NSO est accusé d’aider des États à infiltrer les données de téléphones portables d’opposants, de journalistes et de diplomates.
À Jérusalem
NSO l’a échappé belle. Cette firme israélienne connue de tous les services de renseignement dans le monde et à la réputation sulfureuse est sortie victorieuse d’une bataille juridique engagée notamment par Amnesty International. Un tribunal de Tel-Aviv a rejeté la demande présentée par l’ONG d’annuler les permis d’exportation délivrés par le ministère de la Défense israélien à cette firme privée.
Les défenseurs des droits de l’homme de dizaines de pays accusent NSO, fondée il y a dix ans par trois Israéliens, d’aider des agences de sécurité à infiltrer et contrôler les données de téléphones portables d’opposants, de journalistes, de diplomates. Le logiciel d’espionnage Pegasus, produit vedette de l’entreprise, aurait, selon ses détracteurs, été utilisé pour suivre à la trace Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné en octobre 2018 dans les locaux du consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.
À la fin de l’an dernier, WhatsApp a également déposé plainte aux États-Unis contre NSO en l’accusant d’avoir ciblé les smartphones de 1400 personnes dans le monde, dont des diplomates, des journalistes, des opposants. Selon l’institut Citizen Lab de l’université de Toronto, Pegasus est utilisé dans 45 pays par différentes agences gouvernementales. Dans six de ces États, cette technologie viserait des civils qui auraient maille à partie avec les autorités.
La dernière affaire en date remonte au mois dernier, Pegasus aurait permis d’exercer une surveillance des autorités marocaines à l’encontre d’Omar Radi, un journaliste.
Audiences à huis clos
Malgré toutes ces affaires, le tribunal de Tel-Aviv a estimé que les procédures de contrôle des demandes de permis d’exportation sont appliquées de «façon méticuleuse» par le ministère de la Défense, qui peut en cas de besoin «les révoquer ou les suspendre s’il parvient à la conclusion que ces exportations portent atteinte aux droits de l’homme». Amnesty International a vertement dénoncé ce verdict affirmant avoir apporté «une montagne de preuves» du contraire.
Petit détail: les dossiers abordés ont été jugés à ce point sensibles que le ministère de la Défense a demandé que les audiences se déroulent à huis clos pour ne pas «porter atteinte aux relations étrangères d’Israël» ce qui a finalement été rejeté par un juge. Mais la publicité des débats n’a finalement rien changé au jugement.
NSO, qui emploie un demi-millier de salariés, s‘est félicité de la décision de justice qui aurait pu paralyser ses activités. L’entreprise, qui cultive en général la discrétion, a estimé que le tribunal avait rejeté des «allégations sans fondement». «Nous avons créé une technologie qui aide les agences gouvernementales à prévenir et faire échec au terrorisme, aux trafiquants de drogue, aux pédophiles et autres criminels qui ont accès eux-mêmes à une technologie avancée.» «Nos détracteurs n’ont pas de réponse aux défis de sécurité du XXIe siècle», a ajouté l’entreprise
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