Nicolas Sarkozy, qui ne conçoit la politique que comme une succession de coups médiatiques, voulait absolument tenter le coup. À l’impossible, nul n’est tenu, mais lui, il avait sa botte secrète pour ramener la Syrie sur le « droit chemin ». Pour séduire le jeune tyran et réussir là où d’autres ont échoué, il était prêt à donner beaucoup plus que ce qu’aurait cédé un Chirac et davantage que ce qu’aurait espéré, selon lui, une Syrie qui se morfondait depuis trois ans dans son isolement.
C’est ainsi que la grande braderie a commencé.
Le premier à s’atteler à la tâche fut un clown fraîchement converti en diplomate. Après sept tentatives, ses pantalonnades ont fait pschitt, comme se plaisait à dire Jacques Chirac. Puis, vint le tour d’autres apprentis qui débarquèrent à Damas avec des carottes plein les poches. Ils découvrirent très vite l’inanité de leurs tentatives. Il leur fut signifié qu’ils devaient d’abord aller se faire cuire un œuf chez un « ami » artificieux qui créchait à Rabieh.
Sarkozy comprit alors qu’il s’était fait avoir comme un cave, mais il ne s’avoua pas encore vaincu. Il lui restait une dernière cartouche, celle d’exercer ses propres talents pour corriger la myopie du dictateur ophtalmologue. Trois coups de fil après, il se retrouva, lui aussi, Gros Jean comme devant.
À l’évidence, Assad se soucie comme d’une guigne des « ouvertures » promises par Sarkozy. La seule ouverture qui compte à ses yeux est celle des Américains qui s’obstinent à le faire languir. En attendant, il peut tranquillement savourer sa sortie de la quarantaine et la reconnaissance sans la moindre contrepartie de son rôle au Liban. Sarkozy peut se sentir floué, mais jamais naïveté n’a été aussi criminelle et jamais amateurisme n’a réussi à changer aussi rapidement les règles de la donne.
C’est trop facile de faire son mea culpa et de se dire déçu après avoir bêtement et délibérément réintroduit le loup dans la bergerie. Avec sa forfanterie scélérate, Sarkozy vient d’effacer en quelques semaines les efforts de tout un peuple de briser avec peu de moyens le joug d’une dictature dont il subit les méfaits depuis des décennies.
En voulant rompre avec la politique de son prédécesseur, Sarkozy a jeté le bébé avec l’eau du bain. « La France, dit-il, n’aura plus de contacts avec la Syrie tant que cette dernière ne démontrera pas qu’elle est prête à laisser le Liban élire un président ». Oh, la belle jambe ! Tout l’effort de la communauté internationale a consisté pendant trois ans à faire exactement le contraire, c’est-à-dire dénier à la Syrie ce qu’elle croit être son « droit » d’intervenir au Liban.
Pour avoir sa dose de strass et de paillettes, Sarkozy a tout bradé d’un seul coup ! non seulement une indépendance qui peine à se reconstituer, mais aussi et surtout le « lien organique » qui a relié depuis des siècles le Liban à sa « tendre mère », la France.
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