La presse marocaine de ces derniers jours prêtait l’intention au président Sarkozy d’effectuer un ultime baroud d’honneur pour convaincre le roi Mohammed VI des mérites de l’avion de combat Rafale. Dans un entretien publié, lundi 22 octobre, par le journal marocain Assabah, le chef de l’Etat français qualifie l’appareil de Dassault de « remarquable avion de toute dernière génération ». S’agissant du Rafale, il ajoute : « L’intérêt que lui porte un certain nombre de clients potentiels ne se dément pas. Et je suis personnellement désireux de proposer au Maroc le meilleur de notre savoir-faire. »
Chez Dassault, on ne désespère pas de faire une percée sur deux autres marchés : la Libye a exprimé un intérêt pour l’achat d’une quinzaine de Rafale, et la Suisse est potentiellement intéressée par une vingtaine d’appareils. Les Français sont convaincus que le forcing réalisé par l’administration américaine pour supplanter le Rafale sur le marché marocain, confirme la volonté des Etats-Unis d’interdire à l’avion français tout débouché à l’exportation.
Cette lecture des événements n’est pas forcément fausse, encore que, en l’espèce, les Etats-Unis se sont surtout livrés à une politique commerciale agressive, que la France a été incapable de mener. La leçon pourrait être salutaire : « Il faut en tirer les enseignements et mettre sur pied une structure pour coordonner les administrations qui sont censées travailler à l’exportation », souligne un haut fonctionnaire.
« SOUTIEN AUX EXPORTATIONS »
Le 6 septembre, a été créée une « Commission interministérielle pour le soutien aux exportations de sécurité » (Ciedes). Elle a pour objectif d’assurer un accompagnement des grands projets d’exportation français, c’est-à-dire de garantir l’efficacité des dispositifs de contrôle des exportations « sans pour autant imposer des contraintes bureaucratiques supplémentaires aux PME ». Le Maroc est cependant soucieux d’atténuer la déconvenue française sur le Rafale, et une douzaine d’accords économiques et commerciaux pourraient être signés lors de la visite de M. Sarkozy. Les négociations pour l’achat par le Maroc d’une frégate multimissions Fremm (pour un coût d’environ 500 millions d’euros), seraient en passe d’aboutir, et un accord devrait être signé pour la construction d’une ligne TGV entre Tanger et Marrakech (un investissement de plus de 2 milliards d’euros).
D’importantes avancées doivent également être confirmées dans le domaine du nucléaire civil (projet de construction d’une centrale). La coopération militaire doit, elle, porter sur la modernisation de la flotte marocaine d’hélicoptères Puma (environ 150 millions d’euros), ainsi que sur l’achat d’hélicoptères français EC-725 Caracal.
Laurent Zecchini
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