Cela dure depuis plus de quarante ans et nul ne peut encore spéculer sur une fin proche d’un régime qui a adopté le terrorisme d’Etat depuis ses débuts et qui continue à le pratiquer encore aujourd’hui avec le même acharnement pour ne pas dire avec la même délectation.
Si en politique intérieure, le régime syrien ne se distingue en rien des régimes répressifs à tendance totalitaire, il peut s’enorgueillir d’avoir déclassé tous ses pairs en politique extérieure. Aucun autre régime n’a réussi à atteindre son palmarès en matière d’assassinat politique hors frontières. Comme si, pour la « Syrie des Assad », il s’est agi d’établir un équilibre parfait entre sa sauvagerie répressive à l’intérieur et sa barbarie à l’extérieur ou d’élargir le champ de la diplomatie en mariant l’art de la négociation à celui de l’assassinat en série.
Les Libanais, qui s’étaient rassemblés massivement le 14 mars 2005 dans un rare sursaut resté sans lendemain, ne s’étaient pas trompés en dénonçant le Syrial Killer. Ils résumaient ainsi avec une rare éloquence la nature profonde d’un régime dont ils ont subi les sévices pendant près de trente ans. Deux ans après son éviction forcée du Liban, il continue comme par le temps passé à pratiquer son « sport » favori avec une telle frénésie comme s’il craignait de perdre la main s’il s’arrêtait un jour ?
Et pourtant, il aurait dû comprendre que les temps ont réellement changé et qu’il lui fallait définitivement faire le deuil d’une « tutelle » qui lui a été gracieusement octroyée par les Grandes Puissances. Peu importe si ces dernières ont pendant longtemps fermé l’œil sur la brutalité avec laquelle il gérait sa chasse gardée, leurs intérêts de l’époque étaient ailleurs.
L’apprenti dictateur, et néanmoins ophtalmologue, ne veut pas « voir » que l’époque de son papa est révolue. Il continue à croire que la politique d’intimidation qui avait tant réussi par le passé était toujours payante et qu’il n’était nullement besoin de changer une « méthode qui gagne ». Loin de profiter des multiples ouvertures qui lui ont été faites, il continue à s’enfoncer avec une belle obstination dans une politique sans lendemain, fermement persuadé que les « cartes » dont il dispose sur le terrain finiront par faire plier un jour tous ses adversaires réunis.
D’aucuns pourraient arguer que cette fuite en avant est la seule option qui lui reste pour inverser le cours des évènements et empêcher la tenue du Tribunal international. Or, en continuant à jouer le trublion au Liban ou ailleurs, non seulement il en accélère la tenue, mais il détruit les dernières chances d’un compromis « à la libyenne » qui pourrait lui être proposé. Pire, en persévérant dans la même voie, il se forge surtout une figure de paria dont l’élimination deviendra chaque jour davantage une nécessité de salubrité arabe et internationale.
Aujourd’hui, l’étau se resserre un cran de plus. Il est notable à cet égard qu’aucun pays arabe n’a trouvé utile ni même nécessaire de dénoncer, ne serait-ce que pour la forme, le mystérieux raid israélien. C’est la preuve s’il en est que ces pays ne sont plus disposés à exprimer la moindre solidarité avec un régime qu’ils vouent aux gémonies et dont ils estiment probablement le sort définitivement scellé.
La pérennité des régimes de terreur a constitué depuis toujours une véritable énigme. On sait comment ils se maintiennent au pouvoir, mais aucune science politique n’a jamais su prédire leur effondrement. Qu’est-ce qui détermine les peuples à bouger un jour pour renverser les tyrans et quelle est cette mystérieuse alchimie qui fait qu’à un instant donné la dynamique se mette en branle ? Nul ne le sait, mais il arrive très souvent qu’un « momentum » se construise amenant la « communauté internationale » à préférer tout simplement trancher le nœud gordien au lieu de s’amuser patiemment à le défaire.
Bachar El-Assad avait déclaré un jour qu’il n’était pas Saddam Hussein, voulant probablement signifier qu’il était capable de reconnaître le moment venu les limites à ne pas franchir. Son comportement aujourd’hui prouve au contraire qu’il a hâte de rejoindre le sort de son « frère baasiste ».
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