Gouvernement : retour à la case départ

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L’ÉCLAIRAGE

Le processus de formation du gouvernement a été complètement remis à plat, six mois après le début des tractations. Tous les efforts déployés jusqu’ici pour rapprocher les points de vue et trouver des dénominateurs communs entre les divers protagonistes ont été vains. Comme le souligne un ancien ministre, l’absence jusqu’ici d’un accord au niveau régional et de détente dans les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite n’est pas de nature à faciliter les choses.

Mais un autre homme politique déplore cet état de fait. « Même si le gouvernement veut nommer un agent de la circulation, il a besoin pour cela d’une conférence internationale et d’un consensus régional », dit-il.

On a pu penser que la « trêve des confiseurs », pendant le congé de l’Adha, serait utilisée à bon escient à l’occasion des échanges de vœux entre les parties. Mais ces contacts n’ont semble-t-il rien donné. Ainsi en est-il, par exemple, de l’appel téléphonique du président de la Chambre, Nabih Berry, au chef du courant du Futur, Saad Hariri, qui se trouve à Paris, pour lui faire part de ses vœux et s’enquérir des résultats de l’intervention chirurgicale que ce dernier a subie dans la capitale française pour qu’on lui ôte les tiges métalliques installées après son grave accident de ski, il y a un an et demi.

Il en est de même de la conversation téléphonique qui a eu lieu pour la même raison entre le chef du PSP, Walid Joumblatt, et M. Hariri, le premier s’étant également rendu à Paris pour des raisons médicales. Selon des sources du Futur, l’entretien entre les deux hommes n’a d’ailleurs même pas porté ni de près ni de loin sur les questions politiques, y compris le dossier gouvernemental.

Pour de nombreux milieux politiques, il n’y aurait un déblocage du processus de formation du cabinet qu’en cas de détente régionale, essentiellement d’un rapprochement entre Téhéran et Riyad.
En attendant cette évolution encore hypothétique à ce stade, il existe une seule autre possibilité, c’est que le président de la République, Michel Sleiman, et le Premier ministre désigné, Tammam Salam, adhèrent à la nouvelle position de M. Joumblatt qui, après avoir initié et longtemps défendu la formule des « trois 8 », ne donnant le tiers de blocage à aucun des camps en présence, a fini dernièrement par se rallier à celle des « 9/9/6 », dans laquelle et le 8 Mars et le 14 Mars (y compris Tammam Salam) obtiendraient le tiers de blocage.

La question qui se pose à cet égard est de savoir si le Premier ministre désigné serait disposé à se lancer dans une telle aventure sans le soutien du 14 Mars. Rien n’est moins sûr, en effet.

Certains observateurs tentent toutefois de suggérer que la formule des « 9/9/6 » est actuellement la plus réaliste et qu’elle contient des éléments de satisfaction pour les deux camps. Ainsi, ils font valoir qu’en échange de son acceptation de l’octroi du tiers de blocage au 8 Mars, le 14 Mars obtiendrait la reconnaissance de l’alternance dans les ministères, autrement dit d’une répartition différente des portefeuilles entre les divers acteurs politiques.
Mais une telle reconnaissance est loin d’être obtenue jusqu’ici, dans la mesure où l’on sait, par exemple, que le bloc du Changement et de la Réforme n’est nullement disposé à se défaire du ministère de l’Énergie et qu’il compte batailler dur pour le conserver.

D’autre part, il restera naturellement à régler le problème fondamental de la teneur de la déclaration ministérielle, autrement dit du programme du gouvernement. Là aussi, aucun accord n’est en vue, même si, dans les milieux qui tentent une conciliation, on veut partir du principe qu’il est possible de concilier entre la déclaration de Baabda, qui devrait être au cœur du programme gouvernemental, et la formule « armée-peuple-résistance » chère au Hezbollah.

L’Orient Le jour

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