Ban Ki-moon et l’émir Cheikh Sabah à la troisième conférence annuelle à Koweït des donateurs pour la Syrie.
De notre envoyé spécial à Koweït City
En ouverture de la conférence des pays donateurs à Koweït, Ban Ki-moon a d’emblée tiré la sonnette d’alarme. Après quatre ans de conflit, «quatre Syriens sur cinq vivent dans la pauvreté, la misère et les privations. Le pays a perdu quatre décennies de développement humain», a déclaré le secrétaire général de l’ONU.
«La situation devient insoutenable», a renchéri peu après Antonio Guterres, le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés. «Nous sommes à un tournant» de la crise, a-t-il ajouté, soulignant le fardeau que représente pour les pays voisins de la Syrie l’afflux massif de millions de réfugiés qui ont dû fuir les violences. «Trois millions neuf cent mille (réfugiés) ont été enregistrés» en Jordanie, au Liban, en Irak et en Turquie. «Ils deviennent de plus en plus pauvres, avec des conditions de vie qui se sont drastiquement détériorées», a poursuivi le patron du HCR, tandis que les représentants jordaniens, turcs et libanais, en première ligne pour l’accueil des déplacés du conflit, ont répété chacun à leur tour l’urgence de parvenir à une «solution» à la guerre en Syrie.
«Echec» de la communauté internationale
Face à «la plus grande catastrophe de l’histoire moderne», le Koweït, pays hôte de cette troisième conférence, a mis la main au pot de manière conséquente. L’émir, Cheikh Sabah, a annoncé l’octroi d’un demi-milliard de dollars d’aide. Par la voix de leur ambassadrice aux Nations unies, Samantha Power, les États-Unis ont de leur côté promis 507 millions de dollars et l’UE s’est engagée à doubler son aide, à près de 1,1 milliard d’euros.
Au total, les Nations unies espèraient lever la somme record de 8,4 milliards de dollars pour faire face à l’aggravation de la situation en Syrie, mais seuls les promesses de dons n’ont atteint que 3,8 milliards de dollars. En 2013 et 2014, les deux premières conférences avaient rassemblé des promesses de dons de 1,5 milliard de dollars puis de 2,4 mds, dont plusieurs n’ont pas été honorées.
«Ce sont des promesses très généreuses», a tout de même déclaré Ban Ki-moon, à la clôture de cette troisième conférence internationale des donateurs. «Échouer à rassembler ces fonds conduirait à une terrifiante catastrophe humanitaire», avait quant à lui averti l’envoyé spécial de l’ONU pour les Affaires humanitaires, Abdullah al-Maatuq. Samedi, le secrétaire général de l’ONU s’était déclaré «honteux» devant «l’échec» de la communauté internationale à mettre un terme au conflit qui a fauché la vie à plus de 215.000 personnes, dont 76.000 en 2014, l’année la plus meurtrière.