1. L’attaque de Maaloula est un fait, non un acte de propagande
L’attaque de Maaloula de ce mercredi 4 septembre, une des trois agglomérations (avec Jubbaadin et Bakhaa) où les habitants (y compris musulmans) parlent encore l’araméen occidental (la langue de Jésus), n’est hélas pas un acte de propagande du régime de Damas, comme le prétend Mgr Dagens, mais est confirmée par l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), qui est plutôt anti-régime. C’est une attaque bien réelle de terroristes islamistes, au cri de « Allah akbar » (Dieu est [le plus]grand), typique appel à l’attaque de tous les jihadistes de l’histoire. Je m’étonne qu’un évêque (académicien qui plus est) se permette de porter une telle accusation contre qui que ce soit, en disant « probablement », sans avoir aucune preuve. Cette attitude, si peu académique, dénote un a priori inacceptable.
2. Dictature politique (le régime) et dictature religieuse (les islamistes)
Disons le clairement : Bachar est un dictateur, comme hélas la plupart des présidents de nos pays arabes ; de plus, il n’y pas de liberté politique en Syrie (pas plus qu’ailleurs dans notre région). L’opposition, qui était à l’origine menée par des Syriens désireux de plus de liberté, de démocratie et de justice, est devenue depuis de nombreux mois menée par des groupes terroristes islamistes, qui ne sont pas moins dictateurs et sans scrupules, comme on peut le constater chaque jour.
Les Syriens ont le choix entre deux dictatures : l’une politique et l’autre religieuse, toutes deux intransigeantes et idéologiques, chacune se targuant d’être respectueuse des droits des gens. Pour beaucoup, la dictature politique est moins intolérante que la dictature religieuse, parce qu’elle ne force pas la conscience. C’est ce qui explique pourquoi beaucoup de personnes en Syrie, notamment les musulmans sécularistes, les Alawites et les chrétiens préfèrent la dictature actuelle à celle des salafistes : entre deux maux, ils préfèrent le mal mineur !
3. La Syrie n’a pas agressé Israël, lsraël occupe la Syrie
Je voudrais signaler que la Syrie, contrairement à ce qui est affirmé dans l’interview, n’a pas choisi la guerre à Israël. Au contraire, bien qu’Israël ait volé à la Syrie une grande part de son territoire, le Golan, et qu’elle n’a jamais accepté de le rétrocéder, la Syrie n’a jamais entrepris depuis, une quelconque attaque contre Israël, ni dans le Golan ni ailleurs. En paroles, tout le monde sait que les présidents des pays arabes sont tenus, pour calmer ceux de leurs citoyens qui poussent à la guerre, de défier verbalement Israël. En revanche, Israël ne s’est JAMAIS embarrassé d’envahir ses voisins et d’en occuper ses terres, qu’il s’agisse de l’Egypte, de la Palestine, de la Syrie ou du Liban. Et l’Europe et les Etats-Unis n’ont jamais réagi contre Israël, ni en bombardant l’envahisseur, ni même en le critiquant !
4. Qui a autorisé certains pays à bombarder d’autres ? La guerre n’apportera pas la paix à la Syrie
Mais certains trouvent normal que l’Europe (France ou Grande-Bretagne) et les Etats-Unis bombardent la Syrie ou d’autres pays, pour y instaurer la paix, ou – pour être clair – « leur paix ». Je m’étonne qu’un homme de paix, un évêque qui plus est, affirme à la radio, « après réflexion, qu’un coup de semonce, un avertissement armé, fort, limité, proportionné, est nécessaire. S’il est décidé par les États-Unis et la France, je le comprends ». Evidemment, il s’agit de pays dits « civilisés » et « démocratiques », chargés par la communauté internationale et par l’ONU d’instaurer la paix et le droit dans le monde ! Ils ne sont pas comparables à Hitler, à la différence d’un Bachar al-Assad ! Ils sont pleins de sagesse, eux, bombardant de manière « forte, limitée et proportionnée » !
5. La guerre des USA contre la dictature de Saddam n’a apporté à l’Irak que plus de violence
Peut-être les Etats-Unis réussiront-ils à améliorer le score de la guerre d’Irak, contre un autre dictateur, Saddam Hussein, lors de l’invasion de l’Irak commencée le jeudi 20 mars 2003 et achevée le dimanche 18 décembre 2011
(après 3207 jours) après le retrait du dernier soldat américain. Selon l’Irak Body Count, il y aurait eu de 105.052 à 114.731 civils irakiens morts dans les violences, tandis que le syndicat des journalistes irakiens parle d’au moins 250.000 civils irakiens morts, plus 39.900 combattants morts. De son côté, la revue scientifique The Lancet (le 11 octobre 2006) estimait que le nombre de morts oscillait entre 426.369 et 793.663, tandis que l’institut britannique indépendant « Opinion Research Business » a estimé (le 28 janvier 2008) que le nombre était compris entre 733.158 et 1.446.063. De plus, cette guerre a provoqué l’exode de plus de deux millions d’irakiens. Bien sûr, nous sommes loin des méfaits d’Hitler, car nous sommes en démocratie !
Enfin, rappelons-nous que les suites de cette guerre pour débarrasser l’Irak de ce dictateur infecte, Saddam Hussein, se prolongent aujourd’hui jour après jour. Pas plus tard que dimanche dernier 15 septembre, on compte près de 50 morts et plus de 100 blessés graves, suite à des attentats. Depuis le 1er janvier de cette année, l’AFP estime, à plus de 4100, les personnes tuées dans les attentats en Irak.
6. Je voudrais conclure. Le mercredi 2 juin 2010, le pape Benoit XVI, évoquant l’attaque de la flottille au large de la Bande de Gaza, disait : « La violence génère un surplus de violence ».
De son côté, le patriarche grec-melkite-catholique Grégoire III Lahham, dans sa lettre ouverte du 4 septembre 2012, disait :
« Pour la Syrie, la réconciliation est la seule chance de salut … il s’agit de la route la plus difficile mais également de la seule raisonnable, en ce qu’elle représente une garantie pour l’avenir … Elle est inévitable [car aucune des parties en conflit ne parvient à prévaloir sur l’autre]. La violence génère la violence, le dialogue renforce et fait fructifier le dialogue. La réconciliation prépare les cœurs et les esprits en vue d’un dialogue ultérieur et de la réconciliation … L’Eglise en Syrie est appelée au ministère de la réconciliation par tous les moyens disponibles ».
Le patriarche appuie le mouvement Mussâlaha (Réconciliation), initiative populaire interreligieuse née de la société civile syrienne. A tous les citoyens syriens, le patriarche propose « un chemin différent de la violence, … parce qu’à la fin personne ne remporte la victoire par la violence, mais tous sont vainqueurs avec le pardon… Pour le ministère de la réconciliation, je suis prêt à donner ma vie » conclut Sa Béatitude Grégoire III.
Il n’y a d’autre voie que le dialogue et la réconciliation, aussi difficile que cela puisse être, pour tous.
samirkhsj@hotmail.fr
Polémique entre un patriarche syrien et un évêque français à propos de la Syrie
BBC & Maaloula: Rapport édifiant
J’ai été sur la page de la BBC référencée par l’intervenant Fathi El Yafi; j’y ai effectivement lu le rapport de لينا سنجاب mettant en doute, de la bouche de chrétiens de Maaloula, les « menaces des jihadistes ». Voici le lien complet :
http://www.bbc.co.uk/arabic/middleeast/2013/09/130919_syria_malula_sinjab.shtml?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter
(Page mise à jour le 19 septembre).
Souhaitons à d’aucuns, habitants des sphères élevées, de condescendre à « descendre si bas »; pour s’informer.
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)
1. A Monsieur Fathi El Yafi,
Vous affirmez sans jamais donner de preuve. C’est dommage! Sur le site BBC bbc.in/18dxwXZ je n’ai rien trouvé qui ait un quelconque rapport avec Ma’lula.
Par ailleurs, vous dites des généralités: soyez un tant soit peu précis, cela nous éclairerait tous.
P. SAMIR
2. A Monsieur Ramez
Vu le style et le niveau de vos réflexions et de vos références, je préfère ne pas descendre si bas! Les lecteurs pourront juger.
P. SAMIR
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)Tout d’abord, les faits. – Oui l’attaque de Maaloula est un acte de propagande du régime de Damas. Toutes les informations, sources locales et autres, le confirment. La dernière en date est celle de la BBC bbc.in/18dxwXZ. – Les jihadistes sont la création du régime syrien, n’oublions pas les épisodes irakiens et libanais (Fath al Islam). Ils sont sa raison d’être. – 50 ans de pouvoir en Syrie et 30 ans d’occupation du Liban, nous ont appris les méthodes de manipulation du régime, surtout lorsqu’il s’agit des minorités. – Mgr Dagens a parfaitement compris… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à S. Khalil, sJ)Il serait éclairant, pour ce débat, d’informer le lecteur sur un point important : L’intervenant Samir Khalil, sJ, vit-il au Liban? En Syrie? Auquel cas s’éclairerait quelque peu son plaidoyer, au demeurant très laborieux, en faveur de la perpétuation de la dictature du Gang Assad allié aux violents islamistes intégristes chiites iraniens dont la Syrie est en train de pâtir, à son tour, sur les traces du Liban. Plaidoyer qui fait feu de tout bois, y compris de recyclables de çà et de là, soutenu par un dispositif d' »arguments » en « copier-coller », point par… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)Cher Lecteur anonyme, merci de votre réponse, qui me laisse néanmoins insatisfait. J’aime la précision et je prends les mots pour ce qu’ils signifient. 1. Je n’ai jamais parlé de « hordes sanguinaires » ni de « terroristes qui veulent tuer tout le monde ». Ce sont vos termes, pas les miens. Du coup, avec ces catégories, les vôtres, le dialogue n’est pas possible. J’ai seulement parlé de terroristes attaquant Ma’lula au cri de Allāhu Akbar, ce que la presse a rapporté. Ce sont là des faits, et non pas mes « théories ». 2. Or… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)Je vous remercie pour votre réponse mon Père, et je suis très reconnaissant du fait que vous ayiez pris le temps de prolonger ce débat constructif, surtout que c’est avec un modeste lecteur anonyme comme moi. Cela dit, permettez- moi ces quelques remarques en guise de réponse: – ce n’est pas ma conception de l’opposition, mon Père, vous l’auriez évidemment compris, c’est juste l’impression qu’on a en vous lisant, c’est vous- même qui la décrivez ainsi : « L’opposition, …, est devenue depuis de nombreux mois menée par des groupes terroristes islamistes, qui ne sont… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)Je vous remercie pour votre réponse mon père, et je suis très reconnaissant du fait que vous ayiez pris le temps de prolonger ce débat constructif, surtout que c’est avec un modeste lecteur anonyme comme moi. Cela dit, permettez- moi ces quelques remarques en guise de réponse: – ce n’est pas ma conception de l’opposition, mon père, vous l’auriez évidemment compris, c’est juste l’impression qu’on a en vous lisant, c’est vous- même qui la décrivez ainsi : « L’opposition, …, est devenue depuis de nombreux mois menée par des groupes terroristes islamistes, qui ne sont… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)Je suis parfaitement d’accord avec les remarques du Prof. Antoine Courban, et le remercie notamment pour ses remarques finales. Pour ce qui est des remarques anonymes de « free wind », j’observerai (en suivant ses 6 remarques): 1. Je ne sais pourquoi vous parlez de « hordes sanguinaires » et de « terroristes qui veulent tuer tout le monde ». Votre idée de l’opposition est surprenante. Avec une telle conception, il n’y a évidemment pas de dialogue possible. 2. Le mal est partout et chez tous. Le dialogue est le moyen le plus sûr – mais… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)– Si ce qui est dit est vrai, à savoir que l’alternative à Assad n’est rien d’autre qu’une dictature religieuse d’une horde sanguinaire de djihadistes terroristes qui veulent tuer tout le monde, pourquoi donc prôner le dialogue? Ce sera un dialogue entre qui et qui alors? Entre deux maux? Et pour avoir quoi au final? La totale: une dictature sécularo- théocratique. Génial ce dialogue. – On croyait que « Allah akbar » était un témoignage de foi que les musulmans répètent au moins cinq fois par jour lors de l’appel à la prière par exemple. On… Lire la suite »
Réflexion sur la Syrie (à Mgr Dagens)Les arguments du Père Samir Khalil sont rationnels et convaincants. Bien sûr il n’y a point d’autre solution que le dialogue en vue de la paix. Ceci est l’affaire des syriens eux mêmes que la communauté internationale doit aider dans ce processus, s’il est encore temps. La communauté internationale n’a fait, jusqu’à présent que protéger les intérêts stratégiques des uns et des autres dans la crise syrienne. Mais avant le dialogue il y a la JUSTICE, seule borne du droit des peuples comme le disait Tocqueville. La communauté internationale DOIT rendre justice à ce… Lire la suite »