À Beyrouth vendredi, Jean-Yves Le Drian a invité les responsables du pays à négocier avec le FMI.
Beyrouth
Au terme de sa visite de deux jours au Liban, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé vendredi un soutien de 15 millions d’euros aux écoles privées francophones au Liban, un pays «au bord de l’abîme», selon lui. Ce montant représente un dixième des fonds du programme d’urgence post-Covid-19 lancé par la France pour soutenir la francophonie dans le monde. «Et cela, parce que c’est le Liban!», a souligné Jean-Yves Le Drian, sous les applaudissements de la foule réunie pour l’écouter à l’école du Carmel Saint-Joseph, à Mechref, au sud de Beyrouth.
Malgré sa petite taille, Le Liban occupe une place à part dans la francophonie: le réseau libanais des écoles homologuées est le plus important au monde. Avec 60.000 élèves, il se place loin devant le numéro deux, le Maroc, qui compte pourtant une population sept fois plus importante. Au total, plus d’un demi-million d’enfants au Liban sont scolarisés dans des écoles francophones, soit l’équivalent de la moitié des effectifs nationaux.
Mais ce n’est pas tout. Le Liban bénéficiera aussi à hauteur d’environ 75 % d’un fonds spécial de 2 millions d’euros annoncé par l’Élysée en début d’année. L’ONG L’Œuvre d’Orient a contribué à la moitié des fonds et s’occupera de leur suivi sur le terrain, qui devrait concerner une soixantaine d’écoles chrétiennes.
«Nous allons devoir accompagner la restructuration de nombreuses écoles», confie Vincent Gelot, directeur de L’Œuvre d’Orient à Beyrouth. Entre autres, le but est «d’aider les écoles pauvres en zones isolées qui accueillent des enfants de toutes les confessions», explique-t-il.
Les écoles publiques, où sont scolarisés seulement 30 % des enfants au Liban, reçoivent de l’aide de la France via les Nations unies et l’Agence française de développement, selon une source de l’ambassade de France à Beyrouth.
Message ferme
Les écoles souffrent de la crise économique profonde que traverse le pays, aggravé par la pandémie du coronavirus. Fin mai, le secrétaire général des écoles catholiques, Boutros Azar, avait tiré la sonnette d’alarme, en annonçant la fermeture prochaine de 80 % des 329 écoles catholiques. Interrogé par Le Figaro, ce dernier affirme que, depuis, la situation s’est améliorée, notamment grâce à la décision du gouvernement libanais d’allouer 500 milliards de livres libanaises – 284 millions d’euros au taux officiel, très peu utilisé, ou 53 millions d’euros au taux parallèle – aux écoles publiques et privées.
Reste que le gouvernement a eu de nombreuses difficultés ces derniers mois à débourser des plans d’aide. Rien ne prouve qu’il s’en sortira mieux cette fois-ci. «Si l’État ne nous paie pas cette bourse-là, nous n’allons pas aller de l’avant avec l’ouverture des écoles», met en garde Boutros Azar.
«Le Liban est au bord de l’abîme», a répété Jean-Yves Le Drian pendant sa visite. Son message aux autorités libanaises a été ferme: elles doivent continuer les négociations avec le FMI et mettre en œuvre des réformes concrètes, sinon ni la communauté internationale, ni la France ne viendront à son secours. En attendant, la France se cantonnera à de l’aide humanitaire et au secteur éducatif.