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    Elif Shafak, l’écrivaine qui défie Erdogan

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    By JDD on 17 décembre 2017 Actualités

    FEMMES DU MONDE – Karen Lajon, grand reporter au service Etranger du JDD, revient sur le parcours exceptionnel ou peu ordinaire de femmes dans le monde. Cette semaine, elle s’est entretenue dans un café parisien avec la romancière militante turque Elif Shafak.

    • Par Karen Lajon  Suivre @karenlajon

    Quoi de plus tragique? Perdre un enfant, sûrement. Mais un livre n’est-il pas comme un enfant que l’on a pensé des semaines, des mois durant. Recep Tayyip Erdogan a donc commis l’ultime infanticide. Il a fait interdire quelque 140.000 ouvrages, affirmant qu’ils mettaient en avant les idées du prédicateur honni Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et accusé d’être le cerveau du coup d’Etat en juillet 2016. Ainsi Baruch Spinoza, Louis Altusser ou encore Albert Camus ne seraient plus disponibles. Quoi de plus tragique pour un écrivain qu’une telle décision.

    La romancière turque Elif Shafak, militante pour le droit des femmes, intellectuelle féministe, tressaille. Celle qui disait, il y a peu encore, « Istanbul est une âme livre », vacille sous les coups de butoir de ce butor qui se rêve en dernier sultan ottoman. Il est certain que son dernier roman, Trois Filles d’Eve, n’est pas prêt de plaire au dictateur turc. Sous la fausse indolente plume de l’auteur, la Turquie d’aujourd’hui est passée au scalpel littéraire de cette très belle femme. « Les mots sont devenus lourds dans mon pays, les mots sont devenus dangereux », souffle la romancière, de passage à Paris.

    La romancière militante turque Elif Shafak

    Penser en mode binaire, l’écrivain n’aime pas

    Son héroïne s’appelle Peri. Ce n’est pas elle, Elif Shafak. « Non, dit-elle avec un grand sourire, des yeux soulignés de khôl qui lui donne une allure de comédienne de tragédie, si je devais ressembler à un des personnages, je serai plutôt du masculin. » Ce professeur Azur,  celui qui portera l’infamie. « Il incarne celui qui pense, réfléchit. » Mais reprenons le fil de la vie de Peri. La romancière nous la présente dans le temps présent et avant. Page 13 : « Ce serait donc une surprise quand par une journée médiocre, à l’âge de trente-cinq ans, cette femme stable et respectée se retrouverait face au vide son âme. »

    Que s’est-il passé? Un dîner mondain typique de la nouvelle élite stambouliote, ces fichus réfugiés syriens qui pullulent dans la capitale, un vol à l’arraché, une course-poursuite inimaginable, une revanche de Peri sur Peri. Et le temps bascule, remonte, rien ne sera plus comme avant. L’heure des explications est venue.

    Je n’aime pas quand la pensée fonctionne sur la dualité,

    j’aime imaginer qu’il y a une troisième voie

    « Je n’aime pas quand la pensée fonctionne sur la dualité, j’aime imaginer qu’il y a une troisième voie. » Il y a pourtant beaucoup de pas de deux dans ce livre. Peri et son père Mensur Nalbantoglu, le père aimant, éclairé, fervent partisan d’Atatürk, qui veille sur la petite dernière de la fratrie avec une férocité de velours. Peri et sa mère, Selma qui doucement a glissé vers la religion, porté le hidjab, remplacé le roman par les hadiths ; « La religion s’était abattue sur la maisonnée, écrit l’auteur, aussi brutalement qu’un météore, et avait creusé un gouffre, divisant ses membres en deux camps ennemis. »

    Peri se sent plus proche de cet alcoolique de père mais souffre de la lutte intestine qui grignote le couple parental. « Peri, témoin de cette vendetta voyait ces êtres chers se déchirer sans merci et très tôt elle apprit qu’il n’y avait pas de conflit plus douloureux qu’un conflit familial et pire encore un conflit sur la nature de Dieu. »

    Nous sommes dans un moment crucial de l’histoire du féminisme

    Elle part à Oxford. Là encore, son destin dépendra d’un homme, celui de son géniteur qui veut qu’elle étudie, s’émancipe de ces sottises religieuses. Le pas de deux, à nouveau. Peri et Shirin l’Iranienne délurée, pro-occidentale à l’excès. Peri et Mona, la musulmane qui a pris le voile pour crier son identité. Peri qui danse, esquive ces pas de deux affirmés, Peri qui doute de Dieu. Et qui va trouver celui qu’il faut : le fameux professeur Azur et ses cours sur le Tout-Puissant. Tout est là. Tout qui puisse irriter Erdogan and co. La subversion enrobée de douceur, de légèreté. Oser envisager la libération de la femme, oser douter de l’existence de Dieu.

    « Nous sommes dans un moment crucial de l’histoire du féminisme, poursuit l’auteur. Mais je ne prêche pas, n’enseigne pas, je préfère poser des questions, des questions taboues. Au fond, les questions m’importent plus que leurs réponses. » Peri symbolise ce questionnement, cette innocence tant convoitée par les hommes. Pour certains ce serait le sexe mais pour le professeur Azur, c’est son esprit, son âme. Peri aurait pu être ce pont, ce pas de deux qui ne fait qu’un mais le cœur l’emporte sur la raison, le poids des traditions sur la lumière. La prose d’Elik Shafak ressemble à une caresse, à un voile qui souffle sur le visage et qui s’envole. Ballon blanc haut dans le ciel bleu azur.

    La Turquie et l’auteur : « Une relation compliquée »

    Des réponses, elle en donne, quand même, Elif Shafak. Elle est née à Strasbourg de parents turcs. Son père les quitte, sa mère est sans le sou, sans diplôme, elle rentre au pays. « Les six premières années de ma vie, j’ai été élevée par ma grand-mère, une femme qui ne savait ni lire ni écrire et qui a ordonné à ma mère d’aller à l’université. » Brillamment. Diplomate, elle emmène sa fille vivre en Espagne, à Tucson, en Arizona. L’est se dissout, l’Ouest se concrétise. « Notre pays recule et en général, les premières à pâtir du recul des sociétés, ce sont les femmes. »

    Elle s’indigne encore. « La transformation est profonde, ils sapent l’enseignement, ont banni Darwin. Dans les années 2.000, il y avait 18.000 étudiants qui sortaient des écoles religieuses. Aujourd’hui, ils parient sur un million. » Elif Shafak se souvient de ses années de fac, cette époque douce où les discussions sur tout et rien pouvaient durer des heures, les cigarettes fumées à la chaîne, la bière consommée sans culpabilité. Un mode binaire, l’Est et l’Ouest qui se cherchent et se rapprochent. L’Est et l’Ouest, deux mots qu’elle n’aime plus.

    Quand vous parlez de sexe, vous parlez de politique

    Elif Shafak a écrit dix romans. Elle est la romancière la plus lue en Turquie. Il y a 14 ans, elle s’est mise à écrire directement en anglais. « Mes livres sont désormais traduits en turc. » L’intrigue associe souvent intellectualité et émotion. Et politique, bien sûr. « Je ne suis pas apolitique, je suis féministe et quand vous parlez de sexe, vous parlez de politique. Dans cette région du monde, vous ne pouvez vous payer le luxe d’être apolitique. Et j’observe qu’en Occident, les écrivains désormais se montrent de plus en plus politiques. Par le passé, il y avait des régions que je qualifierai de liquides et d’autres de solides. L’Occident appartenait à la deuxième catégorie. Aujourd’hui? ». Eli Shafak est devenue la bête noire des islamistes. L’année dernière, elle participe à un forum de TED TALK sur le pouvoir de la pensée autre. « J’ai reçu des tonnes d’insultes, de menaces, les nationalistes et les islamistes me haïssent. J’ai été traitée de perverse, des manifestes ont été écrits contre moi. »

    Revenons en  2016, Peri est mariée, une fille qui l’accable de tous les maux, un mari et des soirées dans cette Istanbul nouvelle facture où le capitalisme n’a pas d’étiquette religieuse, l’argent restant l’argent. Le dîner, les convives, le medium. Tout y est. « J’ai vu ça de mes yeux, les phrases que je reprends dans mon roman, je les ai entendue », s’insurge l’auteur qui avoue que le titre de travail était Le dernier souper de la bourgeoisie stambouliote. « La démocratie n’est pas pour nous, il nous faut un dirigeant fort », tous ces poncifs que l‘on entend des deux côtés de la Méditerranée.

    Savoureux passages de l’ouvrage d’une cruauté salutaire qui prouve encore une fois l’utilité de l’écrivain, de la plume et de son regard. Erdogan, comme d’autres avant lui, ne s’y est pas trompé, lui qui s’est attaqué à la racine du mal, au livre. Elif Shafak qui avoue avoir une relation compliquée avec son pays d’origine, avait pour habitude de faire des allers-retours entre l’Angleterre et la Turquie. Cela fait un an qu’elle n’y est pas retournée.

    Trois filles d’Eve, par Elif Shafak, Traduit par Dominique Guy-Blanquet, Editions Flammarion, 352 pages, 22 euros.

    JDD

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