L’installation durable des musulmans dans les sociétés européennes suscite régulièrement des débats sur la « compatibilité » de l’islam avec les démocraties occidentales. Ces derniers mois, elle a aussi nourri un discours, porté par les extrêmes-droites européennes, prompt à dénoncer « l’islamisation » des pays européens. Un sondage IFOP, réalisé en décembre 2010 en France et en Allemagne, et révélé en exclusivité par Le Monde, illustre la crispation des opinions publiques française et allemande sur les différences culturelles et religieuses liées à l’islam et leurs inquiétudes croissantes face à la possible intégration des populations musulmanes à leur société respective.
Ainsi, 42 % des Français et 40 % des Allemands considèrent la présence d’une communauté musulmane comme « une menace » pour l’identité de leur pays tandis que 68 % des premiers et 75 % des seconds estiment que les musulmans ne sont « pas bien intégrés dans la société ». Les raisons avancées pour expliquer cet échec débordent les explications socio-économiques généralement admises et mettent en avant un fossé grandissant sur les valeurs.
Interrogés sur le port du voile islamique dans la rue ou la construction de mosquées, les sondés se montrent plus inquiets que par le passé. Cette perception traverse l’ensemble des générations et des courants politiques, même si en France on note un clivage sur certains points entre les plus jeunes et les plus âgés et entre les électeurs de droite et de gauche.
Stéphanie Le Bars