Tirant profit de plusieurs facteurs – le désintérêt des Américains pour la situation en Syrie, qui ne les concerne que dans la mesure où elle met en cause leur propre sécurité, l’impuissance des Européens, incapables de s’entendre sur un soutien concret à une révolution qu’ils déclarent légitime, la volonté des Etats arabes du Golfe et du Moyen-Orient de se prémunir contre une montée du radicalisme religieux qui menace d’ores et déjà leur propre stabilité… – la Russie a récemment pris une initiative. Elle a annoncé qu’elle réunirait, à Moscou, le 26 janvier 2015, les « opposants syriens ». Une fois ceux-ci tombés d’accord grâce à un « dialogue » tenu sous la houlette d’un haut fonctionnaire russe, elle organiserait un face-à-face entre eux et des représentants du régime de Bachar al-Assad. L’objectif de cet exercice serait de permettre aux Syriens de régler « sans intervention extérieure », par la consultation et la négociation, la crise qui endeuille et détruit leur pays depuis près de 4 ans.
Contredisant aussitôt ce beau principe, les Russes ont laissé filtrer une liste provisoire d’une petite trentaine d' »opposants » qu’ils avaient sélectionnés pour prendre part, s’ils le voulaient, à cette double rencontre. Ils se sont évidemment abstenus de préciser les critères ou les personnes qui avaient inspiré leur choix. Ils ont en revanche indiqué que les « invités », qui pourraient finalement atteindre la quarantaine, le seraient à titre personnel et non en tant que représentants des partis politiques dont ils assumaient la direction ou des associations dans lesquelles ils militaient.
A cette heure, les caractéristiques majeures du projet sont l’obscurité et le flou : pas d’ordre du jour, pas de texte préparatoire, pas de préconditions, pas de mesures de confiance, pas de gestes de bonne volonté, pas de garanties sur la mise en œuvre de ses éventuelles conclusions… Comme s’il se suffisait à lui-même et qu’il était avant tout destiné, non pas à orienter le conflit vers une solution, mais à permettre au pays hôte d’occuper la place désertée par les Nations Unies, les Etats-Unis, l’Union européenne et les Etats de la région, et à démontrer que les difficultés de l’économie russe et l’effondrement du rouble n’affectaient pas les ambitions internationales de Vladimir Poutine.
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Certains se sont malgré tout empressés d’exprimer leur soutien et d’annoncer qu’ils prendraient part à cet exercice.
C’est le cas d’abord du gouvernement syrien. On sait que Damas exècre ce genre de réunions. Elles aboutissent en effet à mettre en question sa légitimité puisqu’elles le contraignent à siéger et à échanger avec des opposants que le pouvoir en place se refuse à considérer comme tels, qu’il assimile volontiers à des « terroristes » et qu’il tient, lorsqu’il les a contraints à chercher refuge hors de leur pays d’origine, pour des « agents de l’étranger ». Il avait été poussé par ses parrains russes à participer à la Conférence de Genève 2, au début de l’année écoulée. Mais, protégé par eux, moyennant le reniement de Moscou cosignataire de l’Accord de Genève 1 qui prévoyait la « création d’une instance exécutive paritaire dotée des pleins pouvoirs exécutifs », il était parvenu à rendre l’exercice totalement stérile.
Cette fois-ci, les conditions s’annoncent meilleures pour lui, puisque la rencontre ne se tiendra pas en terrain neutre mais dans un pays ami, sous le patronage direct d’un membre de l’administration russe, et que, au côté de représentants de la Coalition nationale – qu’il assimile pour la déconsidérer à une « opposition de l’extérieur » -, ses seuls interlocuteurs en Suisse, figureront cette fois-ci des « opposants de l’intérieur ». Or la sécurité de ces derniers, quand ce n’est pas leur intérêt, leur dicte de maintenir leurs revendications en-deçà d’un certain seuil. L’emprisonnement ou la disparition de plusieurs de leurs camarades – Abdel-Aziz al-Khayyer, Louaï Huseïn, Raja al-Naser, Fa’eq al-Mir, Gabriel Mouche Kouriyeh, Saïd Malki… – suffit à leur faire comprendre que, dans ce domaine-là en particulier, ils ne disposent d’aucune marge de parole et à plus forte raison de manœuvre.
En tout état de cause, pour ne pas être engagé malgré lui dans des négociations dont il ne veut pas, le régime ne dépêchera encore une fois, pour parler en son nom, que des lampistes – Walid al-Moallem, Bachar al-Jaafari, Bouthayna Chaaban, Louna al-Chebel… – dont le poids ou la taille sont inversement proportionnels à la réalité de leur importance dans la prise de décision politique en Syrie.
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Participeront également, avec enthousiasme, la majorité des opposants de l’intérieur et de l’extérieur, qui, pour des raisons diverses, avaient été écartés de la rencontre de Genève.
C’est le cas en premier lieu de la Coordination nationale pour le Changement démocratique (CNCD), dont quatre cadres dirigeants ont été conviés :
– Hasan Abdel-Azim, coordonnateur général pour l’intérieur,
– Haytham Manna, son homologue à l’extérieur… pourtant réputé démissionnaire,
– l’économiste Aref Dalileh
– et Mohammed Saleh Mouslim, dont on ne sait s’il n’est pas plutôt invité en tant que président du Parti de l’Union démocratique, aile syrienne du PKK d’Abdollah Ocalan.
En janvier 2014, la CNCD avait exigé sans être entendue d’être invitée sur un pied d’égalité avec la Coalition nationale des Forces de la Révolution et de l’Opposition syrienne (CN). Elle prétendait être seule habilitée à parler au nom de « l’intérieur », alors que ses rivaux de la CN n’auraient eu le droit de s’exprimer qu’au nom de « l’extérieur », où, du fait des circonstances, la majorité de ses membres résidaient effectivement depuis des temps plus ou moins lointains. Mais, pour les Amis de la Syrie, la reconnaissance de la Coalition comme le « représentant légitime » – voire comme le « seul représentant légitime » – de la révolution, n’imposait pas de faire siéger du même côté de la table, face à la délégation du régime, des opposants divisés sur un certain nombre de points fondamentaux.
En tête des désaccords figurait la revendication centrale des révolutionnaires : le départ de Bachar al-Assad et de son entourage à un moment ou un autre du processus politique. Or, quel que soit le fond de sa pensée, la CNCD, « opposition de l’intérieur », ne pouvait se permettre de s’exprimer en termes clairs sur ce sujet en raison de la surveillance constante, des pressions et des menaces des services de renseignements syriens. Considérant implicitement que, à l’inverse des Occidentaux et des Etats arabes du Golfe, la Russie – comme l’Iran… – n’intervient pas dans le conflit en cours et respecte – puisqu’elle le dit… – la volonté des Syriens, la CNCD se rendra à Moscou, où, sans état d’âme, elle a multiplié les visites au cours des années écoulées. Que des centaines de milliers de manifestants, naguère, et les combattants de l’Armée syrienne libre, aujourd’hui, aient constamment dénoncé l’aide apportée par Moscou à la répression et aux massacres de l’armée syrienne contre les populations, ne l’a, semble-t-il, jamais émue…
Bien que favorable sur le principe à « l’élargissement du dialogue à toutes les tendances de l’opposition de l’intérieur ouverte à une solution politique négociée », la CNCD voit d’un mauvais œil la probable présence à ses côtés d’un certain nombre d’individus, hommes et femmes, également « oubliés » lors de la conférence de Genève. Leur opposition au régime, individuelle, vocale, récente, hésitante, ambiguë…, n’a en effet rien à voir avec celle des militants des partis du Rassemblement national démocratique qui forment, à la notable exception du Parti du Peuple démocratique (ex-Parti communiste / Bureau politique de Riyad Turk), l’ossature de la CNCD. Engagés dans le combat politique depuis des décennies, ils ont subi de ce fait, parfois à de multiples reprises, des périodes d’emprisonnement dans les geôles du pouvoir, et les formations auxquelles ils appartiennent ont eu le temps de se structurer dans la clandestinité avant de pouvoir travailler dans la pénombre entre le Printemps de Damas (2000) et l’arrestation des dirigeants de la Déclaration de Damas (2007).
On peut comprendre l’agacement du CNCD. Il est en effet cocasse, pour ne pas dire croquignolesque, de découvrir dans la liste des « opposants » et « opposantes » invités à Moscou des nouveaux venus dont l’audience ne dépasse pas la porte du siège damascène de leur parti, créé à la suggestion et avec le soutien du régime et lié par un contrat non écrit au pouvoir en place. Nul n’ignore en Syrie que, pour obtenir l’autorisation officielle de se réunir, de parler, de publier des communiqués et plus rarement de battre le pavé, les formations créées dans le cadre de la loi sur le multipartisme du 25 juillet 2011 ont accepté de n’être guère mieux loties que, jadis, les comparses du Parti Baath au sein du Front national progressiste (FNP). Imaginé en 1972, ce rassemblement n’était qu’un cache-misère destiné à créer, autour du « parti dirigeant de l’Etat et de la société », une alliance de bénéficiaires et de parvenus dans un simulacre de pluripartisme. Comme eux, les formations créées depuis le début de la révolution ont dû maintenir leurs éventuelles critiques du pouvoir en place en-deçà de certaines limites. Elles ont été contraintes d’apporter leur contribution à la légitimité de Bachar al-Assad en participant ou en soutenant les différents processus électoraux, les législatives du 7 mai 2012, puis et surtout la présidentielle du 3 juin 2014, à laquelle la présence de deux comparses dépourvus de réelles ambitions n’était destinée qu’à donner l’apparence d’une consultation démocratique.
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Parmi les invités à Moscou, on relève à ce jour les « personnalités » suivantes :
– Fateh Jamous, dirigeant historique pur et dur d’un Parti de l’Action communiste aujourd’hui déserté par la majorité de ses anciens militants, et membre du Courant de la Voie du Changement,
– Nawwaf al-Moulhem, secrétaire général du Parti du Peuple en République arabe syrienne, dont l’inspiration baathiste transparaît dans le nom,
– Maïs Kridi, secrétaire du Comité d’Action nationale démocratique, « autorisée » à rentrer en Syrie après avoir flirté avec différentes organisations de l’opposition de l’extérieur et à lancer son propre mouvement,
– Majd Niazi, une actrice recyclée dans l’action politique, secrétaire générale du Parti Sourya al-Watan,
– Souheïr Sarmini, membre dirigeant du Parti de la Jeunesse nationale syrienne,
– Mazen Maghrabiyeh, chef du Troisième Courant pour la Syrie et de l’Alliance des Forces de Changement pacifique,
– Mouna Ghanem, ancienne présidente de la très officielle Commission syrienne des Affaires familiales, aujourd’hui vice-présidente du Courant de la Construction de l’Etat syrien, qui tentera de faire oublier l’absence de son initiateur, Louaï Huseïn, embastillé depuis quelques mois pour avoir pronostiqué un effondrement du régime syrien…
La plupart de ces personnalités sont inconnues du peuple syrien. Quant aux révolutionnaires, ils en considèrent certains comme de simples « agents du régime ». Ils auront le gros avantage, pour les hôtes de la future rencontre de Moscou, de contribuer à faire entendre des voix discordantes lors du « dialogue » préliminaire, et ils tireront inévitablement vers le bas les revendications de la rue dont les véritables opposants chercheront, eux, à se faire les porte-paroles.
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Pour ouvrir la participation à des représentants de la société civile, puisque celle-ci est aujourd’hui à la mode… et qu’elle permettra de contester aux politiques l’exclusivité de la représentation des Syriens, les Russes ont aussi invité quelques activistes ne croupissant pas encore – ou ne croupissant plus – dans les caves des moukhabarat. Parmi eux figurent en particulier
– un ancien syndicaliste et ancien dirigeant de l’Association syrienne des Droits de l’Homme, l’ingénieur Salim Kheirbek,
– un ancien membre des Comité de Relance de la Société civile en Syrie et de la CNCD, de longue date engagée dans la défense de la cause des femmes, le Dr Maya Rahabi.
D’autres pourraient les rejoindre, puisque, comme déjà signalé, rendue publique pour prendre le pouls des uns et des autres, la liste des invitations n’est pas encore close.
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Sur le papier et à ce stade, les membres et les anciens membres de la Coalition nationale restent majoritaires parmi les invités. On relève, parmi ceux que Moscou a « sélectionnés » en fonction de considérations non dépourvues d’arrière-pensées, les personnalités suivantes :
– Hadi al-Bahra, président en exercice de la CN, ancien chef de la délégation de l’opposition aux pourparlers de Genève,
– Badr Jamous, membre du Conseil national syrien (CNS) et ancien secrétaire général de la Coalition,
– Abdel-Ahad Stifo, dirigeant de l’Organisation démocratique assyrienne, lui aussi membre du CNS et de la CN,
– Abdel-Baset Sida, activiste kurde, également membre du CNS, dont il a été président après Burhan Ghalioun et avant Georges Sabra, et de la CN.
On peut ranger à leur côté, avec précaution, deux anciens membres de la CN :
– l’ingénieur Ahmed Moazz al-Khatib, ancien prédicateur de la Mosquée des Omeyyades de Damas et président de l’Association de la Civilisation islamique, signataire de la Déclaration de Damas, fondateur de la Ligue des Oulémas de Syrie et premier président de la Coalition, lors de sa création en novembre 2012,
– le Dr Walid al-Bounni, membre démissionnaire de la CN, qui avait été une figure de proue du Printemps de Damas et l’un des premiers signataires de la Déclaration de Damas.
On peut rapprocher de cette liste, avec plus de prudence encore, deux personnalités indépendantes :
– l’économiste Samir Aïta, ancien membre du CNCD, membre du Forum démocratique syrien et président de l’Appel démocratique, dont plusieurs camarades ont intégré la CN en 2013,
– et le richissime homme d’affaires Ayman al-Asfari, qui soutient financièrement l’Union des Démocrates syriens et qui avait été un temps pressenti, en juin 2014, pour prendre la succession du cheykh Ahmed al-Jarba à la présidence de la CN.
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Ce qui retient l’attention dans cette liste, ce sont moins les membres de la Coalition mentionnés que ceux qui ont été délibérément ignorés par les Russes.
On comprend que, pour satisfaire Bachar al-Assad, au profit de qui ils organisent en réalité ce « dialogue », ils se soient abstenus de convier les Frères Musulmans qu’ils considèrent, eux aussi, comme des « faucons » et des « terroristes ». De toute manière, ceux-ci n’auraient pas répondu à leur invitation. D’une part parce qu’elle émane de ceux auxquels ils imputent, comme une grande partie des Syriens, une responsabilité partagée dans la mort de centaines de milliers de leurs compatriotes. D’autre part, parce que, comme ils l’ont rappelé dans un communiqué, ils « soutiennent sans restriction une véritable solution politique fondée sur les points suivants :
1. la disparition du régime de Bachar al-Assad et de ses appareils sécuritaires,
2. l’instauration d’un climat politique susceptible de mettre un terme à l’assassinat des simples citoyens, la libération des prisonniers et la levée du blocus des régions assiégées,
3. un accord préalable sur une feuille de route précisant les engagements et la période nécessaire à leur mise en œuvre, assortie de garanties internationales claires et précises ».
On comprend aussi que, pour épargner à la délégation du régime des interlocuteurs trop tenaces, les Russes aient écarté de leur liste quelques-unes des personnalités les plus marquantes de la Coalition :
– l’homme d’affaires et ancien membre de l’Assemblée du Peuple Riyad Seif, personnalité centrale du Printemps de Damas et cheville ouvrière de la première assemblée nationale de la Déclaration de Damas, qui fait partie du comité politique de la CN, et dont le mélange de fermeté et de modération est plus dangereux pour le pouvoir syrien que les propos à l’emporte-pièce d’autres personnalités,
– l’intellectuel Michel Kilo, ancien membre du Parti communiste, créateur des Comités de la Société civile lors du Printemps de Damas, principal rédacteur de la Déclaration de Damas et de la Déclaration Beyrouth-Damas Damas-Beyrouth, président de l’Union des Démocrates syriens, qui est un redoutable polémiste et un tribun à la verve impressionnante,
– le professeur Burhan Ghalioun, premier président du Conseil national syrien lors de sa création, qui bénéficie d’une image positive dans les milieux intellectuels arabes pour ses écrits sur la démocratisation et son engagement en faveur des Droits de l’Homme,
– l’analyste politique Yasin al-Hajj Saleh, emprisonné durant 16 ans pour son appartenance au Parti communiste / Bureau politique, qui est l’un des écrivains syriens les plus respectés dans son pays pour la clarté et l’équilibre de ses écrits,
– l’ingénieur et écrivain politique Mouwaffaq Nayrabiyeh, lui aussi ancien détenu politique, artisan de la transformation du Parti communiste / Bureau politique en Parti du Peuple démocratique, dont le Bloc des Démocrates avait fait son candidat à la succession d’Ahmed al-Jarba, au milieu de l’année 2014…
On pourrait citer ici des dizaines d’autres opposants n’appartenant pas ou n’appartenant plus ni au CNS, ni à la CN : Fida al-Hourani, Anwar al-Bounni, Bassma Kodmani, Radwan Ziyadeh, Rima Fleihan, Georges Sabra, Nahed Badawiyeh, Samir Nachchar, May Skaf… Certains auraient opposé aux Russes la même fin de non-recevoir que les Frères. Les autres auraient répondu à leur invitation avec la ferme intention de leur rappeler et de rappeler au monde pourquoi les Syriens sont sortis en mars 2011 et jusqu’où ils sont prêts à se battre aujourd’hui encore pour obtenir leur liberté et leur dignité.
On comprend encore que, pour prévenir toute mauvaise surprise, les Russes aient inséré dans la liste de leurs invités les noms de quelques-uns de leurs créatures et de leurs bons clients qui sont aussi pour eux des lobbyistes :
– Randa Qassis, présidente d’un Mouvement de la Société pluraliste plus que confidentiel, dont les opposants syriens ne comprennent toujours pas comment et pourquoi nos chaines de télévision s’obstinent à l’inviter alors qu’elle ne représente qu’elle-même,
– et Qadri Jamil, un communiste enrichi dans les trafics entre la Syrie et la Russie, ancien quatrième vice-premier ministre pour les Affaires économiques dans le gouvernement de Wa’el al-Halqi, réfugié à Moscou avec ses économies depuis la disgrâce dont il aurait été victime à Damas pour avoir rencontré, à Genève, l’ancien ambassadeur américain pour la Syrie Robert Ford.
On comprend enfin et surtout pourquoi, peu désireux d’arriver à Moscou sans s’être au préalable concertés avec des « opposants qui leur ressemblent », les dirigeants de la CN aient jugé nécessaire d’entamer avec ceux de la CNCD des discussions en amont, au Caire. S’ils décident finalement de répondre à l’invitation des Russes, elles leur permettront de s’entendre sur un socle commun de revendication, et, peut-être, sur un mode de négociation.