Ce ne sera pas une vraie conférence, mais une rencontre informelle. Sa durée sera réduite à deux jours, au lieu des trois initialement prévus. N’y participeront que les « numéros deux » de chacun des courants représentés. Renouer les fils du dialogue interlibanais est une entreprise trop sensible pour que l’on se risque à brûler les étapes.
Du huis clos de La Celle-Saint-Cloud, aujourd’hui et demain, on ne peut espérer qu’une seule chose : qu’il soit le prélude à d’autres réunions au Liban en vue de rétablir un consensus minimal permettant au gouvernement de gouverner et au Parlement de se réunir.
Depuis novembre dernier, avec la démission des ministres de l’opposition, le pays du Cèdre est confronté à un blocage de ses institutions. Le gouvernement antisyrien de Fouad Siniora est soutenu par les États-Unis et les Européens, mais il est boycotté par l’opposition conduite par le Hezbollah, qui est, lui, appuyé par l’Iran et la Syrie.
Le risque est grand, si une issue n’est pas trouvée, de voir se former deux gouvernements antagonistes et, du coup, d’enclencher une dynamique menant à une nouvelle guerre civile dont personne ne veut.
La crise, déjà vieille de huit mois, ne peut pas durer indéfiniment. L’élection par le Parlement, à partir du 25 septembre, d’un nouveau président de la République constitue une date qui ajoute au sentiment d’urgence. Pour préserver les institutions, un successeur, nécessairement chrétien, doit être trouvé à Émile Lahoud, dont le mandat avait été renouvelé en 2004 sur injonction de la Syrie. De part et d’autre, il faudra faire des concessions. Qu’il s’agisse du tribunal « à caractère international » appelé à juger les auteurs de l’assassinat du premier ministre Rafic Hariri ou bien de la préparation d’une réforme de la loi électorale, sans parler de la composition d’un nouveau gouvernement d’union nationale, les sujets ne manqueront pas.
Le fait même que la réunion ait lieu montre que la France a un rôle à jouer, même s’il est vital de laisser les Libanais décider entre eux de leur avenir. D’où la prudence de nos diplomates et le soin mis à réduire la portée de l’exercice de La Celle-Saint-Cloud.
Une chose est sûre : la participation de tous est indispensable pour que le dialogue ait un sens. La présence du Hezbollah ne vaut pas approbation de sa politique, mais constitue un gage du sérieux de la volonté de la France d’aider le Liban à résoudre ses problèmes.
Le contexte régional est plus positif qu’on ne le croit. L’entrée en scène de forces liées à al-Qaida, au camp de Nahr el-Bared, comme lors de l’attentat contre la Finul, suscite un réflexe de solidarité interlibanais tandis que Téhéran prend ses distances avec les tentatives syriennes de déstabilisation du Liban.
Entre l’Arabie saoudite, qui joue de son influence auprès des sunnites, l’Iran, qui en fait de même avec les chiites, et la France, interlocuteur privilégié du camp chrétien, un partage des rôles est en train de se dessiner. Fragile et incertain, mais peut-être porteur d’espoir.
Le Figaro