Gérard de Villiers « sentait venir les événements d’une façon extraordinaire »

0

Mort le 31 octobre des suites d’un cancer, l’écrivain Gérard de Villiers a reçu un hommage appuyé de son avocat, Eric Morain, qu’il avait chargé d’annoncer sa mort sur le réseau social Twitter. Celui-ci a salué vendredi la mémoire d’un homme « d’une grande générosité, qui avait l’amitié rugueuse mais fidèle » qui avait « une grande liberté de ton et de parole, jusque dans des excès qui étaient plus pour lui de la provocation que de la conviction ».

« Conteur d’histoires pour adultes », il était aussi un « passeur d’informations ». « Les services ont maintes fois utilisé des ‘SAS’ pour faire passer des messages à leurs homologues », a relevé Me Morain. Au final, dit-il, « ce n’est pas si souvent qu’on peut dire d’un auteur qu’il a créé un genre à lui tout seul. Littéraire ou pas, on va laisser les commentateurs le dire », a continué l’avocat.

Pour lui, annoncer la mort de son client et ami sur un réseau social totalement étranger à l’univers de ce dernier était une sorte de « pied de nez » de la part de quelqu’un qui rédigeait tous ses SAS sur une machine à écrire datant de 1976.

Pour sa veuve (par ailleurs dirigeante des éditions Gérard de Villiers) Christine, interrogée par Paris Match, il était « très secret par rapport à son enfance. La seule phrase qu’il m’avait dite, en 1987, c’est : ‘Ma mère me menaçait toujours de m’abandonner' », a-t-elle confié. « Il faisait des enquêtes très poussées. C’est un fabuleux professionnel qui a été étrillé par la critique et salué par le public », a souligné l’historien Jean des Cars, proche de l’auteur, sur la chaîne i-Télé.

LES SERVICES « ÉTAIENT EN CONTACT AVEC LUI »

Celui dont le New York Times avait salué la qualité du contexte géopolitique de ses ouvrages « sentait venir les événements d’une façon extraordinaire, beaucoup de services de renseignement étaient en contact avec lui et inversement », a ajouté l’historien.

Toujours sur i-Télé, l’ancien patron de la DST Yves Bonnet a estimé que ses romans comportaient des analyses de situation dans les pays « remarquables ». « Elles étaient précises, elles étaient bien conduites et elles fourmillaient de détails intéressants. Si on reprend tous ses romans, je crois qu’on arrive à avoir une bonne approche de beaucoup de problèmes de sécurité », a-t-il expliqué.

Le général Philippe Rondot, ancien patron de la DGSE, évoque, quant à lui, dans Le Point, un « homme au courage physique à la limite de l’inconscience, que j’ai souvent sollicité car il se rendait dans des pays d’accès difficile qui m’intéressaient ». Si l’ancien officier du renseignement déclare n’avoir jamais « parlé de ses activités » à Gérard de Villiers, il confie que, « par ses contacts, son intelligence des situations, ses descriptions précises de différents terrains, il m’a évité quelques pièges et quelques rencontres hasardeuses ».

« Je ne lui ai jamais parlé de mes activités. Et lui n’a jamais demandé d’argent ou de décoration. Rien ! Il ne souhaitait obtenir que des éléments d’ambiance, des éclairages. Mais il ne voyait pas que moi dans les services. »

L’écrivain Jérôme Leroy a livré sa réaction au Figaro : « Gérard de Villiers était (…) le dernier survivant de la ‘vraie littérature de gare’. C’est-à-dire quelqu’un lu par tout le monde, même si, pour certains, c’était en cachette. » Pour lui, la lecture des SAS, « de vraies enquêtes géopolitiques », permet d' »avoir une vision large de tous les événements internationaux depuis la guerre froide ».

Le Monde

Comments are closed.

Share.

En savoir plus sur Middle East Transparent

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading