Que s’est-il passé en Libye jeudi dernier? Qui a kidnappé le premier ministre libyen, Monsieur Ali Zeidan, et pourquoi?
Une source sûre de Tripoli a éclairé Middle East Transparent sur les détails concernant le Putsch raté, détails que M. Zeidan n’a pas révélés lors de sa conférence de presse. M. Zeidan s’en est pris hier soir, vendredi, aux milices qui ont alimenté les troubles de son pays, mettant en garde contre certains groupes armés qui tentent de «terroriser» le gouvernement et de transformer ce pays d’Afrique du Nord en un autre ‘Afghanistan’ ou Somalie’, ceci sans nommer les responsables.
Ces sources à Tripoli ont révélé à Middle East Transparent que le kidnapping de M. Zeidan était commandité par un groupe armé fidèle à un ancien membre d’Al Qaida et, dorénavant membre du Conseil National lybien, M. Abdel Wahab Mohamed Bin Qaid. M. Bin Qaid a été élu représentant de la région du Mirzak dans le sud de la Libye et a créé un groupe parlementaire, composé de membres «non-affiliés», pour la plupart des salafistes. Ce groupe est appelé le «bloc de loyauté envers les martyrs».
Bin Qaid (50 ans) est le frère ainé du fameux Abu Yahia al-Libi, le numéro deux d’Al Qaida tué par un tir de drone américain dans la région tribale pakistanaise en juin 2012.
Bin Qaid lui-même a combattu en Afghanistan, puis contre le régime de Qaddafi en Libye où il a été fait prisonnier et jeté en prison. Il doit sa libération anticipée au fils du Qaddafi, Seif al-Islam, bien avant la révolution libyenne.
Mais pour en revenir au kidnapping de M. Zeidan, METransparent a appris que, dix jours avant le putsch raté, et sous la pression du «bloc de loyauté envers les martyrs» dirigé par M. Bin Qaid, le président du Conseil National libyen, M. Nouri Abu Sahmein, affilié aux Frères Musulmans, a accepté de verser 100 millions de dinars libyens à la «chambre de sécurité des rebelles», ce groupe qui, le premier, a revendiqué le kidnapping de M. Zeidan, avant de se rétracter après la libération de M. Zeidan en niant toute implication.
Nos sources révèlent que M. Zeidan a été kidnappé par une force militaire composée d’une centaine de véhicules armés. L’intention des putschistes était d’assassiner le premier ministre libyen. M. Zeidan doit la vie à l’intervention d’un groupe rival armé qui l’a libéré de force.
Selon les sources de METransparent, M. Ali Zeidan a subi, pendant des mois, des pressions intenses de la part du groupe des Frères Musulmans et de la part du groupe de M. Bin Qaid pour qu’il démissionne. Ayant échoué à forcer M. Zeidan à la démission et à obtenir la majorité parlementaire requise pour renverser les gouvernement, les putschistes ont eu recours à la manière forte : enlever puis assassiner M. Zeidan, comme cela s’était passé pour l’ancien ministre de l’intérieur libyen, le général Abdul Fattah Younes pendant la révolution.
Nos sources ont spéculé sur les localisations possibles du groupe et de la centaine de véhicules armés. Où se sont-ils cachés après l’échec de leur putsch mal organisé? Et, sont-ils cachés afin de préparer une nouvelle tentative pour faire tomber le gouvernement libyen en place ?
Enfin, ces sources ont précisé à METransparent que les putschistes avaient pour objectif de créer un «Etat Islamique» en Libye. Quant aux Frères Musulmans, ils espéraient que les putschistes arriveraient à se débarrasser du premier ministre libyen par leurs propres moyens. Les Frères Musulmans étaient observateurs, comme d’habitude.