Benjamin Barthe (Beyrouth, correspondant)
La coïncidence n’est sûrement pas fortuite. Au moment où l’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe prennent leurs distances avec le Liban, en signe de protestation contre l’emprise du Hezbollah pro-iranien sur ses institutions, l’empire politico-économique de l’ancien premier ministre Saad Hariri, un protégé de Riyad, tremble sur ses bases.
Dimanche 21 février, un article de RFI révélait que la maison mère du groupe, l’entreprise Saudi Oger, fondée en Arabie saoudite à la fin des années 1970 par Rafic Hariri, le père de Saad assassiné en 2005, se trouve en cessation de paiement de fait depuis la fin de l’été. Les 39 000 employés de ce géant du BTP, bâtisseur quasi attitré des palais de la famille royale, ont passé tout l’automne et le mois de janvier sans salaire. Ce n’est qu’à la mi-février qu’ils ont touché leur paye de septembre 2015, avec une promesse de régularisation à partir de mars.
Les plus pénalisés sont les ouvriers d’Asie du Sud-Est – Philippins, Indiens, Népalais ou Pakistanais, incontournables dans les chantiers de construction du Golfe. Le retard de paiement affecte aussi le personnel encadrant, dont quelque 200 expatriés français. Leurs difficultés financières ont incité l’ambassadeur de France en Arabie saoudite à écrire à deux reprises à Saad Hariri, le président du conseil d’administration de Saudi Oger.
« Des budgets gérés à tort et à travers »Mais la crise se fait sentir bien au-delà des frontières saoudiennes. Elle fragilise l’ensemble du camp Hariri au Liban : non seulement le Parti du futur, locomotive de l’Alliance du…