La récente analyse de 33 corps exhumés l’année dernière sur le site archéologique en Cisjordanie appuierait les thèses qui confèrent la paternité des textes antiques à la secte juive des Esséniens.
L’origine des «manuscrits de la mer Morte» est encore pleine de mystères. Ces parchemins et autres fragments de papyrus antiques ont été découverts entre 1947 et 1956 par des bergers dans plusieurs grottes à Qumrân, en actuel Cisjordanie, à deux kilomètres à peine au nord-ouest de la mer Morte.
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Rédigés en hébreu, araméen et grec, ils ont été reconnus d’origine judaïque et datés d’une période allant du IIIe au IIe siècle av. J.-C. Sur ce petit millier de manuscrits, plusieurs sont des extraits de la Bible hébraïque (tous les livres de l’Ancien Testament sont présents, hormis celui d’Esther), et d’autres, de nombreux textes apocryphes. La thèse la plus courante désigne les Esséniens comme leurs auteurs, une secte juive d’idéologie célibataire datant de l’époque du Second Temple de Jérusalem, qui aurait vécu entre 150 av. J.-C. et 68 de notre ère. Certains rouleaux sont particulièrement consacrés à la doctrine d’une telle secte, comme les règles strictes de pureté.
Cette théorie est aujourd’hui appuyée par les dernières découvertes faites à Qumrân et l’exhumation l’année dernière de 33 squelettes. Comme le relaie le magazine américain Science News , l’anthropologue Yossi Nagar, de l’Autorité des antiquités d’Israël, a présenté le 16 novembre les résultats d’une première analyse radiocarbone des ossements. Ceux-ci seraient vieux de 2200 ans. Soit presque le même âge que les manuscrits.
Une secte d’idéologie célibataire
Sur les 33 dépouilles, 30 seraient celles d’hommes – après l’étude de la ceinture pelvienne et de la taille globale des corps – mort entre 20 et 50 ans tout au plus. Il ne s’agirait pas de soldats, aucun signe de blessure de guerre n’ayant été détecté. «Je ne sais pas s’il s’agit des personnes qui ont produit les rouleaux de la mer Morte (…) mais la forte concentration de mâles adultes aux âges variables enterrés à Qumrân est semblable à ce qui a été exhumé des cimetières des monastères byzantins», affirme Yossi Nagar.
Autant de nouvelles informations qui contribueraient à confirmer que les corps exhumés appartenaient à la communauté des Esséniens, que ces derniers aient été les auteurs – ou les gardiens – des textes sacrés. Comme le précise Science News, d’autres habitants de la région comme des bergers bédouins, des soldats romains ou des artisans, avaient été également pressentis pour endosser la paternité des rouleaux, retrouvés dans onze grottes à Qumrân.
En début d’année 2017, plus de soixante ans après les premières fouilles, des chercheurs ont trouvé une douzième caverne dans l’une des falaises du désert de Judée. À l’intérieur, ils ont déterré un parchemin vierge ainsi que des restes de pots, de tissu et un bracelet en cuir. Selon eux, la caverne aurait pu contenir des manuscrits de la mer Morte jusqu’à ce que celle-ci ne soit pillée par les Bédouins au milieu du XXe siècle. «La mise au jour de cette nouvelle grotte atteste du fait qu’il reste beaucoup de travail à effectuer dans le désert de Judée. Des découvertes d’une importance considérable peuvent encore avoir lieu», avait alors déclaré Israël Hasson, directeur général de l’Autorité des antiquités d’Israël.