Abdoul Rahman el-Assir, ex-associé libanais de l’homme d’affaires Ziad Takieddine, visé par un mandat d’arrêt, a été retrouvé en Suisse et entendu par les enquêteurs il y a une dizaine de jours, a indiqué lundi 11 juin une source proche du dossier, confirmant une information de France Info. Il était recherché depuis plus de deux ans dans l’affaire Karachi. Une procédure d’extradition est en cours.
Selon plusieurs témoins, MM. El-Assir et Takieddine ont été imposés en 1994 in extremis dans deux contrats d’armement conclus avec le Pakistan et l’Arabie saoudite par le cabinet de François Léotard, alors ministre de la défense.
BLANCHIMENT AGGRAVÉ
M. El-Assir, qui est visé par un mandat d’arrêt français lancé en novembre 2011, a été entendu le 30 mai en Suisse, où il n’a pas été placé en détention, a-t-on indiqué de source proche du dossier. En Espagne, M. El-Assir est recherché pour une affaire de blanchiment de fonds. Dans l’enquête française, il apparaît comme le bénéficiaire de plusieurs sociétés – Rabor, Mercor et Tesmar – ayant reçu des commissions sur les contrats d’armement conclus pour la vente de frégates avec l’Arabie saoudite et pour la vente de sous-marins au Pakistan.
Introuvable depuis plusieurs années, l’homme d’affaires libano-espagnol, qui a eu des adresses en France, en Espagne et en Suisse, possédait des comptes en Espagne, en Suisse ou au Liechtenstein, en son nom ou au nom de structures offshore, selon l’enquête. Son avocat espagnol avait indiqué en novembre 2011 à la police judiciaire espagnole qu’il était domicilié à Gstaad, en Suisse, selon une pièce du dossier d’instruction consultée par l’AFP.
Les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont effectué il y a plusieurs mois une perquisition à son appartement parisien qui était vide et estimaient un temps qu’il pouvait s’être réfugié en Espagne. Les juges font une hypothèse : des commissions – légales jusqu’en 2000 – générées par deux contrats d’armement scellés en 1994 avec l’Arabie saoudite et le Pakistan pourraient avoir contribué – via des rétrocommissions qui sont, elles, illégales -au financement de la campagne présidentielle de M. Balladur.
Ziad Takieddine, interrogé à de multiples reprises, met en cause son ancien ami et nie catégoriquement les manœuvres frauduleuses autour de retraits d’argent en espèce en Suisse qui lui ont valu une double mise en examen.