La campagne aérienne a démontré une endurance et une compétence surprenante, mais les communications et les efforts visant à atténuer les dommages collatéraux stratégiques de la coalition ont fait cruellement défaut.
Les opérations aériennes menées par la coalition du Golfe au cours de la dernière année ont été complexes et controversées. Ce qui a commencé comme une opération unique afin de libérer Aden a évolué en une guerre tentaculaire où les forces de la coalition sont en contact avec les forces ennemies parfois sur sept champs de bataille simultanément par jour. Les opérations sont devenues plus raffinées au fil du temps, en commençant avec environ 90 sorties de combat par jour, atteignant jusqu’à 300 sorties à l’automne dernier, pour enfin descendre à une moyenne de 20 à 70 sorties par jour aujourd’hui, dont beaucoup reviennent à la base sans lâcher leurs munitions. Le défaut majeur de la campagne a été son incapacité à répondre à la perception largement répandue que les frappes aériennes tuent beaucoup trop de non-combattants, un facteur qui peut finalement éclipser les réalisations de la coalition.
LES PHASES DE LA CAMPAGNE
La campagne aérienne ayant passé la barre symbolique des un an, les opérations peuvent être décomposés en une série de phases qui se chevauchent.
LA PHASE préplanifiée. Le premier mois de l’intervention a vu la coalition exécuter une opération aérienne qui avait été méticuleusement planifiée dans les années depuis la guerre précédente de l’Arabie Saoudite avec les Houthis en 2009-2010. Environ 150 cibles militaires fixes ont été frappés à plusieurs reprises. Les principales réalisations de cette phase ont été la destruction de la plupart des missiles de défense aérienne de moyenne et haute altitude du Yémen (GSB), plus une partie de ses missiles (SSM) de surface à surface ainsi que le soutien de sites de ravitaillement et d’entretien. En combinaison avec l’échec des Houthi pour gagner ce qui restait de la Force aérienne yéménite – l’un des rares éléments de l’armée pro-Saleh qui ne supporte pas la Houthis – les premières frappes ont sécurisées la suprématie aérienne, donnant à la coalition toute liberté d’entreprendre en toute sécurité les parachutages logistiques, les opérations de parachutistes, de reconnaissance, et le ravitaillement aérien au-dessus du Yémen (pour en savoir plus sur l’alliance Houthi-Saleh, voir la partie 1).
LES OPERATIONS DU FRONT NORD.
Les Houthis et les pro-Saleh ont atteint leur riposte la plus efficace par des attaques sur la frontière saoudienne, soit sur le lancement de SSM ou en infiltrant des groupes de commandos:
• La chasse aux(missiles) Scud : Les forces stratégiques des rockets envoyées par des pro-Saleh ont utilisé efficacement des variantes de Scud C SS-1C (Corée du Nord Hwasong-6 missiles) et ont converti des SA-2 SAMs (appelé Qaher-1) pour fortement frapper des villes militaires de l’Arabie Saoudite (par exemple, Khamis Mushait),des aéroports civils et des villes industrielles. Ils ont également utilisé des missiles B SS-21 Scarab et de multiples lance-roquettes BM-27 pour frapper les bases de la coalition au Yémen ou juste sur la frontière. La coalition a encaissé quelques coups douloureux – notamment 52 soldats tués dans une attaque en Septembre à Marib, ou encore en décembre, où 39 soldats sont morts dans une attaque du quartier général à Bab al-Mandeb – mais la menace diminue lentement. Les tirs de SSM ont été lachés depuis qu’on a atteint un certain sommet avec des attaques hebdomadaires en décembre-janvier, en grande partie grâce aux opérations de la coalition contre les réserves de missiles et des installations de soutien, ainsi que la destruction occasionnelle des rares véhicules de lancement mobiles du Yémen. (La coalition en a frappé deux jusqu’à présent, comparativement à ce qui a été détruit par les forces américaines pendant toute la Guerre du Golfe en 1991.) Les Opérations de défense antimissile utilisant des Patriot PAC-3 systems fournis par les Etats-Unis ont intercepté un certain nombre de Scuds de longue portée.
* La guerre frontalière: Le long de la frontière saoudo-yéménite partiellement dépeuplée, la coalition a mené une lutte coup pour coup contre les Houthi et les infilitrés pro-Saleh et contre les équipes détenant les roquettes. Les hélicoptères d’attaque saoudiens se sont ralliés avec l’artillerie de la coalition et a aisni ammené un soutien aérien rapproché « parfait » pour lancer un feu nourri sur les forces ennemies se retirant ainsi des raids. Bien que les pertes saoudiennes ont été sévères (à savoir, une soixantaine de véhicules blindés perdus au cours des six derniers mois), l’attrition régulière a apparemment été infligée aux Houthis également. Les deux parties ont fait grand usage de munitions (type Cluster) et de mines sur ce front.
CIBLAGE COERCITIF: L’un des éléments les plus problématiques de la campagne de l’air a été le flux des «cibles stratégiques» frappés avec l’intention de contraindre le leadership Houthi et la population Houthi pour affaiblir les pro-Saleh ou les mener à la défaite. Depuis mai, la province mère des Houthi, Saada, a été distinguée suite à un traitement coercitif spécial, résultant de nombreux raids sur ce qui sont généralement considérés comme des cibles civiles – des mosquées, des maisons et des puits d’eau. Pratiquement toutes les grandes institutions de l’État ont été frappées à plusieurs reprises, comme la plupart de ces propriétés appartiennent à des pro-Saleh, laissant le gouvernement du pays en ruine.
ZOOM SUR LES CIBLES ÉMERGENTS. A l’automne dernier, alors que la liste de cibles fixes devenait exhaustive et que plusieurs axes terrestres d’attaque ont commencé à s’ouvrir, le focus de l’offensive aérienne s’est décalée vers des ciblages moins précis visant soudainement les forces Houthi et les forces pro-Saleh. Dès lors, de nombreuses attaques ont été menées visant des unités militaires, des équipes de SSM, ou des commandants qui trahissent leur emplacement à travers des modèles de mouvement ou de communications interceptées. À n’importe quel moment, la coalition est maintenant prête à lancer un soutien pour une offensive aérienne sur quatre ou cinq lignes de front actives. Ces avions d’encerclement visent des cibles émergentes et sont guidés par des contrôleurs aériens avec des capteurs et des liens spéciaux aussi relié à des drônes. Cela a donné lieu à une grande variété d’emplacements cibles étant frappé à court préavis: des ponts, des stations d’essence, des camps, des résidences et des centre commerciaux occupés, et même des écoles, des hôpitaux et des mosquées.
DOMMAGE COLLATÉRAL
La perception globale de l’offensive aérienne de la coalition est très négative. Plus tôt ce mois-ci, le ministère de la santé publique, contrôlé par les Houthis, a prétendu que près de sept mille civils ont été tués par des frappes aériennes; en Janvier, l’ONU fixe le nombre à 2682 morts. Peut importe où se trouve la vérité, un certain nombre de frappes de grande envergure contre les cliniques de Médecins Sans Frontières (MSF) entre octobre et janvier ont effectivement cimenté l’opinion internationale contre l’offensive aérienne. A ce jour, de fortes condamnations ont été émises par MSF, Human Rights Watch, le secrétaire général de l’ONU, le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, le Comité international de la Croix-Rouge, et le Parlement européen, ce dernier appelant un embargo sur la vente des armes de l’UE aux pays du Golfe.
Pourtant, en regardant les chiffres de l’ONU depuis janvier – 2.682 civils auraient été tués par des frappes aériennes de la coalition après environ 275 jours d’opérations – le nombre moyen de morts par jour (9,75) n’est pas beaucoup plus élevé que celui de l’opération aérienne de l’OTAN de 78 jours au Kosovo en 1999 ( 6.7 civils tués par jour), et nettement inférieur à celui de l’opération Desert Storm en 1991 (85 morts civils par jour). En d’autres termes, les opérations aériennes au-dessus du Yémen ressemblent à une campagne aérienne de l’OTAN des années 1990. Dans les raids préprogrammés, des précautions ont été prises pour vérifier les cibles, sélectionnez les armes, et des heures de frappes suscpetible à minimiser les pertes civiles. Pourtant, toutes les victimes ne peuvent être évitées, en partie parce que les Houthis placent parfois des unités militaires dans des endroits civils, mais aussi parce que des erreurs se produisent dans la guerre, en particulier au cours d’une campagne impliquant le ciblage coercitive. La coalition du Golfe semble faire un réapprentissage des leçons que les forces de l’OTAN ont appris dans leurs nombreuses opérations aériennes, tant pour éviter les dommages collatéraux et expliquer de façon transparente ces instances au public international.
La proportion croissante de ciblage dynamique a également été un facteur dans la vague de victimes civiles causées par les frappes sur les hôpitaux, les ponts, et les marchés. Encore une fois, les Houthi et les pro-Saleh ont utilisé des endroits civils comme lieux de rassemblement et d’installations de stockage de munitions, il est certainement possible qu’ils aient pu exploité ou même provoqué des incidents avec dommages collatéraux pour jeter une image négative sur la coalition. Les forces aériennes impliquées dans la campagne manquent d’expérience pratique nécessaire pour limiter de tels incidents pendant des attaques dynamiques – une compétence qui est nouvelle, même pour les forces aériennes occidentalesles plus avancées. Par exemple, les contrôleurs aériens manquent souvent des capteurs de haute acuité nécessaires pour vérifier les cibles en temps réel, alors que les pilotes dans une formation d’appui aérien rapproché ne transportent pas nécessairement les armes optimales pour frapper le genre de cible qu’ils reçoivent l’ordre d’attaquer à la volée, résultant dans la livraison de munitions surdimensionnées. Les avions d’attaques peuvent aussi manquer de pods spécialisées qui peuvent superposer des anneaux de dommages collatéraux autour de cibles pour indiquer si des civils se trouvent dans la zone d’impact.
Bien que ces facteurs n’excusent pas un grand nombre des graves incidents collatéraux des dommages causés par la campagne aérienne de coalition, ils en expliquent bien d’autres. les Rapports sur la diminution du taux combat-Sortie et bombardement ainsi que les numéros décroissants de dommages collatéraux incidents indiquent que la coalition adapte progressivement ses opérations aériennes pour répondre aux attentes mondiales.
ÉVALUATION DE LA CAMPAGNE
La suprématie aérienne a été un grand atout pour l’effort de guerre de la coalition, permettant l’approvisionnement aérien des forces amies, ravitaillement en vol dans le ciel du Yemen et une couverture aérienne puissante pour les forces terrestres sur un nombre plus large de fronts. Bien que la campagne ne soit pas grande, une moyenne de 150 sorties de combat par jour en 2015, la capacité de la coalition pour soutenir l’effort a été impressionnante, et son taux d’accident – quatre avions de combat à voilure fixe déclarés perdus en un an – a été faible. La rotation constante d’unités pour des tours de services de trois semaines a créé une base large d’expérience de combat dans les forces aériennes de l’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de Bahreïn, du Koweït, du Qatar, du Maroc, de la Jordanie et du Soudan. Pendant ce temps, les États-Unis et d’autres ont fourni des renseignements importants, le ravitaillement en vol, et un soutien logistique pour aider à soutenir les opérations.
La défaut majeur de la campagne aérienne a été jusqu’ici dans le domaine des l’attenuement des dommages collatéraux et dans la communications stratégiques. Le public international a pris l’habitude de recevoir des exposés détaillés sur les opérations aériennes, et l’espace médiatique entourant toute campagne aérienne donnée est, de nos jours, reconnu comme un terrain stratégique vital. Si les Houthis ont en fait fabriqué de toutes pièces des histoires de dommages collatéraux, la coalition devrait charger ses moyens de surveillance d’en fournir les preuves. De même, si la coalition a des images d’explosions secondaires massives qui suggèrent que les Houthi stockent de munitions dans les écoles et les hôpitaux, il faudrait publier de telles preuves. À l’heure actuelle, la coalition sera présumée coupable jusqu’à preuve contraire, et jusqu’à ce que plus de transparence soit incorporé dans les opérations aériennes futures.
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Michael Knights est un Lafer Fellow du Washington Institute.
Traduit par Shaffaf
Gulf Coalition Operations in Yemen (Part 2): The Air War