis par des coreligionnaires des risques qu’ils prenaient à poursuivre ce genre d’activité.
– Des chrétiens ont été tués par la suite, lors d’affrontements entre l’armée du régime et l’Armée Syrienne Libre. C’est aussi exact. Mais, militaires, agents des services de sécurité, chabbiha ou membres des « Comités populaires » – des milices mises en place à l’instigation du régime pour assurer la protection de quartiers avant même qu’ils soient menacés -, ces chrétiens n’étaient pas neutres. Ils se battaient contre les révolutionnaires. Ils n’ont pas fait l’objet d’une discrimination, mais ont connu le même sort que nombre de leurs camarades.
– Des édifices religieux chrétiens ont été frappés et détruits par des obus. C’est tout à fait exact. Mais il n’est pas toujours possible, comme l’a illustré un récent reportage destiné à commémorer la mort du grand reporter Gilles Jacquier à Homs le 11 janvier 2012, d’établir avec certitude d’où proviennentent les projectiles et s’ils ont été tirés en toute connaissance de cause par les forces du régime ou celles de la contestation. Dans la majorité des cas, ces bâtiments n’ont pas été visés parce qu’il s’agissait d’églises, de chapelles ou de monastères. Mais ils se trouvaient, comme un nombre beaucoup plus important de mosquées, à proximité de zones de combat ou de positions tenues par la partie adverse. Certains d’entre eux, écoles ou couvents, avaient été transformés par les forces du régime en refuges ou en casernes.
– Des villages ou des quartiers chrétiens ont été prévenus qu’ils allaient être attaqués par des unités rebelles. C’est encore exact. Mais ces mises en garde, qui n’ont d’ailleurs pas toujours été mises à exécution, n’avaient rien à voir avec la confession des habitants des lieux. Elles ont été formulées de la même manière, mais sans provoquer un semblable émoi, contre l’ensemble des villages et quartiers depuis lesquels l’armée du régime procédait au bombardement des positions tenues par les opposants. On ajoutera, mais on reviendra ultérieurement sur ce point, que, en s’imposant dans des agglomérations ou des localités peuplées de « minoritaires » chrétiens, druzes ou alaouites, qui ne sont pas particulièrement menacées, et en tirant depuis là sur les agglomérations hébergeant des « rebelles », les forces du régime savent pertinemment ce qu’elles font…
– Des populations chrétiennes ont été contraintes d’abandonner leurs maisons et de chercher refuge ailleurs. C’est parfaitement exact. Et cette situation est tout à fait dramatique. Mais, avec 130 000 déplacés sur un total de 3 200 000, les chrétiens, encore une fois, sont loin d’être les plus affectés. Quoi qu’il en soit, leur départ forcé n’est pas lié à leur appartenance religieuse mais à l’évolution des combats sur le terrain.
– Des maisons abandonnées par leurs habitants chrétiens ont été pillées ou occupées par d’autres. C’est encore une fois exact. Mais encore une fois aussi, leur malheur ne peut être dissocié de celui des autres Syriens. L’explication de ces comportements n’est pas à rechercher d’abord dans une haine confessionnelle à leur endroit. Les déplacements de population en temps de conflit, surtout lorsqu’ils coincident comme c’est le cas aujourd’hui en Syrie avec des conditions climatiques difficiles et sont accompagnés de pénuries, aboutissent toujours à ce genre de situation. Quant aux pillages des biens, nul n’a jamais entendu parler de souq al masihiyyin, dans lesquels seraient revendus les effets provenant des demeures chrétiennes. En revanche, dans plusieurs villes, on a connaissance de souq al sunna, où sont écoulés les meubles, appareils électroménagers et vêtements récupérés dans les maisons sunnites.
Dans leur grande majorité, ce sont des clercs et des religieuses qui se consacrent à la diffusion de ce genre d’informations. Ils profitent du respect qui entoure a priori les hommes et les femmes de religion, et ils exploitent la crédibilité généralement accordée à leurs propos. Ils jouent tantôt sur le lien établi entre le terme de « rebelles » et celui de « bandits », tantôt sur le caractère abominable de certains agissements, pour apporter leur caution à un régime dont ils cherchent à démontrer qu’il constitue tout compte fait un moindre mal. Mais ils sont souvent contredits par des laïcs qui, même inquiets pour l’avenir de leurs communautés, considèrent que les chrétiens syriens sont avant tout des Syriens chrétiens.
Les chrétiens, seulement des victimes ?
Dès les premières semaines de la révolution, des chrétiens jeunes et moins jeunes, parmi lesquels des ecclésiastiques, ont interpellé les responsables de leurs Eglises. Ils leur ont adressé des courriers ou sont allés leur rendre visite pour attirer leur attention sur l’équilibre qu’ils devaient conserver face aux évènements en cours. Le soulèvement ne concernait pas une catégorie, une communauté, une religion, mais l’ensemble des Syriens. Toutes origines et appartenance confondues, ils aspiraient à la dignité, à la responsabilité et au changement. Sur le respect de l’homme, sur la liberté, sur la fraternité dans la diversité, sur le respect de la vie et des biens…, les Eglises avaient quelque chose à dire et elles devaient parler. Mais elles devaient le faire en rappelant les principes évangéliques, en promouvant le dialogue, en le facilitant à l’occasion, sans cautionner des agissements qui ne pouvaient pas l’être. Leurs appels au calme et à la préservation des biens publics ne pouvaient pas apparaître comme une condamnation des légitimes aspirations des Syriens à la libération. Ils ne devaient surtout pas être compris comme la justification d’un ordre étatique dont ils étaient bien placés pour savoir l’injustice.
Tous les prélats ont entendu ce message. Mais, sollicités par un pouvoir auquel certains d’entre eux devaient beaucoup, ils ont préféré la prudence à l’audace. Ils se sont positionnés du côté de la force plutôt que du côté du droit. Ils ont accepté de défiler en tête des masîrât, les marches organisées en soutien au pouvoir en place, et ils ont refusé de s’afficher au côté des révolutionnaires. Ils ne l’ont pas tous fait de gaieté de cœur. Mais ils s’y sont généralement résignés par peur des moukhabarat et des conséquences. Ils étaient conscients de ce qu’ils avaient à perdre, pour eux davantage que pour les communautés dont ils avaient la charge, s’ils refusaient de courber la nuque.
A l’inverse, des membres du clergé, des religieux et des religieuses appartenant à toutes les Eglises, se sont rangés partout où ils l’ont pu du côté de la contestation dont ils partageaient les objectifs. On en a vus défiler dans les mouzâharât, les manifestations populaires, au côté des contestataires. On en a vus participer aux cérémonies de condoléances des victimes. On en a vus secourir, héberger et soigner les blessés, pourchassés jusque dans les hôpitaux par les forces de l’ordre. On en a vus organiser avec des fidèles de leurs paroisses l’accueil et l’approvisionnement des déplacés, frères en humanité et en citoyenneté s’ils ne l’étaient pas en religion. On en a entendus apostropher leurs hiérarchies et les alerter : elles mettaient en dangers l’ensemble des chrétiens lorsqu’elles prenaient ouvertement position en faveur du régime, lorsqu’elles restaient muettes face à la répression, aux arrestations et aux massacres de masse, lorsqu’elles renonçaient à réclamer la libération de leurs ouailles emprisonnées… et des autres, et lorsqu’elles condamnaient le « confessionnalisme » des révolutionnaires en ignorant les pratiques « sectaires » des forces de sécurité. Certains ont payé de leur vie leur refus de se laisser dicter leur conduite par tout autre que leur propre conscience et par leur compréhension du message de liberté et de fraternité de l’Evangile.
Durant des mois, des intellectuels et des militants politiques, membres des différentes Eglises, sont intervenus pour dire aux chefs de leurs communautés qu’ils se fourvoyaient en reprenant les thèses du régime, en laissant croire par leur silence qu’ils les approuvaient, et en n’établissant pas entre eux et lui un vide sanitaire. Tout en prenant leurs distances avec le recours aux armes, lorsqu’une partie des révolutionnaires n’y ont plus vu d’échappatoire, ces laïcs ont mis en garde prêtres, évêques et patriarches contre les manœuvres des services de renseignements. En organisant des attentats dans les quartiers chrétiens et en colportant des rumeurs aussi terrifiantes qu’invérifiables, ceux-ci tentaient d’armer les jeunes de leurs communautés, dans l’espoir de les compromettre dans la violence et de lier irrémédiablement leur sort à celui du pouvoir. Ils les incitaient donc à se comporter moins en « princes de l’Eglise » qu’en « véritables bergers qui donnent leur vie pour leurs brebis ».
Il est aisé, pour qui le souhaite, de lire les témoignages et points de vue de simples prêtres, d’intellectuels, d’artistes, d’activistes, de chercheurs et de militants politiques. On trouvera ici quelques-unes des prises de position du jeune jésuite Nibras Chehayed et de son aîné, le père Paolo Dall’oglio du monastère de Mar Moussa, de l’avocate Hind Abboud Kabawat et de Marie Mamarbachi Seurat, de l’ingénieur Ayman Abdel-Nour qui anime le site d’information en ligne All4Syria et de la chanteuse Lina Chamamyan, de l’intellectuel Michel Kilo et du président en exercice du Conseil National Syrien Georges Sabra… Auxquelles on ajoutera, compte-tenu de son autorité, le témoignage du nonce apostolique en Syrie.
En haut lieu, leurs mises en garde ont longtemps été ignorées. Mais, récemment, constatant que la révolution gagnait du terrain et qu’elle bénéficiait, à défaut d’un soutien matériel, militaire et financier concret, du moins de l’appui politique d’un nombre croissant d’Etats « Amis du Peuple syrien », les hauts responsables des Eglises syriennes ont modifié leur discours. Ils ont tenté de convaincre les opinions publiques qu’en réalité ils étaient restés neutres depuis le mois de mars 2011, et qu’ils n’avaient eu que deux préoccupations en tête : la sécurité de leurs fidèles et la préservation de l’unité de la Syrie multiethnique et multiconfessionnelle.
Il y a quelques jours, le site All4Syria indiquait que des Eglises avaient commencé à faire chez elles le ménage. Elles avaient pris des sanctions à l’encontre de certains membres de leur clergé, dont les agissements suscitaient depuis de nombreux mois l’irritation de fidèles. Il écrivait :
L’Eglise maronite de Syrie a chassé dernièrement le père Toni Dora. Elle lui reprochait « un comportement de chabbiha et des agissements personnels ne représentant en aucune manière le rôle de l’Eglise maronite et des chrétiens en général »… Réduit à l’état laïc, le prêtre ne fait plus partie du clergé… Portant toujours sur lui une arme individuelle, il fréquentait assidument les responsables du régime et les chefs des services de renseignements.
Plusieurs autres membres du clergé, qui apparaissaient régulièrement sur les écrans des médias officiels ont également été sentencés et priés de mettre un terme à leurs interventions. Elles ne reflétaient pas les positions des chrétiens pacifiques, qui aspirent à une société civile et à une alternance au pouvoir entre tous les enfants de la patrie. Ils ne peuvent tolérer un régime qui bombarde des villes et des quartiers d’habitation avec les avions qu’il aurait dû utiliser contre « l’ennemi ».
De son côté, l’Eglise Syriaque Orthodoxe a averti le père Gabriel Dawoud. Des documents en provenance des services de sécurité avaient révélé qu’il travaillait comme informateur rémunéré au profit d’une branche damascène des Renseignements Généraux.
L’Eglise Grecque Orthodoxe a pour sa part adressé une mise en garde à l’Archimandrite Louqa Ah Khoury. Elle l’a enjoint de mettre un terme à ses propos et à ses agissements qui portaient préjudice à son Eglise et qui l’assimilaient lui-même à un vulgaire chabbiha.
Parmi les membres du clergé chrétien dont les agissements nuisent à leur Eglise, ne reste donc sur la place publique que le seul père Elias Zahlawi. Mais sa situation paraît désespérée. Du fait de son grand âge, d’une part, et, d’autre part, en raison de son incapacité à entendre les recommandations de ses paroissiens. Ceux qui fréquentent son église sont depuis longtemps affectés et mis en danger par ses faits et gestes, par ses propos et par ses écrits.
Il y a plusieurs mois, le mouvement « Syriens Chrétiens pour la Démocratie » avait prévenu les membres du clergé du danger qu’il y avait pour eux et pour leurs ouailles à accepter les armes distribuées par les moukhabarat pour être réparties entre leurs jeunes fidèles. Il a également contribué à empêcher Mgr Louqa Al Khoury d’être admis sur le territoire des Etats-Unis. Les autorités syriennes l’avaient dépêché Outre-Atlantique pour contribuer, en diffusant la propagande officielle au sein de milieux chrétiens, à dissuader les responsables américains d’apporter leur soutien au mouvement de contestation. Quant à Toni Dora, enfin renvoyé à la vie civile, il avait été dénoncé par All4Syria, pour les incitations à s’armer qu’il adressait aux jeunes chrétiens. Le 2 août 2012, le site avait rapporté que, selon des renseignements transmis par un officier de la Sécurité Politique en relation avec les révolutionnaires, le prêtre collaborait activement à la distribution d’armes en provenance des moukhabarat dans les quartiers chrétiens de la capitale. Il avait même entrepris d’assurer une « préparation psychologique » aux jeunes âgés de plus de 18 ans…
Comme tous les Syriens, les chrétiens sont victimes de la violence qui secoue aujourd’hui leur pays. Mais ils n’en sont pas les seules victimes. Et, du fait des positions prises par nombre de hauts responsables de leurs communautés, ils n’en sont pas non plus uniquement les victimes…
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