Carmel Shama en avait marre, alors ce parlementaire a décidé qu’il était temps de renouer avec ses racines ethniques. Pour répondre à toutes les confusions autour de son identité, il a demandé au ministère de l’intérieur l’ajout d’un appendice à son patronyme afin de devenir officiellement le député « Shama-Hacohen. »
Beaucoup de gens le prenaient par erreur pur un Druze. En fait, alors qu’il visitait Auschwitz, des députés l’avaient complimenté pour sa manifestation de « solidarité avec le peuple juif. » On lui a aussi fréquemment demandé de donner son avis sur des « affaires arabes en tant que membre de cette communauté.» Apparemment, c’était un peu trop à gérer pour lui.
C’est là un exemple flagrant de la manière dont le « sionisme ashkénaze » européen a corrompu les esprits de ceux qu’on qualifie de « membres du groupe Mizrahi, » originaires d’Afrique du Nord et du Moyen Orient.
Il convient de signaler que la raison première pour laquelle les Israéliens devaient mentionner leurs identités nationales ethno-religieuses sur les documents officiels était de permettre aux institutions ashkénazes de distinguer entre Juifs et Arabes, dès lors que de nombreux Juifs venaient de pays arabes et avaient des noms arabes. Au début, seules deux catégories apparaissaient : Juifs et Arabes. Dans une étape ultérieure, « Druze » sera ajouté comme catégorie distincte.
Comme le ministre de l’intérieur Eli Yishal a refuse d’appliquer un arrêt de la Haute Cour décidant d’inclure les Israéliens qui se sont convertis auprès du judaïsme réformé dans la catégorie des Juifs, la mention de la nationalité n’apparaît plus ces dernières années que comme une série d’astérisques sur les cartes d’identité. Mais d’autres marqueurs identitaires qui distinguent entre « Juifs » et Arabes subsistent.
Prenez, par exemple, un nom comme « Yosef Hadad » En se basant seulement sur le nom, il est impossible de savoir si celui qui porte ce nom est un Arabe ou un Juif. Des policiers entraînés, par contre, peuvent situer immédiatement la différence. Pour promouvoir l’objectif « digne d’intérêt » de séparer citoyens Juifs et Arabes, des officiels du ministère de l’intérieur ont voulu supprimer l’obligation de noter le nom du « grand père Juif. » En supposant donc que ce Yosef Hadad est Juif, le nom de son grand-père ne figurera pas sur sa carte d’identité. Mais s’il est Arabe, le nom de son grand père sera affiché fièrement. N’est-ce pas une assez élégante forme d’apartheid dans l’identification ?
Les années passant, les tensions nationalités ont incité de nombreux « Juifs Arabes » à essayer de s’éloigner de leur identité ethnique. Mais comment le pourraient-ils alors que leur apparence, leurs goûts musicaux et alimentaires et leurs styles de vie sont si proches du milieu culturel d’où ils sont venus ?
La seule manière pour eux de consommer la rupture a été d’adopter des signes ostensibles de l’identité religieuse juive, les kipas et les étoiles de David autour du cou en premier lieu. En fait, la mesure dans laquelle des étoiles de David pendent à leurs cous et des kipas couvrent leurs têtes, correspond directement à leur niveau de déni de leur appartenance ethno-religieuse arabe. L’expression la plus grotesque d’un tel déni, ce sont les chapeaux et les vêtements hassidiques portés par les membres du Shas.
Pour le dire autrement, un chapeau brûle sur la tête de chaque négateur de soi.
La séparation ethnique a été, et reste bien vivante chez les citoyens de ce pays. Le député Shama-Hacohen peut estimer s’en tirer à bon compte. Nous pouvons même profiter de l’occasion pour lui faire cadeau de deus députés Druzes, les députés Ayoob Kara (Likoud) et Hamad Amar (Yisrael Beiteinu) – qui à eux deux semblent encore plus extrémistes qu’Avigdor Lieberman et le rabbin Eliezer Sach pris ensemble. En fait, s’ils mettaient « Hacohen » à côte de leurs patronymes, ils feraient d’une pierre deux coups : premièrement, ils ne feraient plus honte aux Druzes ; deuxièmement, leur changement de nom rendrait fou le député Shama-Cohen.