Les évêques de France prêts à un big bang de l’Église

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Mariage des prêtres, ordination des femmes, révision de la liturgie… Leurs propositions de réforme sont aussi inédites que radicales.

 

 

Mariage des prêtres, femmes diacres ou prêtres, transparence dans les décisions paroissiales, révision de la liturgie… Les propositions issues des diocèses de France pour « le synode sur la synodalité », voulu par le pape, pourraient bouleverser l’ordre établi dans le sacerdoce des prêtres. « Une réelle reconnaissance » envers eux est pourtant soulignée. Elles ont été validées, mercredi à Lyon, par les évêques, puis transmises « telles quelles » à Rome, accompagnées d’une lettre qui les justifie et les met en perspective. Jamais l’Église de France n’avait voté et assumé un texte aussi radicalement réformateur, en particulier sur le sacerdoce.S’achève ainsi la première phase d’un synode mondial sur la gouvernance de l’Église, convoqué en 2021 par le pape François. À Rome, d’ici à décembre 2022, s’ouvrira une seconde phase qui va rassembler l’ensemble de ces propositions nationales pour préparer la tenue effective de ce synode au Vatican, en octobre 2023.Le document français s’intitule « Collecte des synthèses synodales ». Ces dernières ont été votées par la centaine de diocèses de France depuis septembre dernier, puis par l’assemblée des évêques de France, réunie à huis clos. Elles ont été présentées à la presse par Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), par Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes en charge de ce dossier ainsi que par une jeune mère de famille, Lucie Lafleur.

Un diagnostic sévère

 

Les dix propositions posent un diagnostic sévère sur l’exercice actuel du sacerdoce catholique : « autoritarisme, difficultés dans les relations avec les femmes, attitude surplombante plus que fraternelle ».

Les évêques proposent donc « que le célibat des prêtres soit laissé au libre choix de ceux-ci, de sorte que l’ordination presbytérale et le mariage soient compatibles ».

Autre grief, la « criante disproportion entre le nombre de femmes engagées » et celles « qui sont en situation de décider ». Ce qui engendre « d’innombrables blessures », une « attente criante », une « révolte ». D’où « de nombreuses demandes pour que les femmes puissent recevoir l’ordination diaconale » et qu’elles puissent être chargées de « la prédication ». Ce qui serait un « premier pas ». Certains voudraient qu’elles « puissent être ordonnées prêtres ».

Les évêques appellent aussi à une « diversification des liturgies au profit des célébrations de la parole », avec une « place centrale pour la méditation des écritures ». Selon eux, l’eucharistie est certes « essentielle », mais sa liturgie peut être un « lieu de tension » : tant pour « l’irrecevabilité du langage » de l’Église – trop complexe pour les fidèles -, que pour les « exclus des sacrements (personnes homosexuelles, divorcés remariés) ».

150 000 catholiques ont élaboré ces cahiers de doléances, soit 10 % des pratiquants, mais « peu de jeunes et de jeunes adultes », reconnaît l’épiscopat, qui note aussi « la difficulté pour beaucoup de prêtres à reconnaître l’intérêt de ce synode ». Mgr Joly admet : « toutes les sensibilités ne se sont pas exprimées et il nous manque une génération, les 25-45 ans. »

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