Pour les 60 000 chrétiens de Turquie, le procès qui s’ouvre mercredi constitue une nouvelle remise en question de leur présence dans le pays.
Depuis plus de 1 600 ans, les chants en araméen, la langue du Christ, montent du monastère syriaque Mor Gabriel et enveloppent les collines couleur de miel, en bordure de la frontière turco-syrienne. Au fil des siècles, les cantiques ont perdu en intensité : la communauté ne compte plus que trois moines, treize nonnes et un métropolite. Ces descendants des premiers chrétiens restent accrochés à la région du Tur Abdin, «la montagne des serviteurs de Dieu». Mais, depuis l’an dernier, le monastère est engagé dans une bataille judiciaire avec l’État turc et trois villages environnants. Pour les petites minorités chrétiennes de Turquie, le procès, qui doit s’ouvrir mercredi, constitue une nouvelle remise en cause de leur présence.
«Mor Gabriel a été construit en 397 après Jésus-Christ, nous étions là avant l’islam, avant l’Empire ottoman et avant la République turque, martèle Kuryakus Ergün, le porte-parole des lieux. Ces terres nous appartiennent et nous avons tous les documents pour le prouver.»