Le glas retentit triste et morne. Les espoirs si ténus d’un éventuel soubresaut des politiciens en vue de créer une nouvelle indépendance sont morts et leur enterrement est en cours.
Le Liban a connu ces vingt dernières années des évènements exceptionnels qui auraient dû apprendre à certains des politiciens influents de ce pays qu’ils ne peuvent que compter sur eux-mêmes et tenter de former des alliances pour résister à toute ingérence qui ne tiendrait pas compte de la nécessité de créer un état de droit dans lequel ce sont les institutions qui dominent aux dépens des individus.
Certains considèrent que la politique doit être fluctuante, épouser les contours des arrangements internationaux et que les politiciens doivent savoir retourner leur veste au moment opportun. On appelle cela de l’intelligence politique. En réalité, ce n’est qu’un alignement des ses propres intérêts claniques sur ceux de l’étranger. C’est ce qui s’est produit récemment : au lieu que ceux qui dirigent ce pays ne profitent des changements familiers de la politique occidentale ou régionale pour s’arcbouter sur des revendications d’indépendance réelle, pour offrir un front de résistance opiniâtre à tout retour de tutelle quelle qu’elle soit, pour enfin agir en vue de permettre à nos fils et filles d’être fiers de continuer ou de retourner vivre dans un pays qui a su se battre pour construire cette nouvelle République indépendante, nous nous rendons compte qu’ils se sont retrouvés, encore une fois, aveuglés. Ils se sont résolus à plier l’échine pour prendre le train de leurs intérêts claniques en marche et reconstituer le Liban tribal avec ses chefs de hordes et leurs sbires.
La majorité et l’opposition sont identiques : ils se trouvent encore à l’étape infantile de leur développement et ils ont choisi de se fixer à cette période, incapables de s’émanciper de leurs déterminismes. Les familles des morts – surtout celles des oubliés, ces innocents Libanais qui se sont trouvés par hasard sur la route des attentats – associées aux quelques Libanais encore lucides, ne peuvent plus verser que des larmes amères.
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