L’amour fusionnel d’AhmadiNejad
Ou le drame des liaisons « covalentes »
Le Liban est un pays « unique en son genre » ! C’est ce que prétendent les Libanais, tous les Libanais ou presque. Admettons ! puisqu’il est difficile de ne pas admettre que son tissu communautaire lui confère une certaine singularité. Mais au-delà de cette singularité discutable et peut-être à cause d’elle, Le Liban se particularise vraiment par l’attraction qu’il a toujours exercée sur ses voisins proches ou lointains.
Cette attraction opère dans les deux sens. Les communautés libanaises n’ont jamais été avares en coquetterie pour attirer les chalands et les soupirants potentiels n’attendaient qu’un signe pour se mettre en branle. Ces jeux de séduction ont fini par donner lieu à une multitude de liaisons « covalentes » (ainsi disent les chimistes) ou, si vous préférez, à des liaisons organiques indéfectibles.
Du temps de feu le tyran Hafez El-Assad et avant l’avènement de son illustre rejeton, les Libanais se faisaient rappeler périodiquement qu’ils formaient avec les Syriens un même peuple que le colonialisme a réparti sur deux pays. Ils avaient beau protester, mais rien n’y faisait: la Syrie leur rétorquait toujours qu’elle tenait (elle tient toujours) au Liban comme à la prunelle de ses yeux !
Vous avez tous subi, peu ou prou, cet amour unilatéral et forcé et vous avez eu la fébrilité d’expérimenter une « carte du tendre » transformée au fil des années en « jardin des supplices » patiemment modelé par le soupirant voisin dont les assauts sont très vite devenus dévastateurs.
Ce petit rappel n’est pas innocent ! il était nécessaire pour vous mettre en garde: un soupirant encore plus féroce vient de faire sa déclaration d’amour et semble être aussi « organique » que son frère. Il a fait cette déclaration spectaculaire après des mois de timides approches et en choisissant bien son moment. Il se préparait, en effet à accueillir chez lui le premier soupirant qui fait office d’allié et d’adversaire à la fois.
C’est du Labiche revu et corrigé par les deux grands Casanova de l’amour organique: Bashar El-Assad et Mahmoud AhmadiNejad.
Que dit AhmadiNejad ? vous pouvez lire ici l’intégralité de sa déclaration, mais je me hâte de vous en livrer le passage croustillant: « L’Iran et le Liban forment un seul corps, mais malheureusement le Liban est actuellement l’organe blessé de ce corps » et « il est du devoir de l’Iran de se porter à son secours dans les moments difficiles ».
C’est beau et poignant à la fois ! « un corps unique », dit-il. Cette flamme subite est la marque d’un amour non seulement organique, mais « fusionnel ».
Je n’ose même pas imaginer ce qui attend le Liban et les Libanais. Nous venons à peine de chasser le premier soupirant sans réussir à nous en débarrasser complètement, voilà que son frère débarque et prétend habiter notre corps !
Le Liban est vraiment unique en son genre parce qu’il possède un don inné pour attirer des soupirants dont il n’arrivera plus jamais à s’en défaire !