Au moment où la chaîne Al-Jazeera, au terme d’une longue enquête, relance l’hypothèse d’un empoisonnement de Yasser Arafat par les Israéliens, je vous livre les confidences qu’un haut-responsable de la DGSE m’avait faites quelques semaines après la mort en novembre 2004 du leader palestinien à l’hôpital militaire de Percy en banlieue parisienne.
« Nous ignorons la cause médicale de la mort de Yasser Arafat », affirmait ce dirigeant des services de renseignements français, qui assortissait sa remarque d’un petit sourire en coin.
Difficile de croire en effet que la France ne sache rien de cette mystérieuse disparition, qui pourrait ressembler à « un empoisonnement par le sang sur une longue durée ».
« Le dossier médical d’Arafat a été classifié et il est quelque part en France, mais personne ne parlera », précise un spécialiste des affaires arabes, qui se pose volontiers quelques questions. « Tous les prélèvements et toutes les analyses qui ont été effectués sur Arafat n’ont pas été diffusés », poursuit notre source, même si une telle rétention d’informations n’est pas étrange quand il s’agit d’un hôpital militaire comme celui de Percy où été soigné Yasser Arafat.
Selon lui, « il n’y a que Souha (la veuve, ndlr) qui peut découvrir la vérité, si elle demande l’exhumation du corps ». La jeune épouse de l’icône de la révolution palestinienne est repartie de Percy avec certaines analyses médicales. Mais pas celles qui permettraient de dire si Arafat a été empoisonné par un poison de longue durée instillé dans le sang, comme semble le croire notre interlocuteur. « Il en présentait tous les symptômes », soutient le maître espion.
Ce jeudi, la Tunisie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdelsalem, a réclamé la constitution d’une commission d’enquête internationale pour faire la lumière sur cette disparition. Ce n’est sans doute pas neutre qu’une telle requête vienne du pays où l’OLP d’Arafat avait établi son QG, jusqu’à son installation dans les territoires palestiniens autonomes en 1994.
Auparavant, la Tunisie de Ben Ali entretenait, en effet, des relations secrètes avec le Mossad. Ces liens avaient notamment permis de compter sur une certaine bienveillance des policiers locaux quand un commando israélien était allé tuer Abou Jihad en 1988, ce proche collaborateur d’Arafat responsable à l’époque de l’organisation externe de la première Intifada. Dans certains pays, le Printemps arabe n’en finit, décidément, pas de solder les comptes du passé…
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