Pour l’intellectuel arabe israélien Salman Masalha, voter pour une liste arabe comprenant des islamistes et des ultranationalistes ne diffère en rien du vote juif pour les partis d’extrême droite israéliens..
J’avoue que j’ai boycotté les élections précédentes et que j’ai lancé récemment sur cette plate-forme un appel à boycotter également l’élection de cette année. J’avais de nombreuses raisons pour la boycotter. Les raisons n’ont pas changé. Ce sont les circonstances qui ont évolué.
Lorsque des imams islamistes déclarent dans les médias arabes que voter pour la Liste arabe unie fera tomber la droite [israélienne], alors que cette Liste unie comprend un Mouvement islamique dont les candidats sont polygames, je me demande de quelle droite ils parlent. Ne représentent-ils pas eux-mêmes exactement la même chose sous une apparence différente ?
Nous devons dire haut et fort que la Liste unie ne comprend pas seulement l’équivalent d’Israel Beyteinou [« Israël notre maison », parti d’extrême droite] de la rue arabe, sous la forme du nationalisme arabe du parti Balad, mais aussi le parallèle raciste d’HaBayit HaYehudi [« Le Foyer juif », parti d’extrême droite religieuse] sous la forme du Mouvement islamique.
Non aux concessions illimitées
Dans la gauche israélienne, certains disent que les citoyens arabes sont une minorité victime de discriminations, que l’on peut donc leur reconnaître les circonstances atténuantes et qu’ils méritent de se voir accorder des concessions dans les négociations politiques qui vont déterminer la forme de la prochaine législature. Même s’il y a une certaine justice dans ces affirmations, il vient un moment où un citoyen honnête – de quelque origine ethnique soit-il – se refuse à accepter l’idée selon laquelle certains citoyens devraient se voir accorder des concessions illimitées en raison de leur origine.
En l’occurrence il s’avère que les nationalistes de Balad, qui font des pieds et des mains pour entrer à la Knesset et jurer leur loyauté à l’Etat « juif et démocratique » d’Israël, ne sont pas disposés à signer un accord avec Meretz, qu’ils considèrent comme un parti sioniste, alors qu’ils ne voient aucun inconvénient à s’allier aux racistes [les mouvements islamistes]qu’on pourrait appeler « HaBayit Haislami » (« Foyer islamique ») de la rue arabe.
Une voix en faveur de la justice sociale
C’est pourquoi il est temps de dissiper le brouillard et de tout mettre sur la table. J’avoue que je n’ai jamais voté pour Meretz [parti laïc israélien et pour la paix, à la gauche du parti travailliste]. J’ai toujours donné ma voix au Hadash [communiste et extrême gauche judéo-arabe].
Mais le temps est venu d’émettre un appel civil arabe clair et net : s’il faut choisir entre un vote qui donnera un siège à la Knesset à Meretz et un vote qui procurera un siège supplémentaire aux Arabes de la Liste unie qui sont les équivalents d’HaBayit HaYehudi ou d’Israel Beyteinou, alors le choix correct de tout citoyen responsable doit incontestablement aller à Meretz. Chaque voix en faveur de Meretz est une voix qui se prononce sans ambiguïté pour la séparation de la religion et de l’Etat, pour l’égalité civique et pour l’égalité entre les sexes.
Chaque vote en faveur de Meretz est une voix en faveur de la justice sociale, de la justice culturelle et nationale, de la liberté d’expression et de la liberté de penser. Et, par-dessus tout, chaque voix en faveur de Meretz est une voix en faveur de la paix à laquelle nous aspirons tous.
Traduction par Courrier International