Il semble que seulement certaines des 35 fédérations olympiques sont concernées par la demande croissante du COI d’instaurer une bonne gouvernance dans le sport. Les critiques signalent en particulier la Fédération de tir Sportif International (ISSF) pour ses pratiques de gouvernance.
En Octobre 2015, Play The Game avait publié son indice d’observation de gouvernance du sport (SGO). L’indice SGO indique dans quelle mesure les 35 Fédérations olympiques sont conformes aux 36 indicateurs constitués en quatre dimensions de la gouvernance: transparence, processus démocratique, procédures de contrôles et de contrepoids, et solidarité.
Par conséquent, une fédération ayant obtenu le score le plus élevé possible sur tous les indicateurs inclus dans cette enquête pourrait atteindre un indice de SGO de 100%.
L’ISSF a atterrit en bas de cette liste avec un score de seulement 27,3%. Par comparaison, la FIFA, avec tous ses scandales, avait obtenu 67,8%.
Cette semaine, l’ISSF sera à Moscou pour la réunion du Comité exécutif (cet article avait été publié la veille de la réunion de Moscou), du Conseil d’administration et de l’Assemblée générale et peu d’informations semblent être données aux fédérations de tir nationales sur ce que sera l’ordre du jour. Playthegame.org a une information selon laquelle les requêtes d’informations présentées par plusieurs fédérations concernant l’ordre du jour et les budgets, les revenus et la situation financière de l’ISSF n’ont pas reçu de réponses.
Plusieurs sources ont dit a playthegame.org que l’ISSF qui est gérée comme une entreprise familiale par les Schreiber depuis des décennies prépare un changement silencieux de président, du mexicain de 82 ans Olegario Vázquez Raña au milliardaire russe et oligarque Vladimir Lisin, déjà président des Confédérations russe et européenne et vice-président du Comité olympique russe, même si Vázquez Raña a encore deux ans restant à tirer de son mandat. L’ISSF nie ces plans.
Président depuis 1980
Vázquez Raña, qui est un proche allié du président du COI, Thomas Bach, a été élu premier président en 1980 et a été continuellement réélu pour maintenir la même position pendant les 36 dernières années. Son frère aîné Mario, qui est mort en 2015, a également eu beaucoup d’influence au niveau internationale en tant que co-fondateur et président de l’Association des Comités Nationaux Olympiques (ANOC) de 1979 à 2012, entre autres. Si l’Assemblée générale de l’ISSF peut convenir de donner à l’actuel président Olegario un rôle en tant que président honoraire, la route est ouverte pour changer le président avant l’élection ordinaire en 2018.
Il est très probable que le nouveau nom sera celui de Vladimir Lisin, qui a été élu vice-président de l’ISSF il y a seulement deux ans. Un autre candidat possible est l’italien membre du Parlement et vice-président de l’ISSF, Luciano Rossi. Si Vázquez Raña se retire avant la fin de son mandat de quatre ans, ce sera sûrement considéré comme un acte controversé dans certaines fractions de la famille de tir.
élection controversée
Il y a deux ans, Vazquez Raña a battu Sheikh Salman Al-Sabah du Koweït lors d’une élection controversée. Sheikh Salman, un ancien vice-président de l’ISSF, a concouru contre le mexicain à la présidence de l’ISSF à Munich en Décembre 2014. Vazquez Raña a remporté un vote de 165 contre 128 pour prolonger un règne qui a commencé en 1980.
Les modifications proposées dans la constitution
Selon une source proche de playthegame.org, l’Assemblée générale et les autres réunions de l’ISSF de cette semaine auraient du avoir lieu à l’origine à Rio de Janeiro, mais l’emplacement a été changé à Moscou en raison de l’augmentation des coûts des logements qui est due aux prochains Jeux olympiques. Personne ne connait le cout des réunions et des frais d’hébergement qui seront engendrés à Moscou ou qui va payer pour cela. On ne peut que spéculer.
Des sources indiquent qu’il y aura des efforts de faits pour apporter des modifications à la constitution de l’ISSF qui rend plus difficile pour les fédérations nationales de faire des changements à l’ISSF et plus difficile pour eux de contester un futur président de l’ISSF. Les modifications apportées à la constitution de l’ISSF comprendront également le droit au bureau exécutif d’exclure tout membre sans consulter l’Assemblée générale et la mise en place d’un poste de président d’honneur sur mesure pour Vázquez Raña faisant ainsi place à un président intérimaire.
Face à ces spéculations et rumeurs, Le manager chargé de la communication de l’ISSF, Marco Dalla Dea, dit à playthegame.org dans un courriel que:
« Les élections du Président de l’ISSF doivent avoir lieu au sein de l’assemblée générale de l’ISSF de 2018, non pas en 2016 à Moscou. L’ordre du jour de la prochaine Assemblée générale de 2016 ne contient pas l’élément « élection du Président de l’ISSF ». Par conséquent, nous confirmons qu’aucune élection de la sorte ne va avoir lieu à Moscou. Il semble que vous avez reçu de fausses informations de vos sources « .
Les Fédérations Nationales qui avaient demandé des bilans financiers avant l’Assemblée générale avaient reçu comme réponse que ceux-ci seront présentés pendant l’Assemblée générale. Cela empêche les membres de mener une étude détaillée du rapport à l’avance et fournir un avis vérifié lors d’une rencontre à Moscou.
Débat sur le SGO 2015
L’étude de Play The Game de 2015 sur le SGO a été soigneusement remarquée par les fédérations nationales.
Playthegame.org a vu des lettres signées par l’Association Nationale de Tir du Pakistan s’adressant à tous les membres de l’ISSF, les suppliant d’obtenir des réponses à la raison pour laquelle l’ISSF se classe si bas sur l’indice de SGO.
L’Association Nationale du Tir du Pakistan affirme également que l’ISSF n’a rien fait pour répondre aux exigences sur la bonne gouvernance du COI adoptée dans le cadre de l’Agenda 2020 en Décembre 2014 et que ces questions doivent être adressées à l’Assemblée générale à Moscou cette semaine.
En Juin de cette année, le Dr Safe Mohamad, le vice-président de la Fédération de tir africaine, a présenté au Secrétaire général de l’ISSF les résultats de l’étude de SGO, en demandant de lancer des procédures à entreprendre par l’ISSF afin de déterminer les responsabilités, et en demandant à ajouter ce grave problème à l’ordre du jour de l’Assemblée générale à Moscou.
Dans un courriel à Safe Mohamed et un certain nombre de fédérations nationales, le secrétaire général Franz Schreiber a répondu que:
« L’ISSF considère ce document (l’étude SGO 2015) comme une étude erronée qui n’a pas objectivement ou de manière responsable évalué les critères de bonne gouvernance qu’ils ont choisis, au moins à l’égard de l’ISSF. Dans notre réponse du 9 Juin, nous avons insisté sur le fait que «les auteurs de l’étude ont échoué à obtenir les commentaires de l’ISSF avant d’arriver à leurs conclusions». Nous ne savons pas où ils ont obtenu leurs informations sur l’ISSF, mais ils ne les ont pas obtenu de nous. »
« Nous ne pensons pas qu’il soit nécessaire de nommer un autre comité pour analyser ce rapport parce que l’ISSF a déjà effectué une analyse détaillée de l’étude complète. En plus des exemples que nous avons cités dans notre correspondance précédente, notre analyse a révélé de nombreux autres cas où les situations réelles de l’ISSF ne sont pas notés avec précision. Les résultats de cette étude ont été communiqués au Comité exécutif de l’ISSF lors de la dernière rencontre, le 1er Mars 2016. Le Comité exécutif a estimé que les conclusions de l’étude danoise étaient inexactes et fausses, mais a décidé de ne pas poursuivre l’affaire. »
Par la suite, Schreiber écrit à Safe Mohamed que:
« En ce qui concerne votre demande pour les états financiers de l’ISSF, l’ISSF a déjà fourni à toutes les fédérations membres la déclaration 2014 auditée avec les documents de l’Assemblée générale qui ont été envoyés il y a plusieurs semaines. L’ISSF vient de recevoir une copie traduite de la déclaration 2015 et il la fournira à toutes les fédérations lors de votre arrivée à l’Assemblée générale. »
L’ISSF répond playthegame.org:
En réponse à des questions directes adressées au Secrétaire général Franz Schreiber sur les prétendus informations inexactes et fausses dans le rapport SGO 2015, le manager de la communication de l’ISSF, Marco Dalla Dea, répond au nom de Schreiber:
« … L’ISSF a en effet identifié certaines hypothèses erronées sur lesquelles les scores de SGO de l’ISSF ont été fondés:
En ce qui concerne l’indicateur 3.2 du SGO 2015,l’ étude indique que les comptes de l’ISSF ne sont pas audités. Cela est inexact. […] Les rapports de l’audit sont présentés et approuvés par les membres de l’ISSF au sein des assemblées générales de l’ISSF et publiés par la suite.
En ce qui concerne l’indicateur 4.5 du SGO 2015, l’étude indique que l’ISSF ne propose aucune forme de conseil aux fédérations membres dans les domaines de l’organisation et de la gestion. Cependant, depuis 13 ans, l’ISSF organise des ateliers pour les fédérations nationales sur l’organisation des fédérations nationales, y compris l’éducation, et entre autres sur les règlements anti-dopage, etc. […]
En outre, l’ISSF a approuvé plus tôt cette année un code de déontologie révisé contenant également de nouvelles règles sur les conflits d’intérêts, la corruption, etc. »
Play The Game campe sur ses positions
Play The Game confirme que l’ISSF n’a pas fourni d’information pour l’étude SGO 2015. Cependant, Play The Game tient à ses conclusions générales sur l’ISSF, explique le directeur international Jens Sejer Andersen:
« Comme la totalité des 34 fédérations olympiques internationales, l’ISSF a été invité à fournir des données et a faire des commentaires sur les résultats de nos recherches. Quelques fédérations ont répondu aux courriels et aux lettres que nous leur avons envoyé, mais malheureusement, l’ISSF a choisi de ne pas donner suite. Nous espérons qu’ils soient plus coopératifs quand nous effectuerons nos prochaines analyses au cours des deux prochaines années « .
aselliaas@gmail.com