Par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante)
La livraison des Mistral, qui empoisonne les relations franco-russes depuis des mois, est restée comme un grand non-dit entre François Hollande et Vladimir Poutine. Au cours des deux heures d’entretien qu’ont eu samedi 6 décembre les deux chefs d’Etat dans un salon privé de l’aéroport Vnoukovo-2 de Moscou, pas une seule fois le président russe n’a abordé le sujet, et son homologue français s’est bien gardé de le faire.
A l’issue de cette rencontre, au cours d’une conférence de presse séparée devant la presse russe, Vladimir Poutine a toutefois commenté le sujet : « Il y a un contrat. Nous considérons qu’il sera honoré (…) Mais si le contrat est rompu, nous ne serons pas trop mécontents. Nous espérons qu’on nous remboursera l’argent que nous avons payé. »
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http://www.lemonde.fr/europe/article/2014/12/06/rencontre-imprevue-entre-hollande-et-poutine-a-l-aeroport-de-moscou_4535783_3214.html
Les deux porte-hélicoptères, dont la France a suspendu la livraison compte tenu des événements en Ukraine, ont donc été soigneusement mis de côté. Premier dirigeant occidental à poser le pied en Russie depuis le début de la crise ukrainienne, François Hollande s’est décidé à faire une escale impromptue à Moscou en revenant du Kazakhstan, même si l’idée semble avoir été esquissée lors de la dernière entrevue entre les deux chefs d’Etat dans le cadre du G20 à Brisbane, en Australie, au mois de novembre.
Isolé sur la scène internationale, Vladimir Poutine a apprécié le geste : « Je suis sûr que votre visite aujourd’hui, même si elle est très courte, est une vraie visite de travail, et elle va donner des avancées », a-t-il déclaré. De fait, en deux heures de temps, plusieurs sujets internationaux ont été abordés : la Syrie, l’Iran, et bien évidemment l’Ukraine.
PARIS ET MOSCOU VEULENT UN RÉEL CESSEZ-LE-FEU
D’emblée, François Hollande a fait remarquer à son interlocuteur qu’il avait « écouté » son discours à la nation russe prononcé deux jours plus tôt, jeudi, dans lequel le chef du Kremlin avait vertement imputé aux « Etats-Unis et à leurs alliés européens » les tensions actuelles. « Je crois que nous avons besoin de nous débarrasser des barrières et des murs qui pourraient nous diviser », a souligné le Français.
Paris et Moscou sont d’accord sur la nécessité de parvenir à un réel cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine, a commenté devant la presse russe Vladimir Poutine : « La situation est tragique, les gens meurent toujours, mais j’espère qu’une décision sur un cessez-le-feu interviendra bientôt. » Tout en affirmant que la Russie soutenait « l’intégralité territoriale de l’Ukraine », le président russe a précisé : « Je pars du fait que l’économie nationale sera restaurée, et que tous les éléments de blocus de la région seront exclus de la vie quotidienne car il est difficile d’imaginer la reconstitution de l’intégralité territoriale autrement. »
Mistral, le grand non-dit de la rencontre Hollande-Poutine
Poutine a besoin de nourrir les Russes, de leur assurer santé, éducation, emploi… Pas de nourrir des lubies de tsarisme et autres débilités classiques de ses prédecesseurs.
Quant aux Mistral, Holland ferait mieux de les vendre à quelque pays du Golfe arabique où ils trouveront, à n’en pas douter, bon usage.