Nous sommes le 1er Mars 2012, 8 Jours sont déjà passés depuis que les Medias ont transmis l’appel poignant lancé le 23 février dernier de Homs, de sur un brancard, par la journaliste Edith Bouvier, victime d’une double fracture du fémur à la jambe gauche et dont le cas nécessite une opération d’urgence. Mon émotion, face à l’appel de la journaliste française blessée, est sans doute doublée d’un sentiment d’horreur face à ce qui se produit à la ville de Homs et Bab Amro, comme répression, et devant l’incapacité du monde à mettre fin à ce calvaire! Mon émotion est encore plus grande compte-tenu du fait que les journalistes ont été la cible préméditée de bombardements. Après Gilles Jacquier, c’est Marie Colvin et Remy Ochlik qui sont tombés dans l’exercice de leur mission – sans oublier les journalistes et les informateurs syriens qui sont en train de mourir au quotidien !
Edith Bouvier, cette femme qui fait preuve d’un courage, d’une dignité et d’une force exceptionnels, est aujourd’hui bloquée dans une ville pilonnée sans interruption depuis plus de deux semaines par l’armée d’Assad.
Une pression accrue doit être exercée de la part de la communauté internationale sur le régime syrien pour obtenir immédiatement un cessez-le-feu à Homs et la fin du siège de la ville, pour que le Comité international de la Croix-Rouge puisse intervenir et évacuer Edith Bouvier, les autres journalistes qui se trouvent encore dans l’incapacité de sortir de la ville, ainsi que les blessés civils. Un Cessez le feu est impératif ! Il est nécessaire que cette évacuation soit faite par le CICR spécifiquement et sous surveillance diplomatique pour garantir la sécurité des journalistes.
La meilleure solution serait qu’une ambulance transporte Bouvier à l’aéroport de Damas pour prendre directementl’avion vers la France !
L’autre option serait la voie à travers le Liban. Ce cas de figure valable dans les cas des 2 journalistes Anglais Paul Convoy et Espagnol Javier Espinoza semblerait risqué dans le cas de Bouvier! Le trajet nécessite plusieurs heures alors que le cas de Bouvier s’aggrave ! S’il est vrai, selon certaines sources, qu’elle avait été bien soignée au début mais il y’auraitdes limites aux soins possibles, compte tenu de la situation.
Le CICR devrait également pouvoir acheminer au plus vite l’aide nécessaire – médicaments, lait, etc – à la population de Homs, qui devrait être déclarée zone sinistrée en proie à une véritable catastrophe humanitaire.
Si je lance mon appel aujourd’hui, c’est par ce que je sais ce qu’endure Edith Bouvier ! Il faut dire que J’ai moi-même payé très cher le prix de la liberté d’expression, ayant moi-même été prise pour cible pour avoir voulu témoigner contre la violence perpétrée à l’encontre de mon pays et de mes concitoyens. Je sais ce que c’est que cette violence. Elle me rappelle toute la folie des pires moments de la guerre libanaise….
Je sais ce que c’est que risquer sa vie pour témoigner dans l’enfer de l’inhumanité et de la cruauté.
Il faut à tout prix que ce régime cesse de prendre les journalistes pour cibles, juste par ce qu’ils voulu témoigner au service de la vérité, dans un pays où le régime continue de vouloir interdire l’entrée des journalistes sur son territoire, afin d’empêcher le monde de témoigner de l’ampleur de la répression qui se produit.
Edith Bouvier rappelle au monde entier, qui assiste en spectateur passif à un véritable carnage qui se poursuit depuis un an, le cas des plus grandes femmes qui ont œuvré ou milité pour que la vérité éclate au grand jour et que justice soit faite, souvent au péril même de leur vie comme ce fut le cas d’Ingrid Bétancourt, Aung San SuuKyi, Anna Politkovskaya, Florence Aubenas et bien d’autres…
May Chidiac