Des analyses génétiques d’ADN ancien montrent que les Libanais sont les descendants de ce peuple mystérieux.
Mais qui étaient les Cananéens? Ils ont pourtant eu leur heure de gloire et apparaissent dans l’Ancien et le Nouveau Testament, dans la Torah ainsi que dans des textes égyptiens et grecs. Il y a 5000 ans (3000 av. J.-C.), les Cananéens étaient installés dans une région qui comprend Israël, la Palestine, le Liban, une partie de la Syrie et de la Jordanie. Dans ce Levant, le pays de Canaan est très commerçant et son influence est grande. Ses relations avec l’Égypte sont fortes. Mais on ne sait finalement que peu de chose car les Cananéens n’ont laissé que très peu de traces écrites, de rares tablettes d’argile portant des textes en cunéiforme. Après 2000 ans d’existence, ils disparaissent de l’histoire et laissent la place à leurs successeurs, les Phéniciens. Grâce à de l’ADN ancien de 5 Cananéens, leur origine et leurs descendants actuels ont pu être précisés par une équipe du Wellcome Trust Sanger Institute britannique (travaux publiés dans The American Journal of Human Genetics). Les Cananéens n’ont pas disparu, ce sont les Libanais actuels.
C’est grâce à des fouilles archéologiques à Sidon, port du Liban, autrefois capitale du Canaan (Sidon aurait été fondée par Tsidone, fils de Canaan, lui-même petit-fils de Noé) que des restes de cinq personnes, 3 de sexe féminin, dont un petit enfant, et deux de sexe masculin, dont un enfant de 8-12 ans, datant d’environ 3700 ans (1 700 av. J.-C.), donc de l’âge du bronze, ont pu être analysés. Ces squelettes étaient enterrés dans des tombes bien structurées. Ces ADN anciens ont été comparés d’une part à ceux publiés un peu partout en Europe et datant de la même période ou plus anciens, et d’autre part avec ceux de 99 Libanais actuels.
«Nous avons constaté que les Cananéens étaient un mélange de personnes établies là dans des fermes depuis le néolithique, entre 9000 et 3300 ans, et de migrants venus d’Eurasie il y a environ 5000 ans», estime Marc Haber, premier signataire de ces travaux. «Les Libanais actuels sont certainement les descendants directs de ces Cananéens, avec des traces des invasions ou occupations d’Eurasiens comme les Assyriens, les Perses ou les Macédoniens.»
Il y aurait donc eu deux vagues successives d’invasion. L’une entre 6600 et 3550 ans, par des groupes venant de l’Iran et du Caucase, et correspondant à des mouvements de populations à partir de la Mésopotamie ; l’autre entre 3750 et 2170 ans par des nouveaux venus du nord. C’est du moins ce que racontent les ADN.
Des conclusions qui ne sont pas en contradiction avec les résultats obtenus par les archéologues et les historiens. Pour les chercheurs, cette étude suggère que ceux qui vivaient sur cette côte du Levant, aussi bien que d’autres groupes vivant à l’intérieur des terres avaient un patrimoine génétique commun. Ainsi, les Ammonites, Moabites, Israélites et Phéniciens de l’âge du bronze, bien qu’ayant des pratiques culturelles différentes, partageaient des racines génétiques et ethniques avec les Cananéens.
Chris Tyler-Smith, responsable des travaux, estime qu’«à la lumière de la grande complexité de l’histoire de cette région dans ces derniers millénaires, c’est vraiment très surprenant de voir que près de 90 % du patrimoine génétique des Libanais d’aujourd’hui soit celui des Cananéens».
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Anthropologie, identité, citoyenneté