La prison d’Evin, située au nord de Téhéran, a désormais un célèbre prisonnier. Mehdi Hachémi, l’un des fils de l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997), s’y est rendu le 9 août pour purger sa peine de dix ans de prison ferme, pour « escroquerie », « détournement de fonds » et « atteinte a la sécurité nationale ».
Avant de se rendre à la prison, Mehdi Hachémi, entouré des membres de sa famille et de journalistes, a lu un communiqué pour demander « la diffusion de l’intégralité de son procès » à la télévision nationale. Cet homme de 45 ans, ancien chef de l’Organisation de l’optimisation de la consommation de l’énergie, a également qualifié d’« injuste » et d’« illégale » sa condamnation dans laquelle, selon lui, des « calculs politiques » ont joué un rôle.
Mehdi Hachémi, qui avait quitté l’Iran après la réélection contestée, en juin 2009, de l’ancien président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), est retourné en Iran en octobre 2012. Un jour après son arrivée, il était arrêté et passait trois mois à la prison d’Evin. En attendant son procès, il avait été libéré contre une caution de dix milliards de tomans, soit 2,5 millions d’euros.
La presse et les personnalités conservatrices ont toujours accusé Mehdi Hachémi de corruption économique et d’avoir orchestré les manifestations qui ont suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. Pendant les protestations qui ont suivi cette présidentielle, Akbar Hachémi Rafsandjani a défendu les manifestants et n’a pas accepté de soutenir le résultat officiel de la présidentielle. De ce fait, ces dernières années, il a été de plus en plus écarté et son influence a diminué. Or, en 2013, le candidat qu’il a soutenu, Hassan Rohani, a gagné la présidentielle.
La semaine dernière, Akbar Hachémi Rafsandjani a fait savoir son intention de se porter candidat à la prochaine élection, en mars 2016, de l’Assemblée des experts, qui a pour mission de choisir le prochain Guide suprême. Tâche d’autant plus sensible que l’actuel Guide suprême, Ali Khamenei, a 76 ans.
Akbar Hachémi Rafsandjani est resté un fervent critique de l’ex-président Ahmadinejad et l’arrestation de son fils, pendant le deuxième mandat de ce dernier, a été interprétée comme un coup porté contre lui par les milieux conservateurs. Avant de se rendre en prison, Mehdi Hachémi a écrit un post sur Facebook, dans lequel il établit un lien entre la candidature de son père à la prochaine élection de l’Assemblée des experts et son arrestation, qu’il désigne comme une vengeance des conservateurs contre Akbar Hachémi Rafsandjani.
Très intéressant.