Je ne bois pas, je ne fume pas, je b…modérément, comme une quinqua. Je n’aime pas les plans à 3, je n’ai ni lu ni vu 50 shades of Grey, je n’aime pas les pratiques SM, je suis désespérément hétéro et pas bi du tout. J’ai toujours voulu être une fille et je souhaiterai vivement le rester pour mes dix prochaines réincarnations. Mes parents n’ont pas divorcé, j’ai une seule mère et un seul père. J’ai fumé mon premier quart de joint à un âge avancé : à 40 ans. Je ne sniffe pas. Je me shoote au chocolat. Je n’ai qu’un modeste tatouage à l’épaule droite, 99,97 % de la surface de mon corps est encore vierge. Je n’ai pas de piercings, juste deux trous dans chaque lobe auriculaire pour y accrocher mes boucles d’oreilles. Je n’ai pas de faux ongles, je fais ma propre manucure et j’aime les couleurs traditionnelles. Je n’ai pas de mèche bleue, ni rouge, ni mauve, pas d’extensions non plus.
Je ne connais pas les noms des derniers endroits branchés de la capitale. La musique à tue-tête me fait fuir de partout : que ce soit des boutiques et autres « nightliferies ». J’aime les ambiances feutrées où il fait bon discuter et dîner sans nécessairement y être vue et reconnue. Je le sais, je suis d’un ennui sans égal. Moi qui pensais avoir bousculé les conventions avec mes 3 couples assumés, je me suis lourdement trompée. Tout d’abord je n’ai aimé que des hommes et ça, ça ne compte pas. De nos jours si on n’a pas une sexualité aux horizons ouverts, ce n’est pas bon…pour la santé des autres. Bien sûr que je suis pour le mariage pour tous, pour la gay pride aussi, mais je réalise qu’il faut lutter pour sa pride tout court si on veut avoir une petite place dans un monde qui privilégie la normalité (c’est-à-dire ce que je ne suis pas) aux dépends de l’anormalité (ce que je suis précisément). Je dois avouer que je suis devenue, à la suite d’une série de désillusions répétées, hétérophobe ! Eh oui ! Je déteste cette case dans laquelle je me sens prisonnière. Cette case qui m’empêche d’avancer dans la vie parce qu’en étant hétéro et même pas bi, je n’intéresse personne. Mon devenir est aussi banal que mes activités sexuelles : pas de partouze & Co.
Et puis pour couronner le tout, je ne suis pas féministe. Je suis pour que les hommes et les femmes soient égaux dans leurs droits mais pour le reste, je revendique ma féminité et le plaisir fou que j’ai à être protégée par un homme. L’idée du sexe faible me plait. Je la trouve furieusement poétique. Je suis idéaliste, j’ai le cœur sur la main et je suis fleur bleue. Oui, au 21 ème siècle, ça fait ringard. Je ne suis pas blasée, un rien m’émerveille. Je ne suis pas une Fashionista, je porte ce qui me plaît et j’adore le vintage. Je n’achèterai pour rien au monde un Stella McCartney juste parce que c’est tendance de payer la peau des fesses un sac en peau de rien du tout. Et par-dessus tout, je déteste les signes extérieurs de richesse, ce qui exclut d’office 85% de mon entourage.
Je suis fan des réseaux sociaux mais je ne suis inscrite sur aucun site de rencontre : j’ai déjà de la peine à gérer ma page Facebook, à jongler entre mes deux comptes sur twitter (le personnel et le professionnel) et à gérer mon Instagram. Pas de Kindle ni de Kinder surprise et encore moins de Pornhub. J’adore faire de la photo, spoter des couchers de soleil et faire des voyages qui me remplissent d’Art et de Beauté. Je déteste les déjeuners de femmes et à plus de 5 chromosomes XX attablées, je perds pied. Je gère mes amitiés et mes amours en solo. Les sorties en bandes pompent mon énergie. J’ai horreur des commérages, des histoires de cul et de tout ce qui intéresse la majorité de mes compatriotes. Je ne suis ni malvoyante ni malentendante jusque-là, mais qui sait ce que nous réserve l’avenir ? Je passe souvent pour une chieuse mais ça ne me dérange pas du tout. Ça a le mérite de trier naturellement ceux et celles qui gravitent autour de moi. Je dénoncerai l’injustice là où elle se trouve et je dirai à tous, lorsqu’il le faut, leurs quatre, voire leurs mille vérités en face. Et très souvent par écrit.
Vous devez vous demander ce qui motive l’écriture d’un tel texte. Je voulais simplement actualiser mon CV en le mettant au parfum du jour. Et du moment que je ne réussissais pas à faire le tri entre ce qui est in ou out, je réalise là tout de suite que le couperet vient de tomber de lui-même : #Expirée #NonRecyclable #MêmePasBi
*Beyrouth