L’article de Sarah AKEL
À peine l’accord de Doha signé, l’ancien ministre du Tourisme, Joe Sarkis, prévoyait déjà une saison en or, et près de 1,3 million de touristes avant la fin de l’année. Mais à en croire les principaux acteurs du secteur, la réaction n’a pas été immédiate, les touristes ayant préféré attendre la formation d’un gouvernement avant de se rendre dans le pays. Résultat : la saison a commencé relativement tard, et les visiteurs commencent à peine à affluer. Les Libanais de l’étranger, en revanche, ont bel et bien répondu à l’appel.
Jusqu’en juin, le ministère du Tourisme avait recensé 473 574 touristes depuis le début de l’année, un chiffre en hausse de 14,94 % par rapport à la même période de l’année dernière, tiré surtout par les performances de juin. Au cours du mois dernier, le nombre de visiteurs a pratiquement doublé sur un an, 136 853 visiteurs ayant fait le déplacement (+ 97,47 % par rapport à juin 2007), confirmant « l’effet Doha ».
« Doha était comparable à une baguette magique, le téléphone ne sonnait plus à l’hôtel, et dès le lendemain de l’accord, les réservations n’ont plus cessé », assure un responsable de l’hôtel Kadri.
Reconnaissant un pic de réservations après l’élection du président de la République, le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, met toutefois un bémol. « Si les réservations avaient toutes étaient confirmées, les hôtels seraient pleins pour toute la saison », affirme-t-il en expliquant que les événements de Tripoli et le retard pris au niveau de la formation d’un gouvernement ont entraîné des annulations. De plus, « la saison a commencé tard au Liban, cela ne fait qu’une quinzaine de jours que les touristes affluent alors que dans les autres pays de la région elle a débuté en mai, pendant que nous étions en pleine crise à Beyrouth », ajoute-t-il.
« La saison a mal débuté car la situation s’est régularisée beaucoup trop tard, confirme le président du syndicat des restaurateurs Paul Ariss, mais c’est tout de même mieux que les deux années précédentes, et c’est excellent pour le moral du pays. »
Et pour le moral des hôteliers surtout. « Nous sommes à 95 % d’occupation et cela semble continuer », se réjouit un responsable de l’hôtel Safir, à Bhamdoun, qui souligne la présence de nombreux Arabes. En effet, selon le ministère du Tourisme, 45 396 ressortissants arabes ont fait le déplacement en juin. De même le Grand Hôtel Kadri souligne une hausse du taux d’occupation de 20 % depuis le début du mois de juin, qui se situe actuellement à 60 % en semaine et 100 % en week-end. Cependant, « il faut environ trois bonnes saisons touristiques pour recouvrer nos pertes depuis 2005 », ajoute-t-il.
Même certaines plages n’ont choisi d’ouvrir leurs portes pour l’été qu’après l’élection du président de la République. C’est le cas de Ocap, à Rmeileh, qui ne voulait pas « démarrer la saison si la situation restait telle quelle ».
Mais il n’y a pas que des touristes arabes. Des Européens sont eux aussi présents. Quelque 38 374 visiteurs européens se sont rendus au Liban en juin. Mais ces derniers optent le plus souvent pour un autre type de logement, comme des chambres d’hôtes. En effet, d’après Orpheis Haddad de l’ « Hôte libanais », « cette formule, qui propose de découvrir le Liban à travers ses habitants et ses différentes régions, est plus attractive pour les Européens que pour les Arabes ». L’ « Hôte libanais » propose environ une trentaine de chambres d’hôtes à travers tout le Liban et a réussi à remplir 60 % d’entres elles pour cette saison.
Quant au secteur des locations de voitures, il s’en sort très bien, car il repose beaucoup sur les expatriés, qui ont été très nombreux à répondre à l’appel cette année. Par exemple, Licar, qui propose 35 voitures à louer, n’en a plus aucune et ce depuis le début du mois de juillet et jusqu’à fin août. Ce sont, pour la majorité, des Libanais expatriés qui demandent leurs services. Cependant, pour eux aussi, la saison n’a commencé que vers la fin du mois de juin.
Le secteur des loisirs est, lui aussi, plutôt satisfait. D’après Dina Nasser, directrice du marketing et des ventes au Waves, « ce sont plutôt des Libanais qui sont venus, mais la saison s’annonce quand même très bien ». Même son de cloche au Splash Mountain. « Nous avons un pourcentage tourisme, cependant nous ne comptons pas dessus pour notre chiffre d’affaires, mais plutôt sur les Libanais », indique Wafa Farès.
Quant aux commerçants, ils affichent un optimisme sans faille. Pour le président de l’Association des commerçants de Beyrouth, Nadim Assi, « la saison démarre très bien. Les promotions pleuvent et les clients affluent ». Et lorsque l’on parle de la saison estivale 2004, c’est le premier à répondre qu’il est largement possible de faire une meilleure cette année…
L’Orient-Le Jour