Capture d’écran de la vidéo dans laquelle Hareth al-Nadhari menace la France de nouvelles attaques.
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Un drome américain a ciblé le cadre d’al-Qaida qui avait menacé Paris après l’attentat contre Charlie Hebdo.
Pour la deuxième fois en l’espace d’une semaine, un drone américain a neutralisé une cellule djihadiste dans un pays paralysé par une profonde crise politique. Mais après une première frappe le 26 janvier contre des militants djihadistes, cinq jours après, un autre avion sans pilote a tué cette fois un chef d’al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa), et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Hareth al-Nadari, l’un des principaux responsables religieux de la plus dangereuse filiale de la mouvance terroriste globale. Celui qui avait, le premier, réagi à l’attaque contre Charlie Hebdo en menaçant, trois jours après, la France de nouvelles attaques. Sans revendiquer la tuerie au nom d’Aqpa – ce que fera quelques jours après un autre cadre de l’organisation terroriste -, Hareth al-Nadari avertissait alors les Français : « Vous ne serez pas en sécurité tant que vous combattrez Allah, son messager et les croyants », allusion à la participation de Paris à la guerre contre les positions de Daech en Irak. Et la semaine dernière, un autre idéologue d’Aqpa est allé encore plus loin, affirmant que la France était devenue « l’ennemi numéro un » de la mouvance djihadiste, devant les États-Unis.
Américains et houthistes liés
La voiture d’al-Nadari, à bord de laquelle trois autres djihadistes supposés avaient pris place, circulait dans le village d’As-Said, dans la province de Chabwa, un fief d’al-Qaida. Les corps des quatre passagers ont été carbonisés.
Pour Aqpa, cette attaque est le fruit d’une coopération entre leurs ennemis américains et les houthistes, les miliciens chiites qui ont pris le contrôle en septembre de Sanaa, la capitale, et étendu depuis leur pouvoir à d’autres provinces.
Cette poursuite des frappes américaines contre al-Qaida met en relief une collaboration entre deux partenaires ayant, à court terme, le même ennemi. « Il y a clairement une alliance objective entre les Américains et les houthistes contre les djihadistes », confie depuis Sanaa une source diplomatique européenne. Les États-Unis n’ont jamais évoqué publiquement une telle coopération, mais ils n’ont pas, non plus, fermé la porte à des contacts politiques avec une milice qui a pourtant utilisé la force pour renforcer son influence.
Depuis le 22 janvier, le Yémen est sans exécutif, après la démission du président Abd Rabbo Mansour Hadi et de son premier ministre. Ce vide complique la tâche des services de renseignements et des forces spéciales américaines déployées dans le pays, mais pas au point de stopper toute frappe contre les djihadistes, qui, comme en Irak et en Syrie, restent l’ennemi numéro un de Washington. Quitte à coopérer, ici également, avec une organisation dans l’orbite de l’Iran.
Au plan politique, une lueur d’espoir est apparue en vue de trouver une issue négociée à la crise. Les différents partis politiques se seraient mis d’accord autour d’une formule de compromis fondée sur la création d’un conseil présidentiel d’une demi-douzaine de membres, aussi inclusif que possible.