Il serait indécent de jouer au rabat-joie et de mépriser l’excitation joyeuse que doivent ressentir les Libanais après avoir touché le fonds du désespoir. Célébrons donc avec eux les promesses d’une paix civile retrouvée et participons à la fête, sans trop pavoiser non plus.
Car, quoiqu’en disent les déclarations faussement contrites qui fusent de partout, il y a bien un vainqueur et un vaincu. La milice de Dieu a gagné, c’est un fait. Son gangstérisme a payé et elle a réussi contre vents et marées à imposer ses conditions sans trop céder en contrepartie.
Mais, ce n’est pas l’heure des bilans, c’est l’heure des célébrations, avions-nous convenu. Alors, ne bridons pas notre plaisir, allons-y gaiement et sans la moindre retenue. Le tintamarre autour de l’accord de Doha ne doit pas occulter un évènement tout aussi considérable. Michel Aoun ne sera pas président de la république. Cela se fête pardi !
Certes, la consolation est maigre, mais ô combien délicieuse. Pour le Général, le coup est dur. Pendant vingt ans, le malheureux a guerroyé sans relâche et a tout essayé: la volte-face et la compromission, la menace et le chantage, le populisme et l’imposture, mais ses efforts sont restés vains et, à son grand désespoir, il voit aujourd’hui ses rêves présidentiels se perdre à jamais dans les limbes des regrets pathétiques.
Nous nous souviendrons longtemps de ses sautes d’humeur et de ses diatribes, de ses tics nerveux et de ses fanfaronnades, de son ego hypertrophié et de ses petits sourires furtifs. Hélas, les bonnes choses ont toujours une fin.
Adieu Picrochole et bon débarras !
* Picrochole: personnage de l’oeuvre de Rabelais, qui est toujours en colère et prêt à guerroyer, et qui forme le projet d’impossibles conquêtes.