Une représentation plutôt juste des angoisses des citoyens juifs de France. Mais, aussi, des Juifs de Suisse, de Belgique, des Pas Bas et d’autres pays européens encore. Faut-il rappeler que l’exode des Juifs de France sera une perte énorme pour la France et pour les Français?
Faut-il rappeler, comme Shaffaf le fait depuis bientôt 15 ans: la réforme de l’Islam est une condition sine qua non pour une bonne entente entre les musulmans et leurs concitoyens, que ce soit au Proche Orient, en Europe, en Australie ou, même, au Etats Unis.
L’Islam des Frères Musulmans (surtout dans sa version « qatari ») et des Salafistes est un danger pour la paix sociale et, même, pour la paix mondiale!
P. Akel
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Le président du BNVCA signale que beaucoup d’agressions s’effectuent désormais « à domicile », avec intrusions et querelles de voisinage – y compris dans les beaux quartiers de Paris
Militant juif de toujours, Sammy Ghozlan est commissaire à la retraite, vice-président du Consistoire de Paris et président du Conseil des communautés juives de Seine-Saint-Denis (CCJ-93).
Installé à Netanya mais en contact permanent avec ses correspondants hexagonaux, il pilote au quotidien le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) qu’il a fondé il y a huit ans.
Il dresse pour le Times of Israël un bilan complet de la situation sécuritaire du judaïsme français. Il répond aussi aux associations anti-racistes qui accusent le BNVCA de « communautarisme » et d’islamophobie.
Times of Israël : Les provocations anti-juives se sont multipliées au moment où l’on commémorait le troisième anniversaire de l’attentat sanglant perpétré par Amedy Coulibaly dans l’HyperCacher de la porte de Vincennes. A Sarcelles, avant l’agression contre un enfant de huit ans portant la kippa, le 29 janvier, une adolescente en uniforme scolarisée dans un lycée religieux a été violentée le 10 janvier et son visage tailladé au couteau. Mais le malfrat n’a pas dit un mot. Etait-ce vraiment une attaque antisémite ?
Sammy Ghozlan : Les deux agressions sont du même ordre, j’en suis convaincu.
La chemise et la jupe de la jeune fille ne laissaient aucun doute sur son milieu : celui des Juifs pratiquants de la ville.
Cela dit, nous risquons de ne jamais en avoir la preuve car la ruelle où l’attaque s’est produite est un repère de dealers mal protégé, où la police ose à peine pénétrer… Et le coupable, qui s’est enfui, était parfaitement dissimulé sous une capuche.
Quid des auteurs des croix gammées et de l’incendie qui ont frappé des magasins casher de Créteil, les 3 et 9 janvier ?
Nous avons affaire, ici encore, à un quartier où pullulent les vendeurs de drogue, paradoxalement sans caméras de surveillance.
Le préfet du Val-de-Marne [Laurent Prévost] m’a promis d’en installer mais s’agissant des faits en question, il est trop tard : sauf dénonciation, l’enquête n’aboutira probablement pas.
Les chiffres officiels témoignent d’une chute significative des actes antisémites depuis environ deux ans. Mais la peur a-t-elle baissé d’intensité ?
Absolument pas, elle s’est même étendue sur le territoire.
D’abord, nous avons subi des attentats traumatisants, comme le meurtre de Sarah Halimi en avril 2017, précédé de tortures.
A ce sujet, le refus de la juge d’instruction Anne Ihuellou de retenir la circonstance aggravante d’antisémitisme est scandaleuse.
Le dossier est entre les mains des avocats mais à mon avis, son parti pris est tel qu’elle devrait être dessaisie de l’enquête judiciaire.
Je pense aussi à la terrible séquestration, en septembre, du militant communautaire Roger Pinto et d’une partie de sa famille à Livry-Gargan. Ensuite, les agressions ont certes diminué parce que les synagogues, écoles et autres lieux juifs sont plutôt bien sécurisés.
L’espace de prière de Garges-lès-Gonesse, dans le Val-d’Oise, qui demeurait la cible de projectiles en provenance des tours d’immeubles environnantes, est lui-même mieux protégé et doté depuis peu d’un réseau de vidéosurveillance enfin efficace.
Vingt-cinq caméras endommagées ont été réparées. Mais les violences ont changé de nature de façon dramatique : ne pouvant attaquer les bâtiments, nos ennemis nous frappent à domicile.
Il y a les tags sur les boîtes aux lettres, des courriers menaçants et surtout les crimes et délits commis à l’intérieur des maisons et appartements.
C’est nouveau et cela s’accompagne d’une généralisation des incivilités entre voisins, partout sur le territoire – y compris dans les secteurs réputés tranquilles où nos coreligionnaires se sont réfugiés massivement depuis six à sept ans.
Savez-vous où l’on compte le plus grand nombre de conflits dégénérant en injures antisémites ? Dans le très huppé 17ème arrondissement de Paris !
Ces incivilités n’entrent pas vraiment dans les statistiques, donnant rarement lieu à des plaintes. Mais la peur est justifiée.
En Ile-de-France, les migrations internes se poursuivent-elles à un rythme soutenu ?
Oui. En Seine-Saint-Denis, il y avait près de soixante mille Juifs en 2008 contre dix à quinze mille aujourd’hui.
Et le mouvement s’accélère au profit de zones plus « bourgeoises » où, pourtant, je le répète… personne n’est à l’abri. On observe la même évolution dans les agglomérations provinciales.
Cambriolage récent d’un appartement maculé d’inscriptions antijuives à Bondy
Et à Créteil ?
Là comme à Sarcelles, la nouveauté majeure est le regroupement inquiétant des Juifs dans certains quartiers.
Ils n’en sortent plus. Dans ces villes, la démographie juive reste importante car les services cultuels et magasins casher sont abondants.
L’érosion est moins marquée qu’ailleurs mais à Créteil, les Juifs ont déserté les pourtours du lac ou les abords de la grande synagogue de la rue du 8 mai 1945. Ils sont plutôt du côté de la préfecture.
A Sarcelles, on ne peut plus guère arborer la kippa si l’on est loin des Flanades… Mais il y a aussi des cités refuges : au Raincy, aux Lilas et même à Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, les plus pratiquants sont bien visibles et les agressions peu fréquentes.
Dans le même département, La Courneuve ou Saint-Denis ont été quasiment vidées de leurs populations juives.
Comment l’expliquez-vous ?
A mon sens, l’explication est essentiellement politique. Dans ces communes, comme à Stains, Bondy, Noisy-le-Sec, Pierrefitte ou Bezons, les municipalités sont violemment anti-israéliennes.
Dirigées très majoritairement par le Parti communiste (les responsables de La France insoumise sont souvent moins radicaux), elles érigent des chefs terroristes palestiniens tels que Marwan Barghouthi au rang de citoyens d’honneur.
Elles militent pour le boycott des produits israéliens, au mépris de la loi, parlent d’« apartheid » à propos d’Israël, etc.
Je vous rappelle que le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), l’ancien député du PCF Jean-Claude Lefort, a même recommandé aux non-Juifs de s’abstenir d’acheter des feuilles de brick fabriquées dans l’Hexagone pour la simple raison qu’elles étaient casher !
Tout cela crée un climat terriblement malsain et invivable pour les membres de notre communauté – quelles que soient leurs opinions politiques. Ce climat est évidemment encouragé par le complotisme sévissant sur Internet, les réseaux sociaux en particulier.
Les Juifs de gauche qui critiquent le cabinet Netanyahu, ou a fortiori ceux qui se sentent proches des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon sont-ils… antisémites sans le savoir ?
Pas du tout ! Les sympathisants communistes non plus. Et je m’entends à merveille avec de nombreux imams. Il faut cesser de tout mélanger.
Vous savez que des associations anti-racistes comme le MRAP ou la LICRA considèrent le BNVCA comme une organisation ‘communautariste’, islamophobe et défendant le point de vue exclusif de la droite sioniste.
C’est absolument faux. Il y a certes des antisémites à gauche, comme Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République, un mouvement identitaire racialiste.
Mais au risque de vous surprendre, je ne qualifie pas les islamo-gauchistes d’antisémites.
Des communistes nous ont parfois aidés. Marie-George Buffet, quand elle présidait le parti, a permis à Enrico Macias de chanter à Ivry, municipalité ultra-propalestinienne qui souhaitait l’ostraciser.
Et Jean-Luc Mélenchon est moralement insoupçonnable. Le problème est ailleurs : ces gens-là produisent inconsciemment un discours qui tend à justifier les passages à l’acte anti-juifs.
Si Mohamed Merah ou Amedy Coulibaly ont proclamé qu’ils voulaient « venger les enfants palestiniens » en tuant nos coreligionnaires, ce n’est pas par hasard.
C’est parce qu’ils ont baigné dans une atmosphère idéologique rendant possible ce genre de crimes.
C’est pourquoi je combats les anti-israéliens acharnés, qu’ils soient d’extrême droite ou d’extrême gauche, sans les accuser forcément de nous haïr. Et je ne suis pas ‘communautariste’, je défends les Juifs attaqués dans le strict respect de la légalité, point.