Préparez-vous au pire, les fameux « quatre généraux » sont libres ! Leur célébrité macabre, comme agents-collabos de premier ordre du dictateur syrien, éclabousse le Liban tout entier d’un océan de puanteur. Une affreuse nausée, mélangée à une vulgarité crue (et cruelle, surtout quand on qualifie la «révolution du cèdre » par la « révolution d’oignon »!) et un cynisme morbide, règne sur la scène politique libanaise, et cela risque de durer longtemps.
Les « héros » prisonniers, qui étaient en détention provisoire depuis plus de trois ans après l’assassinat de Rafik Hariri, ont quitté leur prison en fanfare. Samir Kontar, le fracasseur des petits crânes, et dont la libération « héroïque » a coûté toute une guerre, selon l’instigateur en chef de la guerre de l’été 2006, va devoir accepter d’autres « héros » à ses côtés !
Tapis rouges, convois interminables de grosses bagnoles, banderoles et portraits géants, moutons égorgés, cordons sécuritaires, présence massive de députés et dignitaires civils et religieux, discours de fer et de guerre, tirs nourris de joie dans l’air pour « rafraîchir » la mémoire défaillante du camp adverse (les 14 mars) sur la puissance militaire d’en face (les 8 mars), tout était prêt lors de l’annonce de la décision de leur libération. Il ne manquait que le champagne (haram)! Le Hizbollah a tout préparé, il a mis tout son poids dans cette fête nauséabonde. C’est la fête de trop !
Après une période de flottement et d’accalmie politique relative au Liban, qui a suivi l’attaque éclair du Hizbollah le 7 mai 2008 contre Beyrouth, et un peu moins éclair et plus coûteuse contre la montagne du Chouf, et l’accord de Doha qui a institué, sous la pression des armes, une nouvelle situation au niveau de l’organisation du pouvoir libanais, en accordant la minorité de blocage aux putschistes, les déclarations fracassantes du cheikh Ibrahim Amine El Sayed, chef du conseil politique du Hizb, ouvre, de nouveau, les portes de l’enfer devant le pays, en brisant le fragile équilibre de Doha. Ils veulent toujours plus! Ces déclarations trahissent une volonté d’hégémonie totale sur le pouvoir au Liban.
Et à notre cher général (encore un !) Jamil el Sayed de rajouter, dans la même occasion, après avoir annoncé la couleur en annonçant sa volonté de punir et de se venger de tous ceux qui ont osé toucher à sa « Majesté » en le jetant en prison, et comme pour remuer le couteau dans la plaie de toute une communauté, que seul Rafik Hariri (le martyr) reste prisonnier !
Ces déclarations viennent après le discours (dont les bandes audios et visios ont été confisquées) de Mohamed Raad, le bras droit ambulant de Hassan Nassrallah, dans un meeting électoral dans son fief au sud du Liban, et qui annonce que le pouvoir libanais doit suivre le sort de Bush et Olmert, donc partir avec eux ! Mais il a oublié de préciser qui va remplir le vide qui en résulte. Tout le monde, et surtout sa base communautaire et confessionnelle, peut comprendre facilement que le Hizbollah est prêt ! Avec, peut être, après des élections « victorieuses et divines », et comme cerise(s) sur le gâteau, Jamil El Sayed au ministère de l’intérieur, Moustafa Hamdan aux « écoutes », et Adnan Addoum (coucou le revoilà!) à la justice !
Ce que je viens de dire n’est pas un appel à la reddition devant les armes et la puissance militaire du Hizbollah, qui reste la pièce maîtresse de l’Iran chiite et son offensive hégémonique dans la région, face au monde sunnite, incarné surtout par l’Arabie Saoudite et l’Egypte.
Ce parti « divin », contrairement à l’idée dominante et propagée par le parti lui-même, n’est ni « divin» ni infaillible. Car, de toute évidence, la force rend le puissant un peu aveugle, et les exemples historiques ne manquent pas. Surtout dans un pays communautaire comme le Liban où le « fort » oblige tous les « faibles » à guetter le moment « historique » pour renverser sa domination selon un mécanisme confessionnel inaltérable, et où une domination durable oblige le dominant à occuper en permanence les régions dominées, village par village, et quartier par quartier. Certainement, l’hégémonie idéologique selon la conception de Gramsci, vu le rempart religieux qui empêche l’adhésion, est impossible!
La gourmandise grandissante du Hizbollah renforce toujours le camp de ses opposants, car c’est une source régénératrice de peur et d’inquiétude. Rappeler-vous la manifestation monstre du 8 mars 2005, et le discours hautement provocateur et arrogant de Hassan Nassrallah remerciant le régime syrien « soupçonné » de l’assassinat de Hariri, cet assassinat qui peut être qualifié de mini-guerre concentrée contre la communauté sunnite du Liban, ce qui a fait descendre dans les rues de la capitale la plus grande manifestation de l’histoire du Liban. Et les dernières déclarations de Walid Joumblat, après une période de tergiversations et d‘hésitation dans un camp à moitié disloqué, contre les symboles du régime de domination syrienne en sont la preuve!
bassamaccaoui@yahoo.fr
* Paris
Les hyènes sont de retour !
La liberation des gens non inculpés est un honneur pour la justisse mondiale et une honte pour les politiques libanaises