Au Liban, l’opposition défie le Hezbollah aux législatives

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De nombreux députés de listes d’opposition réalisent une percée à l’Assemblée, chamboulant l’équilibre des blocs parlementaires.

 

 « Faites savoir à la garde parlementaire que les révolutionnaires entrent dans l’Hémicycle comme députés. » Pour les manifestants qui avaient été réprimés violemment lors des mouvements contestataires d’octobre 2019 par les hommes de Nabih Berri, l’inamovible président du Parlement depuis trois décennies, les élections législatives ont un goût de revanche. Au moins dix candidats des listes d’opposition ont « percé » celles du pouvoir. Un score qui pourrait être revu à la hausse à la lumière des décomptes encore en cours lundi, en début de soirée. Les partis sortants conservent leur domination, malgré un bilan qui les aurait automatiquement renversés si une véritable alternance démocratique avait été possible. Le taux de participation inférieur à celui d’il y a quatre ans signale une moindre capacité de mobilisation des électeurs, malgré le recours massif à l’achat direct des voix et aux pressions clientélistes. L’équilibre des blocs parlementaires est cependant reconfiguré, avec notamment le net renforcement des Forces libanaises qui deviennent le principal représentant des chrétiens, face au parti du président sortant Michel Aoun, et s’imposent comme le fer de lance de l’opposition au Hezbollah.

 

Si certaines des victoires des candidats de l’opposition étaient attendues, d’autres ont créé la surprise. L’une des plus symboliques est celle d’Elias Jardé, qui accède au siège grec orthodoxe de l’une des trois circonscriptions du sud du Liban, fief incontesté jusque-là du tandem chiite Amal et Hezbollah. Les deux formations conservent tous les sièges attribués à leur communauté, mais l’unité exceptionnelle des rangs de l’opposition dans cette circonscription a permis d’ébranler leur hégémonie. Le décompte était encore en cours lundi soir pour départager l’avocat opposant Firas Hamdan du banquier Marwan Kheireddine, dont le parachutage a été perçu comme un véritable affront, alors que la faillite du système financier a fait perdre toute leur épargne aux déposants libanais.

 

Vive tension

Dans l’une des deux circonscriptions de la capitale, le retrait politique du leader sunnite et ancien premier ministre Saad Hariri, a facilité l’accès de deux nouveaux entrants au Parlement. Tandis que dans l’autre circonscription de Beyrouth, la députée Paula Yacoubian, seule à avoir représenté l’opposition dans le Parlement sortant est reconduite. Dans les circonscriptions à majorité druzes du Chouf-Aley, ce ne sont pas moins de trois (voire quatre) candidats de l’opposition qui accèdent à la Chambre. L’une des batailles les plus serrées oppose, dans le Metn, un bastion chrétien du Mont-Liban, le journaliste Jad Ghosn, au président sortant de la commission des finances Ibrahim Kanaan, membre du parti du président de la République. Le résultat se jouait à quelques dizaines de voix près et la tension était vive en fin de journée alors que les décomptes se poursuivaient et que des soupçons de manipulations ont émergé. Dans une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur a balayé les accusations, insistant sur le bon déroulement du scrutin, alors que Lade, l’association chargée de contrôler les élections, a signalé de son côté des centaines de violations.

LE FIGARO

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