Pierre Akel, directeur du site «Shaffaf» («Transparence»), média arabe libéral, rappelle que les Etats-Unis ont largement soutenu les mouvements révolutionnaires du Printemps arabe en 2011 et s’indigne de l’attaque récente contre l’ambassade américaine à Benghazi
*
Sans l’intervention occidentale, les forces de Kadhafi, bien équipées, bien entraînées, auraient écrasé l’Intifada de Benghazi et noyé la ville dans le sang. Exactement comme le fait aujourd’hui Bachar el-Assad à Alep, et comme l’avait fait son père, Hafez el-Assad, à Hama en 1982. Sans les pressions, notamment américaines, l’ancien président égyptien Hosni Moubarak aurait sans doute résisté beaucoup plus longtemps avant d’abdiquer, tout comme Zine el-Abidine Ben Ali en Tunisie et Ali Abdallah Saleh au Yémen.
Les révolutionnaires syriens savent que, sans l’intervention occidentale, le prix à payer pour le peuple syrien risque de se compter en dizaines de milliers de morts supplémentaires avant que le régime fasciste de Damas soit renversé. Ils savent intuitivement que le premier bénéficiaire du crime de Benghazi [l’attentat contre le consulat américain] est Bachar el-Assad. Celui-ci n’affirme-t-il pas que «la seule alternative» à son régime est le «fondamentalisme musulman» et «Al-Qaida»?
Solidaires du peuple américain
Nous condamnons cet effroyable crime sans aucune réserve, sans aucune hésitation. En tant qu’humains, en tant qu’Arabes, nous présentons nos condoléances aux familles des quatre diplomates américains et au grand peuple américain qui a accueilli et continue d’accueillir des musulmans et Arabes par millions, en tant que citoyens ou étudiants, leur offrant des chances qu’ils n’auraient trouvées dans aucun pays arabe ou musulman.
Nous sommes solidaires, sans réserve, du peuple américain qui a subi, ce 11 septembre 2012, une nouvelle attaque, après le crime contre l’humanité d’Oussama ben Laden en 2001. Le film «qui porte atteinte à l’islam» [L’Innocence des musulmans] ne mérite pas qu’on s’y arrête. Qu’il existe ou pas, les ennemis de la liberté, du progrès et de la tolérance trouvent toujours de quoi justifier leurs crimes. Et, bien avant ce 11 septembre, Al-Qaida avait diffusé une célèbre vidéo montrant ses membres lors d’un entraînement pour prendre d’assaut des maisons et pour mitrailler «des croix et autres symboles chrétiens». Et pourtant, il n’y a pas eu de «groupes chrétiens» attaquant les ambassades saoudiennes, qataries ou libyennes pour protester contre «l’atteinte portée au christianisme». Ni de diplomates musulmans ou arabes assassinés.
Les révolutionnaires arabes doivent aujourd’hui choisir entre le printemps des libertés, des droits de l’homme, de la démocratie et du progrès d’un côté, et un régime taliban de l’autre. Il faut espérer qu’ils feront le bon choix.
En Anglais: We Condemn and Mourn but Keep our Faith in the Arab Spring