Des accrochages nocturnes entre soldats et islamistes ont fait dix morts dimanche à Tripoli, capitale du Liban nord, voisine du camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared où le face-à-face entre l’armée et les combattants du Fatah al-Islam se poursuit depuis cinq semaines.
Dix personnes, dont six islamistes, un soldat, un policier et deux civils, ont été tuées dans des combats qui ont opposé dans la nuit de samedi à dimanche la troupe à des jihadistes à Tripoli, selon le porte-parole de l’armée.
« L’armée a découvert les corps de six islamistes qui s’étaient retranchés dans un immeuble du quartier populaire d’Abou Samra et ont été tués dans des accrochages aux armes légères et moyennes avec nos soldats », a-t-il précisé.
« Nous n’avons pas encore retiré les corps qui gisent dans l’immeuble de peur qu’ils ne soient piégés ».
Ce porte-parole avait indiqué plus tôt que quatre Libanais, dont un soldat, un policier et deux civils, avaient été tués dans ces accrochages, qui ont éclaté peu avant minuit et ont duré trois heures.
Le soldat a été tué lorsqu’une jeep militaire circulant à Abou Samra a essuyé des rafales d’armes automatiques.
Onze soldats ont été également blessés, dont certains grièvement, selon un nouveau bilan de source militaire.
Selon le porte-parole, le policier habitait l’immeuble où s’étaient retranchés les islamistes. « Il a été tué alors qu’il échangeait des coups de feu avec les islamistes qui avaient pris en otage sa fillette de dix ans », a-t-il précisé.
« L’adjudant-chef, sa fillette et son beau-père ont été tués, alors que son épouse et deux de ses garçons ont été blessés ».
Ce porte-parole militaire a ajouté que trois islamistes armés avaient été arrêtés par les soldats.
La situation était calme dimanche matin à Abou Samra, où l’armée recherchait un islamiste qui a réussi à s’enfuir.
L’armée, qui avait acheminé des renforts à Abou Samra, a retiré dimanche en fin de matinée une grande partie de ses soldats, a constaté un photographe de l’AFP.
Quatre appartements de l’immeuble de quatre étages ont brûlé et des murs ont été éventrés par des obus et des roquettes, a-t-il ajouté.
Au total, 157 personnes, dont 80 militaires et au moins 57 islamistes, ont été tuées depuis le début des affrontements le 20 mai au Liban nord, les violences internes les plus meurtrières au pays du Cèdre depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).
Douze islamistes sunnites dans la mouvance du réseau Al-Qaïda ont été tués au total à Tripoli, deuxième ville du Liban, lors des combats avec les forces de l’ordre entre les 20 et 23 mai.
Dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared, à 15 km au nord de la ville, où sont retranchés des combattants du Fatah al-Islam et encerclé depuis 36 jours par la troupe, de violents combats se déroulaient à l’artillerie lourde et à l’arme légère dimanche en milieu de journée, selon un journaliste de l’AFP.
Trois soldats ont été tués samedi par l’explosion d’engins piégés posés par Fatah al-Islam.
L’armée a adressé samedi une sévère mise en garde contre « les éléments du réseau terroriste » et invité « la population du camp à adopter une position courageuse, afin de ne pas être victime de ces criminels qui n’ont qu’un seul choix: se rendre aux militaires afin d’être traduits en justice ».
Environ 2.000 réfugiés, qui n’ont pas pu ou pas voulu fuir, se trouvent toujours dans Nahr al-Bared, où vivaient avant le début des combats 31.000 personnes.
Courrier international