Selon un sondage Ifop pour Le Figaro, la défiance vis-à-vis de l’islam s’installe des deux côtés du Rhin. Un sentiment qui progresse fortement chez l’électorat de gauche.
La défiance face à la place de l’islam en France, jusque-là perçue comme l’apanage de l’extrême droite et d’une partie de la droite, ou plus récemment comme un marqueur «réactionnaire» dans le débat culturel, est désormais largement et profondément partagée… à gauche. C’est le principal enseignement du sondage Figaro-Ifop qui vient d’être réalisé du 14 au 18 avril 2016. Ainsi, en 2010, 39 % des électeurs du Parti socialiste pensaient que la place de l’islam était «trop importante». Ils sont désormais 52 %.
Ce sondage confirme, après la violente et dramatique année 2015, un rejet global de cette religion en France. Mais cette vague vient de loin car elle apparaissait déjà dans les précédentes enquêtes du même institut qui remontent à 1989. Cette année-là, 33 % des Français étaient par exemple «favorables» à la construction des mosquées, ils sont 13 % aujourd’hui. De même 31 % étaient opposés au port du voile en général, ils sont 63 % en 2016…
Moins puissant en Allemagne, ce phénomène de rejet apparaît toutefois marqué dans un pays traumatisé par les événements du 31 décembre à Cologne. «Alors que ces deux pays ont des histoires de l’immigration très différentes, analyse Jerôme Fourquet, le Directeur du Département Opinion de l’Ifop, cette convergence montre que les défis de ces questions majeures sont posés de manière similaire à toute la société occidentale.»
Pour Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), «ce sondage conforte le sentiment que l’image de l’islam représente un défi majeur pour les citoyens français de confession musulmane.» «Nos concitoyens doivent considérer les Français de confession musulmane comme des citoyens à part entière et non comme des citoyens entièrement à part!, déclare-t-il. Il fut un temps où les musulmans réclamaient peut-être un droit à «la différence». Désormais, les musulmans de France ne réclament qu’un droit à «l’indifférence»!