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    Les ravages de la pêche à la dynamite au Liban

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    By Reporterre on 28 novembre 2023 à la une

    Alors que le Liban traverse une crise financière sans précédent, les pêcheurs tentent de survivre par la pêche à la dynamite. Un fléau social et environnemental.

     

     

    Par Weilian Zhu, Itzel Marie Diaz et Rita Boulos Chahwan

    Attablé dans la cour de sa maison, dans un quartier portuaire de la ville de Tripoli, Sayed [*], pêcheur d’une soixantaine d’années, déguste un café préparé par sa femme. Les béquilles qui l’accompagnent depuis un violent accident de voiture sont posées par terre. Dans sa bouche abîmée où il ne lui reste que deux dents, une cigarette qu’il ne tarde pas à allumer. C’est avec celle-ci qu’il fait une démonstration de l’effet du feu sur le nitrate d’ammonium.

    D’un sac noir, il a extrait une poignée de poudre verte qu’il a déposée dans une assiette. Sa famille assiste au lugubre spectacle. « C’est avec cela que je fabrique ma dynamite », explique-t-il avec sérieux. Le vieil homme verse le nitrate dans un bout de plastique qu’il boudine machinalement. C’est sa femme qui lui apporte du fil pour resserrer le tout. Il ne lui manque plus que le détonateur pour faire exploser la préparation artisanale.

    Sayed est un ancien pêcheur à la dynamite, une pratique illégale. Même s’il n’a rien oublié de sa fabrication, il assure s’être retiré du marché.

    À ce bâtonnet de dynamite, il ne manque plus que le détonateur pour qu’il soit utilisé comme petite bombe dans les eaux libanaises. © Itzel Marie Diaz / Reporterre

     

    Pays du cèdre mais aussi de la mer, le Liban abrite quarante-quatre ports et une pêche majoritairement artisanale. La pêche à la dynamite a évolué au fil des tumultes de l’histoire. Durant la guerre civile (1975-1990), les bâtonnets de dynamite étaient monnaie courante.

    Aujourd’hui, c’est dans les camps palestiniens, comme à Nhar-al-Bared, à 15 kilomètres au nord de Tripoli, qu’on peut en trouver prêts à l’emploi. D’autres pêcheurs, comme Sayed, préfèrent la fabriquer. Si les recettes diffèrent, tous utilisent le nitrate d’ammonium, un fertilisant vendu dans n’importe quel magasin agricole et à l’origine de l’explosion du port de Beyrouth en août 2020.

    La dynamite « maison » nécessite également un détonateur, interdit à la vente publique mais facilement trouvable sur le marché noir. Pour le reste, chacun y va de ses astuces. Certains ajoutent du sucre, d’autres du charbon de bois. Avec les crises économiques des dernières années, les techniques se sont encore affinées. Des récifs artificiels de carcasses de voitures sont créés pour faire des pouponnières propices à la concentration de poissons.

    La poudre de nitrate d’ammonium est utilisée par les pêcheurs à la dynamite du littoral libanais. Cette pratique illégale est aussi dangereuse pour les fonds marins que pour les humains eux-mêmes. © Itzel Marie Diaz / Reporterre

     

     

    D’autres, économisant le fioul, prennent la mer à la nage en poussant un pneu flottant chargé de dynamite et bombardent les bancs de poissons. Un sac de 50 kg explosant à une profondeur de 60 mètres possède un rayon de 50 mètres et permet de récolter jusqu’à 4 tonnes de poissons. Après l’explosion, les pêcheurs n’ont qu’à attendre la remontée de leur butin.

    « Les poissons sont tués par l’onde de choc qui provoque des lésions hémorragiques des branchies », explique Rami Khodr, directeur technique au laboratoire RBML Food Labs à Beyrouth. D’une redoutable efficacité, la pêche à la dynamite est particulièrement implantée dans les régions pauvres du Nord-Liban.

    Sayed, de confession chrétienne comme beaucoup d’habitants du quartier d’Al Mina, assure s’être retiré du marché. © Itzel Marie Diaz / Reporterre

    Survivre à la misère

    Assis sous un abri en tôle avec des compagnons de pêche, Amir [*], trente-quatre ans, prend son mal en patience. À cause d’une météo instable, il n’a pas pu sortir en mer. L’homme vit à Aabdeh, dans la région d’Akkar. La frontière syrienne n’est qu’à une douzaine de kilomètres. Les environs sont pauvres et délaissés, les effluves de poissons et de gasoil s’échappent de ce petit port de pêche.

    « Les poissons sont de plus en plus petits et il y en a de moins en moins, s’attriste-t-il. Nous sommes parfois obligés d’aller plus loin pour en trouver, mais cela coûte très cher en gasoil. » Alors, pour lui, ce n’est pas étonnant que certains se tournent vers la pêche illégale.

    À deux heures de route au nord de Beyrouth, Tripoli n’est plus la cité phénicienne florissante d’antan. La ville était déjà pauvre avant la crise économique, mais depuis 2019, les Tripolitains ont rejoint les réfugiés syriens et palestiniens dans la misère.

    Alors que le jour se lève sur cette ville désespérée, c’est l’effervescence sur le port. Les bateaux de pêcheurs sont rentrés de leurs nuits de chasse. Sur les étals du marché, des dizaines d’espèces marines gisent dans des bacs de glace. Difficile de deviner lesquelles ont été capturées grâce aux explosifs. « La dynamite ? Pas de ça ici ! » assure un des vendeurs, manifestement choqué par la question.

    « Il s’est allumé une cigarette et la dynamite a explosé »

    Si la pandémie suivie de l’explosion du port de Beyrouth avait déjà affaibli le pays, la crise financière survenue en 2019 et toujours en cours a anéanti une bonne partie de l’espoir des Libanais. Le pays subit une inflation qui s’est accélérée en début d’année pour atteindre 270 % en glissement annuel en avril 2023. Cette crise a plongé plus de 80 % des Libanais dans la précarité et la moitié en état d’extrême pauvreté.

    Pour tenter de s’en sortir, les habitants travaillent nuit et jour. Ainsi, les pêcheurs n’appartiennent plus seulement à la mer. Ils sont également taxis, tenanciers de cafés, chauffeurs de bus. Beaucoup ont dû vendre leurs bateaux. « C’est triste, car la pêche est une tradition familiale, un héritage », dit Amir.

    Sur les étals des marchés de Tripoli, difficile de déterminer quels poissons ont été pêchés à la dynamite. © Itzel Marie Diaz / Reporterre

     

    Bassem est un autre pêcheur du port de Aabdeh. Sous un soleil brûlant, assis sur une chaise en plastique, il raconte l’accident de son père qui a perdu sept doigts en manipulant de la dynamite : « Il était en mer. Il y avait de la pluie, du vent. Il s’est allumé une cigarette et la dynamite a explosé. Depuis, il a arrêté d’en utiliser. »

    Selon la fondation Safadi, une structure qui développe des projets durables au Liban, 5 % des pêcheurs ont recours à la pêche à la dynamite. « À Tripoli, cette technique a connu une baisse plusieurs années de suite avant une recrudescence en 2019, relate Samer Fatfat, consultant à la fondation Safadi. Sur les plages d’Akkar, elle est demeurée constante. »

    Corruption et omerta

    Sur les 30 kilomètres de littoral entre Tripoli et la Syrie, l’armée est vite débordée. Rien qu’au port d’Al Mina à Tripoli, plus de 1 800 pêcheurs sont enregistrés. Les entrées et les sorties du port par ces embarcations de moins de 7 mètres, en bois et équipées d’un moteur, se font par un simple contrôle visuel de l’armée depuis la digue.

    Si les autorités manquent clairement de moyens, ne disposant même pas d’assez de carburant pour arrêter les pêcheurs illégaux, elles peuvent aussi être de mèche avec les hors-la-loi. Sur le port d’Al Mina, les pêcheurs illégaux sont connus de tous, mais l’omerta pèse sur celui qui oserait les dénoncer.

    Quant au président du syndicat de pêche, sillonnant la corniche et les souks de poissons à bord de sa Mercedes noire rutilante, il balaie la question d’un revers de la main : « Nous n’avons pas la mission d’arrêter les pêcheurs et s’ils sont arrêtés c’est pour quelques jours de prison seulement. » La corruption coûte pourtant cher aux pêcheurs illégaux. Selon l’un d’entre eux, 40 % des recettes sont destinées à la corruption, les 60 % restants étant partagés entre son équipage et lui.

    Pourtant, une loi régissant les règles de la pêche au Liban existe depuis 1929. La dynamite y est formellement interdite. Mais à l’image d’un pays qui n’a plus de président depuis un an, l’État se délite et les lois ne sont pas appliquées.

    Le petit port de pêche d’Aabdeh, dans la région d’Akkar, est l’une des zones les plus pauvres du Liban. © Itzel Marie Diaz / Reporterre

     

     

    Des pêcheurs vont même bombarder la réserve naturelle de l’archipel des Palmiers, en face de Tripoli, où toute activité humaine est théoriquement interdite. Les explosions endommagent non seulement les fonds marins, mais contribuent aussi à la diminution des stocks halieutiques sans distinction des petits et des gros poissons.

    Une analyse toxicologique réalisée par le laboratoire RBML Food Labs, qui a testé trois poissons provenant d’un marché de Tripoli, a constaté que l’intérieur des poissons contenait une importante quantité d’ammonium [1]. Mais du fait de l’utilisation massive de ce fertilisant dans l’agriculture, il est difficile de savoir si cette pollution est issue des dynamites ou du ruissellement terrestre.

    Chaque jour, une centaine de bombes sont lâchées dans les eaux libanaises par des pêcheurs, descendants de Phéniciens réputés fins navigateurs. Dans ces contrées meurtries, la mer est le témoin constant des tragédies. À chaque fois qu’un conflit a provoqué la fermeture de l’espace maritime, les pêcheurs ont retrouvé une mer riche en poissons. Mais le cycle naturel est sans cesse rattrapé par la spirale mortifère.

     

    Sayed est originaire de Tripoli, l’une des villes les plus pauvres du pourtour méditerranéen.
    **

     

    Ce reportage a été produit avec le soutien de l’Earth Journalism Network d’Internews.

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