Il est troublant de voir à quel point la pensée de la Rochefoucauld, qui ne date pas d’hier, est confirmée aujourd’hui par tous ces mouvements éducatifs et tous ces experts en formation de pour enfants
Au 17ème siècle, le Duc François grommelait : « il n’est pas si dangereux de faire du mal à la plupart des hommes que de leur faire du bien » et, au 21ème siècle les grands penseurs descendants de Madame Dolto confirment aux français peu argentés et aux nullipares : « plus les parents sont riches plus les enfants sont ingrats ». Les autres, les géniteurs aisés le savent déjà.
Il n’empêche la froideur des statistiques soulagent les ruminations cuisantes et les regrets brulants. Alors voila, le simple fait qu’un enfant possède un diplôme universitaire réduit de 20% la probabilité qu’il appelle régulièrement sa mère et de 50% l’éventualité qui lui rende visite. Ne parlons même pas du père !
Voila pourquoi beaucoup de parents se retrouvent avec la mine déconfite de la vielle dame du regretté Jacques Faizant qui demande en tremblant à son chat nourrit au caviar et cravaté d’un magnifique ruban : « Tu soirs ce soir ? », dans le meilleur des cas, dans le pire, ces innocents se prélassent dans un luxueux studio, à deux pas de la meilleure université de la région ou même à l’étranger pour les plus chanceux.
Comme ils ont de quoi manger, se vêtir et se divertir, ils n’ont plus assez d’argent pour téléphoner, les pauvres. De plus nous explique-t-on à voix d’experts, plus le niveau de vie est élève plus la progéniture est rare. Le chéri n’aura pas à faire des enchères aux sentiments pour hériter.
Bref comme d’habitude la Rochefoucauld avait raison et c’est peut être là son erreur. Il l’a dit lui-même : « Nous plaisons plus souvent par nos défauts que par nos qualités eh ?, comme s’exclamait Hamlet : « voila l’os ». Les parents généreux, soucieux de l’avenir de leurs enfants et respectueux de leur liberté sont agaçants.
Zéro défaut égal une descendance bourrée de complexes. Freud et Lacan avaient eux quelques idées là-dessus. De notre époque les cinéastes s’en emparent sauf que dans le film c’était le fils Tangui confit et affection poisseuse qui était ahi par les auteurs de ces jours.
C’est dire que personne n’est à l’abri d’un accès de perfection. Mieux vaut prévenir que guérir. A tout hasard mes chers amis si vous vous sentez concernés, voici un plan de survie:
D’abord, coller le fruit de vos entrailles en apprentissage histoire d’alléger les effectifs démentiels des classes terminales, à 80 % de futurs chômeurs.
Ensuite, croquer tout, offrez vous des croisières aux longs courriers et vous verrez curieusement vos chers petits qui penseront soudainement à vous appeler. Heureusement pour vous vous ne serez plus là pour décrocher.
Ne regretter rien cela ne fait rien, ils vous remercieront plus tard quand ils seront plombiers.
R. de Nigaud