Selon Seif el-Islam Kadhafi, il en coûtera à la France « pas moins de 300 millions d’euros pour l’hôpital de Benghazi ». « Du chantage? peut-être », estime-t-il, « mais les Européens aussi ont fait du chantage », ils ont « payé le prix » d’un « jeu immoral ».
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Le fils du président libyen, Seif el-Islam Kadhafi, a affirmé lundi 6 août à l’hebdomadaire américain Newsweek que l’affaire des infirmières bulgares a été un « chantage », mais que les Européens ont aussi fait chanter les Libyens et ont « payé le prix » d’un « jeu immoral ».
Il indique aussi, dans l’édition internationale de l’hebdomadaire datée du 13 août, qu’un engagement de Paris dans le secteur de la santé en Libye se chiffre à des « centaines de millions d’euros » et qu’un projet de fourniture d’un « très gros » réacteur nucléaire porterait sur des « milliards ».
« C’est un jeu immoral »
La libération des infirmières -dans laquelle Paris a joué un rôle important- a créé une polémique en France sur l’existence d’éventuelles contreparties.
Interrogé sur l’attitude de Tripoli dans l’affaire des infirmières, le fils du dirigeant libyen explique: « du chantage? Peut-être. C’est du chantage, mais les Européens ont aussi fait du chantage ».
« C’est un jeu immoral, mais ils ont établi les règles du jeu, et les Européens paient maintenant le prix… », déclare Seif el-Islam Kadhafi. « Tout le monde a joué sa carte pour favoriser ses intérêts dans son pays ».
A la question de Newsweek de savoir « qu’est ce que les Français ont offert et que personne n’a fait », le responsable libyen répond: « Nous parlons de centaines de millions d’euros pour soutenir le secteur de la santé en Libye ».
« Contrepartie »
Il ajoute qu’il en coûtera « pas moins de 300 millions d’euros pour l’hôpital de Benghazi » à la France qui s’est engagée depuis plus d’un an à rénover l’établissement. Paris n’a jamais donné de chiffre sur le coût des travaux.
Le président français Nicolas Sarkozy s’était rendu à Tripoli après la libération des infirmières et d’un médecin bulgares, retenus pendant plus de 8 ans sous le prétexte d’avoir inoculer le virus du Sida à des enfants hospitalisés.
Paris et Tripoli ont alors signé un projet d’accord sur une centrale nucléaire destinée à dessaler l’eau de mer. « C’est un très gros et très onéreux » réacteur, a dit le responsable libyen.
Le groupe européen EADS a de son coté signé un contrat portant sur la livraison de missiles anti-chars Milan pour 168 millions d’euros.
Confronté aux critiques en France de l’opposition, le président Sarkozy a exclu toute idée de « contrepartie » au régime libyen. Seif al-Islam a aussi affirmé samedi que ce contrat d’armement n’était « pas une contrepartie ».
Nouvel Obs