C’est un juif ! Personne ne lui a posé la question, mais il y a répondu quand même. À quoi bon s’encombrer de questions quand on a des certitudes. Ziad Rahbani était sûr de son fait. Il a prononcé son oukase sans ciller. Anouar Brahem est un juif, et puisqu’il le dit, c’est que c’est vrai. A-t-on idée de contester les paroles d’un artiste chéri des foules ? N’a-t-il pas proféré son anathème depuis Damas, le « cœur battant » de l’arabisme ? N’y a-t-il pas été applaudi cinq soirées d’affilée par des « masses » enthousiastes ? Alors, il peut se sentir libre de débiter toutes les âneries qu’il veut, il peut même se donner tous les droits, y compris celui d’être abject, à défaut d’être stupide !
Comme son nom l’indique, Brahem est « sûrement » un juif. Circulez, il n’y a plus rien à rajouter !
A-t-on vraiment besoin de savoir que l’homme est musicien, ou qu’il est tunisien par exemple ? Sa « judaïté » ne suffit-elle donc pas à le définir et à le résumer. Ainsi pense le grand Ziad Rahbani. Doit-on en déduire que le Marx qu’il a découvert sur le tard et dont il se gargarise à longueur d’articles, n’est pour lui qu’un simple « juif » ? Quid de Noam Chomsky et Seymour Hersh, dont les écrits sont vénérés par Al-Akhbar, son journal favori ? Ne sont-ils donc que des juifs eux aussi ? Manifestement, Ziad Rahbani n’y a pas pensé, pressé qu’il était d’en découdre avec un musicien non juif, mais mondialement connu et apprécié.
Peu nous importe l’appartenance religieuse d’Anouar Brahem, mais faudrait-il pour rectifier l’erreur, être obligé de démentir sa « judaïté » fabriquée de toutes pièces et de brandir son acte de naissance pour prouver qu’il est « musulman » ? Ce serait l’insulter doublement. D’abord, et n’en déplaise aux Libanais, parce qu’on ne définit pas un homme par sa religion, ensuite parce qu’en voulant le défendre, la dernière chose à faire serait de répéter la même ignominie, mais à l’envers. Alors, pourquoi l’affirme-t-on ici ? Uniquement parce qu’Anouar Brahem lui-même a été acculé à le faire et s’il l’a fait, c’est probablement pour effacer ce qui est unanimement considéré dans l’abrutissement général comme une insulte (lire ici son article).
Pourquoi Ziad Rahbani s’est-il abandonné à ses bas instincts ? Est-ce par mimétisme avec le « peuple » dont il avait repris le parler cru pour agrémenter ses pièces de théâtre à succès ? Est-ce pour mieux épouser la pensée sectaire et raciste de ses nouveaux maîtres politiques ? Nul ne le sait. En tout cas, il a desservi beaucoup plus qu’il ne le croit la cause qu’il croyait défendre. A-t-il oublié que ce « juif » qu’il méprise appartient au même camp que lui ? Ne se souvient-il pas que ce même juif avait « vibré » à l’unisson avec lui aux premières nouvelles de la « victoire divine » ? N’était-il pas présent lors de la projection de « Mots d’après guerre », le film tourné par Brahem par solidarité avec une « élite » libanaise tétanisée par la guerre ? Ne se rappelle-il pas comment les tchékistes d’Al-Akhbar se bousculaient sur scène pour rendre hommage à celui qui a « ressuscité » un Joseph Samaha déambulant avec fierté dans les ruines de la banlieue sud de Beyrouth ?
Non, Ziad Rahbani n’a rien oublié de tout cela, mais il exprimait tout simplement sa rage de voir un grand artiste, qui a réussi à marier avec bonheur des musiques venant d’horizons multiples, atteindre la renommée mondiale pendant que lui se morfondait dans une frustration revancharde et une incapacité persistante à créer autre chose que des musiquettes qui n’arrivent même plus à séduire son public autochtone.
C’est un juif! Cela doit suffire, non?
J’ai envie de faire remarquer par cet avis personnel que je suis content de la qualité de ce blog. C’est rare mais les commentaires évitent d’être plombés par du spam de commentaires et on peut donc tenir une réelle discussion. Merci à vous c’est motivant.
C’est un juif! Cela doit suffire, non?Manifestement de culture politique médiocre, Ziad Rahbani, fort d’un hasard généalogique (ses parents) et d’une surenchère « bien de chez nous » (le takfîr progressiste) pense qu’être juif est une tare. Il aurait, probablement voulu désigner par cette insulte raciste celle de collaborateur d’Israël? Ce qui, déjà, se conçoit autrement mais bon, le langage politique arabe s’est tellement déprécié depuis que s’est installée l’hégémonie des idéologies totalitaires (baasisme et dérivées, intégrisme). Qu’il sache que les plus intelligents parmi nous sont ceux qui, aujourd’hui, essaient de dialoguer avec les milieux pacifistes en Israël sans remettre en question… Lire la suite »
صدق القائل
ابن العظيمة فيروز والعملاق عاصي….صدق القائل: »يخلق من العالم فاسد »