Se pensant intouchable, Rafic Hariri a, jusqu’au bout, ignoré les avertissements.
JEAN-PIERRE PERRIN
C’est l’histoire d’un assassinat sinon annoncé du moins pressenti. Même si Paris, Londres et Washington ont feint la surprise lorsqu’il est survenu, les milieux «concernés» dans ces trois capitales avaient bel et bien été avertis d’une possibilité d’attentat visant l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et vraisemblablement commandité par Damas. Si le premier magistrat chargé de l’enquête, l’Allemand Detlev Mehlis, avait clairement pointé du doigt les Syriens, ses successeurs se sont montrés plus prudents, accumulant les indices sur leur implication dans l’attentat tout en évitant les fuites en direction des médias.
Une semaine avant sa mort, l’intéressé lui-même avait été mis en garde par Jacques Chirac. C’était le dimanche 6 février 2005. En l’accompagnant sur le perron de l’Elysée, l’ex-président français avait déclaré à son hôte : «Rafic, je n’ai pas d’informations, mais il faut être prudent.» Réponse de l’intéressé : «C’est trop gros ! Ils [les Syriens, ndlr]n’oseront jamais.»