Le mercredi 27/08/2014 s’est tenu à Bkerké une importante réunion de patriarches orientaux, en présence des ambassadeurs des cinq États membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, de SE le nonce apostolique et du représentant du secrétaire général de l’Onu. En espérant qu’une telle réunion ne nous ramène pas à l’époque pénible de la Question d’Orient, quand les différentes juridictions confessionnelles servaient de carburant aux intérêts stratégiques des autres et où chacune d’elles avait statut de nation, ou millet, ayant à sa tête un chef de nation ou ethnarque en la personne du plus haut chef religieux.
Vos Éminences,
Vos Seigneuries,
Vos Révérences,
Vos Excellences,
Pourquoi établir une hiérarchie de valeur entre une victime et une autre ? Pourquoi discriminer un assassin génocidaire d’un autre criminel tout aussi génocidaire ?
Voilà plus de trois ans que des centaines de milliers de civils innocents de Syrie et du Levant, dont femmes et enfants, sont jetés sur les routes de l’exil à cause des violences atroces que leur font subir un régime tyrannique et ses rivaux des réseaux
nihilistes-jihadistes. Pourquoi n’avez-vous pas émis une simple parole de miséricorde chrétienne et de consolation charitable à leur égard ?
Des milliers d’enfants, aussi innocents que ceux de Bethléem massacrés par Hérode, ont été égorgés, asphyxiés au gaz, écartelés, décapités par une dictature barbare et ses émules mimétiques de la violence politique et religieuse. Qu’ont fait les Églises antiochiennes pour rendre justice aux victimes, à toutes les victimes ?
Éminences, Seigneuries et Révérences,
La tribune du discours chrétien en période de troubles, de guerres et de tribulations est toujours la croix de la victime innocente, de toute victime innocente. Il y a deux mille ans, Jésus de Nazareth n’a effectué aucune distinction entre lui-même et le bandit crucifié à ses côtés, et dont nous ignorons à quelle religion il appartenait. Toute cette humanité cruellement écrasée aujourd’hui sous nos yeux au Levant, toutes ces victimes de la violence sanguinaire ne valent-elles pas autant que le criminel du Golgotha à qui il fut dit : « Ce soir tu seras avec moi au paradis. »
Montez sur la croix de toute victime innocente et criez haut et fort à la face de l’univers que le christianisme refuse de discriminer les hommes persécutés, opprimés, victimes de la moindre injustice ou lésés dans leurs droits. Annoncez au monde qu’aux yeux du christianisme, toute victime au Levant et ailleurs s’appelle en vérité Jésus de Nazareth.
La présence chrétienne au sein d’un milieu qui ne l’est pas a pour finalité de faire en sorte que les autres reconnaissent et disent, en parlant des chrétiens : « Ceux-là sont véritablement les disciples de Jésus de Nazareth. » C’est ce témoignage et c’est cet « autre » qui sont, en principe, la préoccupation perpétuelle de ceux qui se disent chrétiens. La présence chrétienne en Orient n’a pas pour but la protection d’un groupe en danger au même titre que la survie de certaines espèces végétales ou animales devenues rares.
L’État islamique (Daech) a tué des chrétiens, des yazidis et des membres de groupes musulmans. Ce monstre hideux des temps modernes continue à tuer quotidiennement, par centaines, des musulmans pieux mais qui refusent de se soumettre à sa dictature des ténèbres.
Éminences, Seigneuries et Révérences,
Merci d’éviter de vous substituer à nous, laïcs, pour faire de la politique. Nous sommes assez grands pour savoir quels choix opérer en la matière. Merci de laisser à César ce qui lui appartient de plein droit.
L’heure est venue d’oublier les privilèges des millets de l’Empire ottoman où chaque chef religieux était considéré comme le chef de sa nation par le padichah osmanli. Le sultan n’est plus là. Il ne reviendra pas. Vous n’êtes plus des ethnarques mais vous demeurez des prélats de l’Église de Jésus-Christ, héritiers directs de la vénérable Église d’Antioche et gardiens de son témoignage. L’Église en Orient est le phare du Levant et non un enclos pour minorités apeurées. Tout le monde a peur, tout le monde panique au Levant, sans distinction de religion.
Dès lors, merci d’user de votre fonction pour demander à la terre entière de mettre fin à l’État islamique, ce n’est que justice. Que la terre entière se ligue contre l’État islamique et contre ses variantes séculières. Que toutes les nations démantèlent l’État islamique s’il le faut mais au nom de la dignité et des droits de tout homme, sans distinction, et non sous le seul prétexte d’assurer la survie de groupes minoritaires et les privilèges de leurs ethnarques.
acourban@gmail.com
Aux patriarches orientaux
Si seulement ces gens-là consentaient à vendre la quincaillerie qui doit sérieusement plomber têtes et nuques et poitrines!.. Plutôt que de nous servir cycliquement la rance tambouille toujours la même!.. Parole de chrétien maronite!