Liban : des sculptures jugées «sataniques» saisies par la police

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Ni la Constitution du Liban, ni les lois en vigueur, n’interdisent à un citoyen libanais d’adorer « le diable », une vache, ou de se déclarer « athée »! Tout ce « cirque » autour des « adorateurs du diable », que ce soit au Liban, en Egypte, ou dans d’autres pays de la région, devra être jugé à l’aune des manœuvres politiques, souvent « diaboliques » des classes dirigeantes ou de leurs services de sécurité! 

Shaffaf

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Par Noémie Halioua

 

Une vingtaine d’œuvres de l’homme d’affaires Michel Éléftériadès ont été saisies par la police libanaise afin d’évaluer si elles contiennent des symboles sataniques. Elles sont conservées dans un entrepôt, en attendant la date du jugement.

Michel Éléftériadès a survécu à deux tentatives d’assassinats au début des années 90. L’avocat Jacques Vergès et l’ancien ministre Roland Dumas l’ont présenté comme un résistant politique de premier ordre. Mais c’est aujourd’hui en tant qu’artiste qu’il dérange. Le jour du Noël arménien, le 6 janvier 2016, une vingtaine de ses sculptures, ont été réquisitionnées par la police pour une durée indéterminée, afin d’élucider si celles-ci comportent des symboles sataniques. Il est soupçonné d’être un adorateur du diable.

En effet, cet homme d’affaire influent qui possède le Music-hall, la plus grande salle de concerts de

Les œuvres de l'homme d'affaires et peintre libanais Michel Éléftériadès sont menacées de destruction par la justice.

Beyrouth, sculpte des œuvres pour le moins originales: un porc en forme de tirelire juché sur un tas de crânes humains, une tête de mouton avec des cornes posées sur une montagne de pièce de monnaie, et d’autres objets fantasques. Mais n’est-ce pas le propre de l’artiste d’être un «homme libre par excellence.» comme l’écrit Marcel Gauchet dans La religion dans la démocratie?

Dans le collimateur de la justice libanaise

L’affaire prend des proportions telles que des figures d’autorités chrétiennes ont été invitées sur des plateaux de télévision libanais pour expliquer ce qu’ils conçoivent comme des symboles sataniques. Par exemple, les cornes du mouton ou la tête de cochon seraient le symbole du Satan. L’artiste lui, en fait une interprétation toute autre.

La tirelire et les pièces d’or sont un symbole du capitalisme et leur représentation vise davantage à une critique du capitalisme pour l’artiste. «Mon approche de l’art est éclectique: elle est marxiste, anarchiste, ou encore paranoïaque-critique comme Salvador Dali» se défend-il.

La loi libanaise ne formule pas d’interdiction du diable claire. En revanche, une clause interdit le blasphème qui consiste à porter atteinte aux religions. «Dans mes œuvres, il n’y a aucun symbole religieux, pas de croix renversée, pas de sourate du Coran», poursuit-il.

Le procureur de la République a demandé à ce que les œuvres demeurent sou contrôle judiciaire, et soient conservées dans un entrepôt surveillé 24H/24 en attendant une date de jugement.

Le Figaro

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