L’avocate Souheïr AL ATASSI est soumise en ce moment à d’extrêmes pressions de la part des services syriens de renseignements, qui veulent qu’elle ferme le « Forum Al Atassi pour le Dialogue Démocratique » ouvert par elle sur le site « Face Book » pour remplacer les réunions de ce forum public ouvert à tous, interdites depuis 2005.
L’intéressée a déjà été convoquée par trois fois par la Sécurité d’Etat (Renseignements Généraux). Sa carte d’identité lui a été confisquée. Elle a été menacée d’être jetée en prison pour au minimum deux ans et demi.
Selon l’activiste Maladh OMRAN, Souheïr AL ATASSI a été convoquée une quatrième fois, mais elle a refusé de répondre à cette nouvelle invitation des moukhabarat, indiquant qu’elle « ne se soumettrait plus à leurs humiliations et aux longues d’attente qu’ils lui imposaient, car ils avaient déjà obtenu tout ce qu’elle savait. Ils avaient le choix entre lui rendre sa carte d’identité ou venir la chercher chez elle pour l’arrêter. Sa valise était déjà prête pour l’accompagner en prison ».
Depuis sa réouverture sur « Face Book », le « Forum Al Atassi » a soumis aux débats 6 thèmes différents portant tous sur la situation intérieure en Syrie. Les plus remarqués ont concerné « la jeunesse syrienne et la participation à la vie publique », et « la lutte non violente » rédigé par le journaliste syrien Ahmed Mawloud TAYYAR. Le dernier sujet, proposé par le journaliste Hassan CHAMS, depuis le Golan syrien occupé, s’intitulait : « Obsessions du Golan : l’exemple du drame des réfugiés ». Il y rapportait sa propre expérience et dénonçait l’insuffisance d’intérêt accordé à la situation des réfugiés par les autorités syriennes. Souheïr AL ATASSI a été particulièrement interrogée par les moukhabarat sur les commentaires laissés par elle sur ce papier, de même que sur un papier précédant qui concernait les Kurdes.
Depuis sa résidence, dans le Golan occupé, Hassan CHAMS a déclaré, en insistant pour que l’intégralité de ses propos soient rapportés, que « les autorités syriennes devraient avoir honte d’elles-mêmes et de leur comportement. Ce que j’ai dit jadis et ce que je continue de dire aujourd’hui de l’occupation israélienne dépasse infiniment ce que j’ai écrit du régime totalitaire qui gouverne mon pays, la Syrie. Bien que ces deux régimes soient aussi mauvais l’un que l’autre, je n’ai jamais été convoqué une seule fois par les Israéliens. Je suis sorti d’Israël par un aéroport sans avoir été ni humilié, ni insulté. Je n’ai jamais reçu sur mon téléphone portable le moindre message d’intimidation de la part des forces d’occupation, comme le fait en Syrie le « régime de l’obstruction » (moumâna’a). Au lieu d’importuner Souheïr AL ATASSI pour ses réactions à mon papier, le régime aurait dû discuter ce qui s’y trouvait mentionné et répondre aux questions posées. Il devrait avoir honte : après la destructions des radars syriens sur le col du Baydar, le bombardement du camp de Aïn Saheb, l’attaque contre le site d’al Kibar, le survol des villes syriennes et du palais de la présidence…, il répond en proposant aux Israéliens des négociations. Au même moment, il répond au peuple syrien pacifique par la répression, le terrorisme, la brutalité, les convocations et les arrestations. J’ai parlé à Souheïr AL ATASSI samedi (6 mars). Elle est convaincue de ce qu’elle fait. Elle est résolue à refuser les dictées du régime, à se soumettre et à fermer le Forum sur Internet. Elle a bouclé sa valise personnelle et elle est prête, avec force et fierté, à quitter la grande prison pour être enfermée dans la petite prison. Le crime de Souheïr AL ATASSI, c’est de vouloir une patrie libre qui lui convienne à elle et qui nous convienne à nous, un pays qui ne ressemble pas à ce qu’en fait la bande qui le gouverne actuellement. La dernière chose qu’elle m’ait dite, c’est de ne pas avoir peur pour elle ».
(Levant News, 08.03.10)