Le leader du « Courant Islamique Démocratique », M. Gassan Najjar, a été arrêté ce matin,du vendredi 4 février, à Alep. M. Najjar, ancien secrétaire général du syndicat des ingénieurs, avait déjà passé douze ans en prison suite à l’interdiction des syndicats indépendants en Syrie dans les années 80.
Voici deux articles, traduits de l’arabe, qui expliquent le contexte:
Le régime syrien terrorisé par les manifestations du 5 février, qui sont au centre de toutes les conversations dans les rues d’Alep et que l’on prépare activement à Damas et Homs
(Sooryoon.net, 31.01.11)
Tout le monde à Alep, dans les maisons comme sur les lieux de travail, ne parle plus que de la grande manifestation « contre le régime syrien », attendue, le samedi 5 février prochain, sur la place Saadallah Al Jabiri. L’activiste politique alépin bien connu, Ghassan AL NAJJAR, a appelé ses concitoyens à sortir de chez eux, au jour et à l’heure dite, pour se rassembler sur cette place du centre de la ville et réclamer les droits dont le peuple syrien devait pouvoir disposer.
Dans le communiqué qu’il a diffusé en son nom propre, il affirme aux Syriens qu’ils n’ont « rien à envier aux héros de la Tunisie et de l’Egypte ». Il les appelle à « coordonner leurs rangs, mettre en place des chefs, contacter les moyens d’information, prévoir des plans alternatifs, préparer des slogans strictement patriotiques, dans le cadre de l’ordre publique et de la loi ». Il rappelle aux jeunes que, jadis, les Syriens ont été « capables de renverser le gouvernement de MARDAM BEY et AL CHARABATI, qui avait trahi la cause palestinienne, de faire obstacle au Pacte de Bagdad, et de faire chuter le pouvoir militaire d’Adib AL CHICHAKLI ». Il leur rappelle aussi que leurs pères ont payé dans les prisons, où ils ont parfois passé des dizaines d’années, un lourd tribu à leur révolte contre le régime en place parce qu’ils voulaient mener une vie digne et libre. C’est aujourd’hui à eux de reprendre le flambeau, de se montrer dignes des espoirs que la nation a placés en eux. Dans toutes les villes et dans tous les villages, ils devaient sortir de chez eux, le 5 février. Ce devait être dans toute la Syrie un « jour terrible de colère ».
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– Ghassan AL NAJJAR adresse un nouvel appel à une manifestation pacifique à Alep
(Sooryoon.net, 01.02.11)
Le leader du « Courant Islamique Démocratique », Ghassan AL NAJJAR, a renouvelé son appel à une manifestation pacifique, le samedi 5 février, sur la place Saadallah Al Jabiri, à Alep, réclamant des forces de sécurité et du gouvernement qu’ils cessent de poursuivre ceux qui aspirent à la liberté.
Dans ce nouveau communiqué, il remercié les auteurs des centaines de messages qui lui ont été adressés de diverses manières, suite à son premier appel, pour s’inquiéter de son sort. Il affirme qu’il n’est qu’un individu au sein de la Patrie et qu’il ne compte pour rien par rapport au peuple qui a le droit de vivre libre et dans la dignité. Il ne se soucie ni d’être emprisonné, ni de mourir. Dieu seul ne meurt pas. Quant au peuple il survivra et un jour ou l’autre, inévitablement, il l’emportera.
S’adressant ensuite aux Services de Sécurité, il leur enjoint de cesser de poursuivre l’ensemble des Syriens aspirant à plus de liberté. S’ils veulent l’arrêter lui-même, ils n’ont qu’à se présenter avec un document émanant du procureur général et il se présentera devant eux.
Il demande ensuite au président Bachar AL ASSAD, qui a déclaré avoir « l’intention de procéder à des réformes », d’indiquer clairement ce qu’il va faire. S’il s’agit de réformes sérieuses, concernant les libertés et l’état de droit, il sera le premier à se ranger au côté du chef de l’Etat. Il le promet, et ses promesses ne ressemblent en rien à celles de Bachar AL ASSAD qui s’était engagé, il y a 5 ans, à promulguer une « loi sur les partis politiques »…
Il termine son communiqué en demandant aux responsables concernés d’autoriser le peuple et la jeunesse à exprimer leur point de vue en toute liberté. Il se porte personnellement garant qu’aucune atteinte ne sera faite à la sécurité. La liberté d’expression et de manifestation sont garanties par la Constitution. Le peuple syriens n’est ni moins civilisé, ni moins conscient que les autres peuples développés.